L’année 2017 ne sera pas indolore pour le budget des Français : de nombreux acteurs de l’assurance ont décidé d’augmenter leurs tarifs après une année considérée comme mauvaise à bien des égards. Signe qui ne trompe pas, les assureurs ne se bousculent pas pour communiquer sur le sujet. Néanmoins, tous les produits ne sont pas touchés de la même façon par ces majorations.

Assurances Auto, MRH et complémentaires santé : les premières concernées par la hausse des tarifs

En assurance automobile, les cotisations ont progressé au 1er janvier en moyenne de 1,5 %, une hausse un peu plus marquée qu’en 2016, mais qui reste somme toute mesurée. En effet, en plus d’utiliser l’assurance auto comme produit d’appel, les assureurs sont soumis à la loi Hamon qui facilite les résiliations et les incite donc à ménager leur politique tarifaire. Selon les politiques commerciales des compagnies, ces hausses ne sont pas du même niveau. Chez Swiss Life, elles sont ainsi inférieures à 1 % en moyenne, contre +2,5% en moyenne pour la Filia-Maif. Certains clients auront même de bonnes surprises. Le courtier grossiste ECA Assurances, par exemple, a pu geler ses tarifs cette année grâce à une sélection stricte et une tarification adaptée aux profils de risques.

Du côté des primes d’assurances habitation (MRH), les majorations seront encore cette année plus importantes qu’en auto, avec une hausse située entre 1 % et 4 % en moyenne.

Enfin, les tarifs des complémentaires santé vont aussi augmenter en 2017. D’après les données compilées par Les Echos, l’augmentation moyenne pour les contrats individuels sera de 2% à 4%. Generali, Swiss Life, Prévifrance, MACSF…presque tout le monde est concerné. Seul la Macif se serait engagée à baisser ses tarifs pour 40% de son portefeuille individuel. Pour les contrats collectifs, les majorations seront comprises entre 3% et 5%, avec par exemple une augmentation moyenne des cotisations pour les entreprises de 4% chez Allianz.

Quelles motivations derrière ces majorations de tarifs d’assurance?

Une sinistralité en hausse

En premier lieu, c’est la hausse du montant des sinistres à dédommager en 2016 qui est venue impacter négativement le taux de sinistralité des assureurs. En auto, ce renchérissement est significatif, et s’élève à environ 2 %. Les dommages corporels sont en première ligne, avec une fréquence en hausse de 3% et un coût moyen en hausse de 5% en 2016. En cause, les décisions d’indemnisation par les tribunaux de plus en plus importantes et sur des postes de préjudice qui se multiplient. Ainsi, seuls les acteurs qui ont enregistré peu d’accidents graves en 2016 comme Swiss Life Assurances de Biens ont pu limiter la majoration de leurs prix.

Côté MRH, un seul épisode climatique a suffi pour plomber les résultats. Les inondations de la fin mai et du début juin ont pesé lourd auprès des assureurs, qui doivent procéder à un rattrapage sur un risque largement sous-tarifé. Il manque en effet 20% de primes sur le marché pour être à l’équilibre, malgré les hausses des prix continues qui ne suffisent pas à compenser une sinistralité climatique toujours plus importante. L’année 2016 reste ainsi marquée par une recrudescence des catastrophes naturelles dans le monde, en fréquence comme en coûts.

De la même manière, les augmentations des prix des contrats individuels et collectifs de complémentaires santé s’expliquent par la hausse tendancielle des dépenses de santé. Les nouveaux tarifs intègrent par exemple le passage de 23 à 25€ du prix de la consultation chez le médecin généraliste à partir du 1er mai 2017. En parallèle, la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise pourrait avoir des effets négatifs en provoquant un effet d’aubaine auprès des clients jusqu’ici moins bien couverts par leurs contrats individuels. La généralisation de ces contrats collectifs, moins rentables que les contrats individuels, contraint les assureurs à augmenter leurs prix.

 

Une règlementation contraignante

En second lieu, de nouvelles contraintes réglementaires sont venues augmenter les dépenses des assureurs.  L’augmentation des résiliations sous l’effet de la loi Hamon (environ 1 point de plus en 2016) entraîne la hausse des coûts d’acquisition de nouvelles affaires, répercutée sur les chargements. Si des plans ambitieux de réduction des dépenses se multiplient sur le marché, ils ne peuvent être mis en œuvre que progressivement, d’où des répercussions marginales d’une année à l’autre. Par ailleurs, deux taxes ont connu au 1er janvier une hausse significative, répercutée sur les tarifs. La première concerne l’augmentation de la contribution annuelle au FGTI (dite « taxe attentat ») de 4,30 à 5,90€, au titre de l’indemnisation des victimes des actes de terrorisme. La seconde relève de la garantie de protection juridique (PJ), dont le taux de la taxe spéciale sur les contrats d’assurance (TSCA) passera de 12,5 % à 13,4 %. Cette disposition avait été adoptée dans la loi de Finances 2016 au titre du financement de l’aide juridictionnelle en France.

 

Un contexte économique peu favorable

Enfin, le contexte économique du pays pèse sur les assureurs, avec des taux bas qui viennent mécaniquement revaloriser les provisions à constituer en vue du versement des rentes futures aux victimes d’accidents. Celles-ci étant placées, elles sont calculées par rapport à une perspective de rendement futur. Si les taux baissent, il faut donc épargner davantage. Cette augmentation des provisions faites par les assureurs ne peut être absorbée qu’en revalorisant leurs tarifs. La Maif va ainsi devoir compléter ses provisions à hauteur de 50 millions d’euros cette année. Pour la même raison, les complémentaires santé ne peuvent plus compenser la perte de rentabilité de leurs contrats par de nouveaux placements financiers, d’où la nécessité d’augmenter leurs tarifs. En parallèle, la reprise de l’inflation vient exacerber la hausse du coût de la sinistralité, imposant là encore aux assureurs de revoir leurs tarifs à la hausse.

Tandis que la conjonction d’une pression économique, réglementaire et la recrudescence des sinistres a contraint de nombreux assureurs à augmenter leurs prix cette année, il est d’autant plus important pour eux de trouver de nouveaux axes de différenciation pour continuer à se développer sur le marché.