Le 3 novembre dernier, April a dévoilé à Dakar le lancement de ses activités en Afrique de l’Ouest. Après deux ans de test, son offre d’assurance aux particuliers est désormais disponible au Sénégal, et sera étendue à d’autres pays de la zone CIMA dans les années à venir. Pour conquérir ce marché très attractif, avec un taux de pénétration de l’assurance inférieur à 1%, April a développé une offre adaptée aux besoins locaux, qui pourrait bouleverser le marché traditionnel.

L’offre d’April sur le marché sénégalais repose sur la conception de produits innovants

Afin d’élaborer une offre adaptée au marché, tant en termes de produit d’assurance que de mode de distribution, April a mené une étude de marché approfondie auprès des acteurs locaux de l’assurance et des distributeurs. Cette étude a permis de définir une stratégie reposant sur des innovations de produits classiques et des canaux de distribution variés.

April a ainsi choisi de limiter son catalogue à deux offres innovantes destinées aux particuliers. La première est une assurance automobile alliant responsabilité civile et assistance 24h/24 du véhicule et des passagers, garantissant un remboursement des frais sous 48h en cas de non-responsabilité; la seconde consiste à proposer une assurance aux touristes d’Afrique de l’Ouest voyageant dans l’espace Schengen. Le choix de ces deux produits d’assurance n’est pas inopiné. En effet, l’assurance automobile est obligatoire au Sénégal afin de couvrir la responsabilité civile du conducteur ; il y a donc un véritable besoin de ce type de produit. L’assurance Schengen est elle aussi un produit adapté aux besoins du marché, car une assurance santé est une condition nécessaire à l’obtention d’un visa pour les ressortissants sénégalais souhaitant se rendre dans l’espace Schengen.

April mise sur un réseau de distribution solide pour conquérir le marché

Au-delà des seuls produits d’assurance, le succès d’April dépendra principalement de l’accessibilité de ses offres. Une attention particulière a ainsi été portée au développement de multiples canaux de distribution. April peut ainsi compter sur un réseau de 500 points de vente variés, allant des courtiers locaux aux agences de voyage, banques ou organismes de micro-crédit. Le courtier a également noué quelques partenariats majeurs. Le premier reste dans le monde traditionnel de l’assurance avec Zunu Assurances, le leader de l’assurance-vie en zone CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances, qui regroupe les acteurs de l’assurance de 14 pays Africains). Un deuxième partenariat d’envergure a été développé avec Total, qui proposera l’assurance automobile d’April dans son réseau de stations-services. Les deux autres partenariats notables concernent la banque UBA, l’une des principales banques d’Afrique, ainsi que le site Afrimarket spécialisé dans le cash-to-goods (transfert d’argent sous forme de bons d’achat à dépenser dans un catalogue de produits et services). Ces partenariats garantissent ainsi à April une large visibilité auprès des potentiels assurés, qui est indispensable pour s’imposer face aux acteurs en place.

Le business model d’April peut-il bouleverser le marché sénégalais ?

Pour s’insérer sur le marché sénégalais, April a choisi un positionnement de courtier grossiste, qui conçoit des produits innovants et les distribue par un réseau d’intermédiaires. Le risque n’est pas porté par April mais par des assureurs partenaires. En s’affranchissant du portage de risques, April peut ainsi se focaliser sur ses expertises et notamment sur les services et l’accompagnement des distributeurs, aussi bien en gestion des sinistres qu’en développement commercial, conformité ou marketing.

L’arrivée d’April pourrait bien transformer le marché sénégalais de l’assurance. Le premier impact à prévoir est certainement sur les prix. April propose ainsi plusieurs packs dans son offre automobile, qui offrent des niveaux de garanties différents pour s’adapter à tous les budgets. De plus, il sera possible de souscrire à un abonnement allant d’une durée d’un mois à un an, afin d’offrir plus de flexibilité aux assurés. Les acteurs traditionnels et notamment les petits courtiers locaux qui ne disposent pas de la même force de frappe devront donc adapter leurs offres et leurs tarifs pour résister face à ce sérieux concurrent.