Etat du marché de l’assurance en APAC
L’Asie Pacifique (APAC), qualifiée de « locomotive mondiale de l’assurance », est vue comme la terre promise par les assureurs en quête de nouvelles sources de profit. Alors que la collecte mondiale ralentie (+1,5% en 2017 versus +2.2% en 2016) toute branche confondue, les marchés émergents asiatiques, principalement la Chine, continuent et seront les principaux relais de croissance.
Environnement économique
De manière générale, une forte progression des économies asiatiques est attendue dans les années à venir, avec l’irruption de l’Inde au 5ème rang mondial des puissances économiques. La Corée du Sud et l’Indonésie seront dans le Top 10 d’ici 2032, la Thaïlande, les Philippines et le Pakistan dans le Top 25. Les prévisions positionnent même la Chine comme n°1 devant les Etats-Unis (étude produite par le Centre for Economics and Business Research en décembre 2017).
Deux zones se distinguent en APAC : les pays matures tels que le Japon et les pays émergents tels que la Chine, l’Inde, l’Indonésie.
- Le marché assurantiel dans les pays matures est relativement saturé. Les faibles taux d’intérêt, le ralentissement de la croissance, la stagnation des salaires rendent les produits d’assurance vie moins attractifs. Par exemple, au Japon, le rallongement de l’espérance de vie retarde l’achat d’une assurance vie.
- Dans les pays émergents, la demande en produit d’épargne et d’assurance est dopée par plusieurs facteurs :
- Un revenu global des particuliers et des entreprises en progression, se caractérisant par une hausse du pouvoir d’achat et de l’épargne
- Un vieillissement rapide de la population accompagnée d’un faible taux de natalité. 1/3 de la population mondiale de plus 65 ans sera en Asie.
- Une urbanisation rapide des pays et une préoccupation croissante sur les sujets de santé (pollution, habitudes alimentaires, bien-être…)
Quelques chiffres clés du secteur de l’assurance
La Chine est le 2ème marché de l’assurance vie au monde après les Etats-Unis et représente plus de 50% des primes émises dans les pays émergents asiatiques.
Le taux de pénétration de l’assurance est inégal entre les pays émergents et les pays matures asiatiques, mais incontestablement en hausse partout en APAC. En 1960, la part de l’APAC dans la collecte des primes était de 5% comparé à 22% en 2017.
Le budget par foyer est quant à lui très faible dans les pays émergents asiatiques.
En ce qui concerne les prévisions de croissance du marché assurantiel en APAC à court terme, selon une étude Munich RE :
Ainsi, dans les pays plus matures, les prévisions de croissance court terme restent modérées. L’évolution du marché de l’assurance devrait suivre l’évolution du PIB.
A contrario, dans les pays émergents asiatiques, la croissance à court terme continue à être très forte, principalement portée par la Chine, suivie de l’Inde et l’Indonésie. Une légère décélération de la croissance chinoise est anticipée par les analystes, mais la croissance reste toujours solide. C’est dans les pays émergents, à faible taux de pénétration, qu’est attendue la plus forte performance pour le secteur assurantiel.
A horizon 2030, les taux de croissance continueront à être très forts avec plus de 9% sur l’IARD et plus de 10% sur le segment VIE dans la région APAC. Il est attendu également que la Chine contribue à elle seule à un tiers de l’augmentation de la collecte des primes au niveau mondial entre 2017 et 2030. Les analyses ne s’accordent pas toutes entre elles, mais il se pourrait bien que la Chine rafle aux Etats-Unis la 1ère place du secteur de l’assurance monde.
Les tendances
Plus d’ouverture aux capitaux étrangers et une évolution de la réglementation :
Le marché assurantiel asiatique est très concentré autour d’acteurs locaux de l’assurance historiquement reconnus par les populations. Les acteurs étrangers rencontrent des difficultés pour se faire une place.
Certains régulateurs s’imposent pour tenter de contrôler les phénomènes de concentration des parts de marché par les entreprises locales, notamment en chine avec la Commission Chinoise de Régulation des Assurances. Elle a pour mission d’alléger les contraintes rencontrées par les acteurs étrangers. Deux buts à cela : favoriser les investissements étrangers dans le pays, mais aussi faire progresser le taux de pénétration de l’assurance dans certaines régions encore peu détentrices de produits.
Vers un accroissement des modèles de micro assurance :
Ce modèle est particulièrement prometteur, avec un potentiel de 40 millions de personnes, dans les régions regroupant les populations les plus pauvres (comme par exemple certaines régions de l’Inde ou de la Chine), ainsi que pour les classes moyennes émergentes, leur offrant la possibilité d’une protection low-cost.
Les facteurs favorables à cette tendance sont simples : un manque global de protection sociale sur cette population, combiné à la démocratisation des smartphones et des réseaux 4G qui permettent de souscrire à des polices d’assurance au travers d’applications mobiles de manière rapide, personnalisée et sécurisée.
Une émergence des Insurtech poussée par l’évolution des technologies et des Hubs :
Plusieurs places asiatiques sont actives dans le développement technologique assurantiel, Singapour et Hong Kong cherchant à se positionner en tête de pont des Hubs de la FinTech en Asie Pacifique. Ces deux derniers hubs favorisent l’émergence de nouveaux modèles et permettent de repenser les offres d’assurance en proposant un cadre réglementaire stable, des besoins clients matures et un accès aux marchés internationaux de capitaux. Par exemple, à Singapore, l’autorité des marchés (MAS) a créé une sandbox permettant aux Insurtech de tester leur technologie sans nécessité de s’adapter à la réglementation locale.
source: Willis Towers Watson study
L’intelligence artificielle est pour beaucoup d’insurtechs et d’acteurs historiques de l’assurance un moyen d’automatiser et améliorer les processus, ainsi que fidéliser les clients en leur apportant une aide personnalisée. Alibaba, suite à son rachat de la MassMutual Asia en 2017, ambitionne d’y intégrer des solutions de robot advisor et data analytics.
Quant à la blockchain, elle est vue comme une opportunité pour réduire le risque et les coûts. Par exemple, Alibaba entend utiliser cette technologie dans la santé au travers de la startup qu’il a créé, Zhong An.
La santé, un secteur prometteur pour l’assurance
Les besoins sont énormes et peu de produits sont proposés. Par ailleurs, le marché des applications mobiles santé (mHealth ou mhealthcare) devrait croître significativement dans les années à venir.
Une des tendances les plus marquantes en Asie est le phénomène de connectivité s’instaurant autour du parcours de soin des patients. Le cas de la startup CareVoice est révélateur de ce mouvement. Cette plateforme, catégorisée comme un « réseau social de la santé », met en relation différents acteurs du parcours de soin des patients pour favoriser le partage d’expérience. Les assureurs tentent de tirer parti de cette tendance pour conquérir de nouvelles cibles (Axa, Ping’An ou encore Chubb ont multiplié par 10 la souscription à leurs produits) mais aussi réduire les coûts. En mai dernier, Carevoice a lancé un assistant virtuel vocal aidant les utilisateurs à vérifier leurs symptômes et les orienter vers les bons spécialistes, évitant ainsi des consultations inutiles.
Les produits de cyber assurance, gagnent de l’intérêt
Les cyber attaques telles que WannaCry and Petya ont alerté la place asiatique. En réponse, plusieurs amendements ou projets de loi ont vu le jour quant à la protection des données : China’s Cyber Security Law, Japan’s Act sur la protection des données personnelles, l’implementation de la Philippines’ Data Privacy Act of 2012…
Une hausse de la demande des produits de cyber assurance s’est déjà fait sentir. Quelques offres existent sur le marché proposées par AIG, Chubb, Allianz, mais elles seront très certainement challengées par de nouvelles et innovantes cyber offres dès cette année.