Drones et évaluation du risque
288 millions d’euros ! C’est le chiffre d’affaires du marché des drones en France en 2015. Soit plus de 300 % d’augmentation par rapport à 2012.
L’émergence d’une nouvelle génération de drones moins coûteux, plus faciles à mettre en œuvre offre désormais des opportunités inédites d’applications industrielles. Capables de surveiller des infrastructures ferroviaires, de produire des images pour le compte de l’industrie audiovisuelle ou encore d’apporter une bouée à un nageur en difficulté, la diversité des scénarios d’usage des drones est non exhaustive et en constante évolution.
Les États-Unis prennent leur envol avec une nouvelle réglementation
Au pays de l’oncle Sam, premier marché mondial de l’assurance avec 28,9% de part de marché, le ciel risque de se couvrir de nombreux aéronefs sans pilote embarqué. En effet, depuis le 21 Juin 2016, après des années de discussions avec les professionnels, l’agence fédérale de l’aviation civile américaine (FAA), a enfin autorisé les drones de moins de 25kg à voler sans autorisation préalable. Une aubaine pour les drones à usage commercial, notamment pour les assureurs déjà très demandeurs. Persuadés de l’impact que pourraient avoir les drones sur leurs activités, dès 2015, State Farm, USAA et AIG bénéficiaient d’autorisations pour l’évaluation des dommages sur les propriétés des clients lors de catastrophes naturelles.
Cette souplesse réglementaire laisse déjà émerger de nouvelles idées aux exploitants de drones. La start-up californienne DropIn s’est récemment distinguée en proposant à ses clients assureurs de faire appel, via une application, à des entrepreneurs indépendants propriétaires de drones qui offrent leurs services aux assureurs et à leurs assurés. Ainsi, en cas de sinistre, l’assuré se connecte à l’application et renseigne sa géolocalisation. Le propriétaire de drone le plus proche rejoint donc le sinistré afin de transmettre grâce à un streaming live les images du sinistre à l’assureur. Une tentative d’« ubérisation » assumée qui lui permettrait de jouir d’un réseau de 1100 opérateurs dans le monde.
France : un marché fortement conditionné par les contraintes réglementaires
L’appropriation des drones comme objet d’évaluation suscite clairement l’engouement des assureurs français. Allianz et Groupama revendiquent leurs capacités à mobiliser un drone expert pour les prestations à fortes valeurs ajoutées telles qu’un incendie majeur dans un bâtiment ou la collecte d’informations agronomiques pour les agriculteurs.
Cependant les arrêtés de 2012, puis 2015, fixent un cadre réglementaire contraignant stipulant les conditions d’autorisation de vol et la responsabilité du télépilote. Ce qui oblige les assureurs à nouer des partenariats avec des exploitants, tels que Dronotec, qui se chargent des autorisations de vol et homologations de leurs engins auprès de la Direction Générale de l’Aviation Civile.
Nouvel atout de développement de l’écosystème assurantiel, le potentiel de données apporté par les drones donnerait la possibilité aux assureurs de se positionner plus efficacement en amont et en aval de la gestion des risques. Ils peuvent être utilisés en matière de prévention, par exemple en analysant les risques liés à l’état d’un bâtiment avant la souscription d’une assurance habitation. Et enfin, en matière d’inspection en vue d’évaluer les dommages.