Dans un souci de diversification et après une première incursion dans le domaine de la santé, Google s’intéresse de plus en plus à ce secteur d’activité, et semble vouloir en devenir un acteur important. Cela se matérialise à travers des partenariats avec des pure player de la santé, le rachat de start-up, ou encore le développement en interne de solutions innovantes. Le géant d’internet n’est cependant pas la seule compagnie technologique à s’incruster dans ce créneau. Ses voisines de la Silicon Valley, notamment Apple, IBM, et plus récemment Facebook l’y ont rejoint. Assistons-nous au début d’une révolution qui changera profondément les comportements en matière de santé, et d’une manière plus générale ce secteur d’activité ?

Google, à l’avant-garde dans le domaine de la santé…

Depuis plusieurs mois, l’entreprise américaine engage des sommes importantes en vue de devenir un acteur de la médecine, même si l’entreprise rapporte que ces investissements sont minimes par rapport à son cœur de métier.

En lançant il y a tout juste un an, Calico, société de biotechnologies, Google a montré son désir de s’attaquer au « défi du vieillissement et des maladies associées ». Dirigée par Art Livinson, ancien PDG de la société Genentech, chimiste connu pour avoir mis au point l’insuline humaine en 1982, Calico a pour but ultime d’améliorer la recherche médicale afin d’augmenter la durée de vie. Cela consistera à utiliser le traitement des données relatives aux maladies liées à l’âge, et passera par des analyses sur des cellules souches, sur des constituants du sang, ou sur la génétique. À travers cette entreprise, Google semble vouloir combattre la mort.

Avec Baseline Study, l’entreprise californienne s’immisce encore plus dans le domaine de la santé. Au sein de Google X, son laboratoire d’expérimentation, Google a mis en place ce projet dont le but est de pouvoir détecter de manière plus précise les éléments déclencheurs de maladies mortelles. Dirigée par le Dr Andrew Conrad, spécialiste de la biologie moléculaire, l’étude consiste à collecter1 le maximum de données génétiques et moléculaires auprès de personnes volontaires et en bonne santé, en vue de savoir prévenir plutôt que de guérir les maladies graves, tel que les cancers ou les crises cardiaques. Là encore, le géant de l’internet montre sa volonté d’accroître grandement l’espérance de vie des personnes.

Baseline Study s’inscrit dans la même logique que 23andMe et Flatiron. La première, entreprise au sein de laquelle Google est actionnaire, fondée par Anne Wojcicki, ex-épouse de Sergey Brin, fondateur de Google, effectue des analyses génomiques, en vue de pousser plus loin le dépistage de maladies génétiques et les modifications de l’ADN. La seconde, start-up ayant levé 130 millions de dollars auprès de Google, vise à développer le savoir en matière de cancer, en rassemblant le maximum de données auprès de patients malades, et créer ainsi une sorte de big data de la cancérologie.

Google ne s’arrête pas là : en s’associant au groupe Novartis, la compagnie américaine a manifesté son intention de développer des lentilles de contact capables de mesurer en temps réel la glycémie présente dans le sang.

Toujours dans le domaine de la santé, mais cette fois dans un registre très innovant, Ray Kurzweil, directeur de l’ingénierie chez Google, prédit l’existence d’ici à horizon une vingtaine d’années de nano robots branchés sur nos neurones et nous permettant de nous connecter sur internet, ou alors l’émergence d’une véritable intelligence artificielle dotée d’une conscience.

…Cependant, votre futur médecin traitant ne s’appelle pas… Dr Google

Avec toutes ces initiatives, et l’apparition de nouveaux outils, notamment les objets connectés, l’on voit bien que la médecine traditionnelle est en train de changer de visage. Cette mutation s’accompagne tout de même de points d’ombre.

La première interrogation est relative à la vie privée des personnes concernées par les études décrites précédemment. Leurs données génétiques seront entre les mains d’une entreprise privée. Google a tout de même déjà Little girl at the doctor for a checkup examinationaffirmé que les informations collectées resteront anonymes, et ne seront pas transmises aux compagnies d’assurance. Qu’en sera-t-il si demain cette entreprise s’intéresse au secteur de l’assurance ? Se privera-t-elle d’une source d’information aussi précieuse ?

Une question importante est également celle de l’accueil que réservera la population à ces nouvelles techniques ou pratiques. La relation de confiance qui lie un médecin et son patient est un élément clé du parcours de santé, mais si l’humain est progressivement remplacé, à qui le patient fera-t-il le plus confiance ? A son médecin, diplômé d’une faculté de médecine et qui le suit depuis plusieurs années, ou à un ordinateur qui prétend à peu près tout savoir et tout analyser.

En tous les cas, il est clair que nous sommes à l’aube d’un bouleversement des comportements en matière de santé.