Après une année 2016 marquée par une recrudescence des catastrophes naturelles en France, l’anticipation des risques climatiques devient un enjeu majeur pour les assureurs. Les tempêtes en Allemagne et en France de fin mai à début juin ont à elles seules causé près de 6 milliards de dollars de pertes. Cette sinistralité importante a un impact direct sur la couverture proposée et encourage les pouvoirs publics comme les entreprises et les particuliers à mieux prévenir ces risques.
Les initiatives se multiplient pour mieux prévenir et mieux maîtriser les risques
En France, les opérations de prévention se développent du côté des pouvoirs publics comme des compagnies d’assurance. Afin de limiter les conséquences des catastrophes naturelles, il a été notamment préconisé lors des journées mondiales des zones humides 2017 de privilégier les barrières naturelles comme les mangroves pour les territoires d’outre-mer exposés. Constituées d’une végétation littorale elles pourraient réduire l’impact de certaines catastrophes comme les ouragans de 20% en formant une barrière naturelle.
Les assureurs développent également des outils de prévention à destination de leurs assurés pour réduire les dégâts. L’application « Predict » avec laquelle Generali s’est associée, permet d’avertir les utilisateurs des conditions climatiques à venir avec précision au km². Encore en phase de tests, cette application sera proposée à terme aux assurés, dans le cadre d’une offre globale de prévention visant à aider les assurés à adapter leurs comportements et leurs utilisations de matériel aux conditions météorologiques. « Predict » permettra de suivre sept types d’aléas climatiques : inondation, orage, submersion, tempête, neige, canicule et grand froid.
Aux Etats-Unis, le constat est identique : frappé régulièrement par des tempêtes, les primes d’assurance habitation ont également fortement augmenté dans plusieurs zones inondables du pays. Face à cela, certains habitants ont opté pour une surélévation de leurs maisons afin de mieux se protéger face aux risques d’inondation et de pouvoir bénéficier des tarifs en MRH plus abordables.
Cependant, le système d’indemnisation du pays est encore insuffisant. A titre d’exemple, la FEMA (agence fédérale américaine spécialisée dans la gestion des crises) impose aux habitants la surélévation des habitations ayant déjà subi des inondations avec des réparations atteignant plus de 50% de la valeur du bien, et cela sans aucune prise en charge des travaux.
Au-delà de ces mesures de prévention, des plans de continuité d’activité ont vocation à mieux préparer les individus face aux catastrophes naturelles une fois survenues. C’est dans cette démarche que Wavestone a participé au printemps 2016 à la simulation d’une crue centennale (exemple : la crue de la Seine de 1910). Cet exercice avait pour but de définir les différents plans de continuité à mettre en place en fonction des niveaux d’alerte :
- – Informer les personnes impactées
- – Se préparer pour limiter les perturbations
- – Orchestrer le repli pour conserver à minima le noyau dur des activités.
L’objectif étant de relancer l’activité à son niveau habituel dès que possible, en ayant anticipé le scénario de crise.
[Accéder à l’article : https://www.riskinsight-wavestone.com/2016/02/choc-extreme-comment-se-preparer-a-une-crue-centennale-en-ile-de-france-12/]
Quelles prévisions à long-terme ?
En dépit de ces mesures, la sinistralité devrait continuer à augmenter en France en raison des changements climatiques. Le coût lié aux dommages matériels d’ici 2040 est estimé à 98 milliards d’euros selon l’étude « Changement climatique et assurance à l’horizon 2040 » soit une hausse de 90% du coût cumulé lors des 25 années précédentes (1988 à 2013). Cette forte augmentation s’explique à la fois par les changements climatiques et la hausse des températures qui rendent les catastrophes plus fréquentes et plus fortes mais aussi par le développement des infrastructures en France. La création de nouveaux logements, d’entreprises et de biens de collectivité sont autant d’installations qui peuvent alors être endommagées par une catastrophe naturelle.
Si les démarches de prévention des catastrophes naturelles se multiplient, les populations prêtent de moins en moins attention à ces risques. En 2013, il n’y avait plus que 42% des Français qui pensaient être exposés au « réchauffement climatique » contre 72% en 2007. Face à la recrudescence d’autres menaces, surtout terroristes, les populations prennent moins au sérieux les enjeux climatiques. Les assureurs ont encore un rôle important à jouer dans les années à venir, dans la sensibilisation des populations face à ces risques naturels.