L’année 2018, comme l’année 2017, sera marquée par une hausse des tarifs d’assurance. Une reprise, qui arrive après 3 années d’une relative stagnation, en raison notamment de l’entrée en vigueur de la loi Hamon en 2015. Pour rappel, cette loi a rendu possible la résiliation infra-annuelle des contrats d’assurance. En conséquence, les assureurs ont modéré leurs hausses afin d’éviter de perdre leurs clients.

En 2018, ces évolutions concerneront principalement les assurances auto et habitation, avec des augmentations situées entre 2 et 3% en auto et entre 1 et 2% en habitation selon Fact & Figures (Cabinet spécialisé dans le management en assurance et protection sociale). De son côté, le courtier en crédit Meilleurtaux.com table sur des hausses de 3 à 4% en auto et de 2 à 3 % en MRH. Des tendances à la hausse qui se sont confirmées avec les annonces des différents acteurs du secteur.

Des augmentations plus fortes que l’inflation

Chaque fin d’année, c’est l’occasion pour les compagnies d’assurance de communiquer sur leurs tendances tarifaires pour l’année suivante. L’année dernière, la Maif (4ème assureur en France) a été la première à communiquer dans son magazine « Maif Social Club », sur la décision de réévaluation de certaines de ses cotisations : + 2% en auto et +1,2% en habitation.

Cependant, les assureurs et leurs produits ne seront pas tous concernés de la même façon par ces augmentations. Par exemple, la MACSF a prévu de relever ses tarifs de 5% en habitation, de geler ses tarifs en auto sur les primes existantes et d’augmenter de 2% la prime sur les nouveaux contrats. De son côté, la Matmut a prévu de relever de 2,7% ses tarifs en auto et de geler la partie habitation. Enfin, Allianz France a indiqué que ses tarifs augmenteront de plus de 3% en habitation et ne s’est pas prononcée sur la partie auto.

Les raisons de ces augmentations

Les raisons de ces augmentations sont différentes d’un produit à un autre.

Pour l’assurance auto, c’est l’augmentation des risques d’accidents sur les routes avec d’une part les dommages corporels et d’autre part les dommages matériels

Les montants des indemnisations sont de plus en plus importants, ce qui signifie une augmentation de la gravité des blessures des victimes et se traduit par un coût conséquent pour les assureurs.

Cette année, cette hausse s’explique surtout par le coût croissant des réparations. En effet, la sophistication des véhicules est toujours plus poussée, entraînant des réparations plus complexes. Les véhicules d’aujourd’hui embarquent des composants à forte teneur technologique, et les pièces détachées à remplacer accroissent le coût des réparations. Et ce, d’autant plus dans un environnement climatique défavorable : inondations et tempêtes sont les causes de nombreux sinistres auto.

Du côté de l’assurance habitation, c’est la multiplication des risques naturels et l’augmentation du « petit risque ».

L’année 2017 a été particulièrement marquée par les catastrophes naturelles avec notamment de fortes tempêtes, incendies et inondations, des phénomènes qui alourdissent les coûts des dommages liés aux aléas climatiques. Cette tendance devrait se confirmer, et même doubler d’ici 2040, impactant fortement les factures des clients, selon la Fédération Française des Assurances (FFA).

A cela s’ajoute les dégâts des eaux, les petits incendies et tous les autres petits problèmes liés à l’entretien des habitations. Cette catégorie reconnue sous le nom du « petit risque » est en augmentation en raison des nouvelles préoccupations liées à la conjoncture économique, pouvant parfois conduire les consommateurs à négliger l’entretien de leur habitation, pourtant essentiel.

L’indice de la Fédération française du bâtiment (FBB), anciennement « Fédération Nationale du Bâtiment » (FNB) est réévalué chaque trimestre et impact également le calcul des cotisations.

Enfin, tous les contrats auto et habitation sont soumis à la hausse continue de la contribution aux fonds d’aide aux victimes via une taxe décidée par l’Etat, « taxe terrorisme » décidée par l’Etat à la suite des attaques terroristes ces dernières années.

Dans un secteur où la concurrence devient de plus en plus rude, les assureurs sont plus que jamais confrontés à une vraie problématique : la fidélisation.

Les impacts de ces augmentations sur la relation client

Aujourd’hui, les assureurs appliquent une tarification segmentée en se basant sur les comportements et le niveau de risque représentés par leurs clients. Ce premier pas vers la segmentation des clients permet aux assureurs d’adapter leur tarification aux « profils à risque » et de contenir les hausses pour les « profils peu risqués ». Certaines compagnies ont d’ores et déjà appliqué le principe du « pay how you drive » et proposent des offres à l’image du concept américain pour récompenser les bons conducteurs.

Malgré ces initiatives, les assureurs ne semblent pas pour autant répondre totalement aux attentes des clients. En 2017 selon LeLynx.fr, les Français ont été nombreux à se tourner vers les comparateurs d’assurance afin de baisser leur facture : 18 000 devis réalisés par jour, dont 12 000 pour l’assurance auto. De plus, grâce à Loi Hamon, la résiliation est devenue possible à tout moment après 12 mois de contrat, un dispositif encourageant à la résiliation, et une vraie opportunité pour les « bons profils » qui peuvent voir leur facture augmenter année après année à la suite des réévaluations tarifaires appliquées par leurs assureurs.

Dans un secteur où la concurrence devient de plus en plus rude et où la fidélité n’est pas récompensée à son juste prix, les assureurs sont plus que jamais confrontés à une vraie problématique de fidélisation. Pour les années à venir, seuls les assureurs ayant la volonté de remettre en cause les anciennes croyances et les idées reçues ainsi que la capacité à bâtir une stratégie cross canal solide, pourront garantir leur place sur le marché. Ainsi, ils pourront mieux répondre aux exigences de leur clientèle, et même conquérir de nouveaux clients.