Quels développements encore possibles pour l’assurance emprunteur ? (suite et fin)
Dans le précédent billet sur l’assurance emprunteur, la question était posée : comment un assureur peut-il se positionner en concurrence avec l’offre du banquier ? Pour capter au plus tôt l’intérêt des particuliers pour les crédits immobiliers, et avant même leur prise de contact avec une banque, les assureurs pourraient par exemple solliciter les moteurs de recherche de crédit afin d’obtenir un suivi, sous convention et respect des droits privés, des requêtes des internautes intéressés par un achat immobilier.
Quelles opportunités pour les futures offres en assurance emprunteur ?
Même si les offres individuelles des assureurs ont principalement porté sur une population moins exposée aux risques de décès et d’invalidité, les moins de 40 ans, elles peuvent mettre en avant leurs capacités à personnaliser l’exposition au risque, à rendre leurs tarifs plus économiques et proposer un accompagnement en s’occupant de toutes les démarches et de la résiliation des contrats en vigueur.
En plus d’une même assurance emprunteur tarifée moins cher que celle du banquier, les assureurs disposent de leviers qui leurs sont propres, tels que
- Proposer, à un tarif équivalent à celui des banques, des assurances emprunteurs complétées de garanties supplémentaires (perte d’emploi, incapacité, exonération de cotisation, accident de la circulation…), même si cela revient à augmenter les frais de gestion de l’assureur.
- Intégrer une composante épargne à leur offre d’assurance emprunteur.
Pour les emprunteurs les plus aisés, l’intégration d’une composante épargne revient à proposer un produit mixte sur la durée du prêt en vue de se constituer, en plus de la couverture décès, une épargne au terme du remboursement du crédit, si l’assuré est toujours en vie.
Si ce dernier décède pendant la durée du crédit, le montant à verser par l’assureur correspond au capital décès garanti auquel s’ajoute les primes versées sur la partie épargne, majorées des intérêts. Si le capital décès garanti est insuffisant par rapport au montant du prêt à garantir, selon l’épargne constituée et récupérable à terme, le souscripteur ou adhérent peut la gager et positionner son créancier en bénéficiaire décès de premier rang à auteur du capital restant du.
De même, l’assureur peut construire un autre produit dérivé, une assurance combinée, permettant aux emprunteurs les plus aisés de placer davantage de fonds sur leur composante épargne tout en garantissant la créance du prêteur avec un dispositif de délégation de créance ou de nantissement.
Quelle que soit la technique juridique utilisée par la mise en garantie d’un contrat au profit d’un créancier, ce dernier (la banque) est alors premier bénéficiaire de la prestation d’assurance vie versée en cas de décès de l’assuré, dans la limite de sa créance. L’éventuel reliquat est versé aux bénéficiaires subséquents désignés.
Limites à l’intégration d’une garantie épargne
Si des clients empruntent alors qu’ils disposent de l’épargne suffisante, c’est qu’ils ne veulent pas affaiblir leurs actifs déjà placés.
Car en cas de mise en gage d’actifs auprès d’un créancier, l’emprunteur n’aura plus l’autonomie de gestion sur ses placements. Cela peut s’avérer handicapant lorsqu’il faudra procéder à des arbitrages de supports, puisqu’il devra au préalable, solliciter l’accord de son créancier. Les rendements de ses contrats gagés risquent donc de baisser.
En choisissant une délégation d’assurance, le client peut réaliser de très significatives économies sur le coût total de son assurance de prêt, et bénéficier d’une solution d’assurance « sur mesure », performante car adaptée à son profil.
En plus de la loi Lagarde, s’ajoute l’amendement Hamon donnant la possibilité pour l’emprunteur de renégocier son assurance-crédit à tout moment, à l’issue d’une période d’un an, sans préjudice financier.
Ces lois successives offrent des opportunités pour les particuliers emprunteurs grâce à des produits d’assurance très compétitifs, en fragilisant la position dominante des banques dans ce secteur.
En contrepartie, elles ouvrent aussi la voie à la démutualisation, remettant en cause l’accès à la propriété des plus fragiles sur le plan de la santé.de l’âge ou des revenus
Dans la bataille des bas tarifs qui va se poursuivre, l’emprunteur devra prendre garde aux éventuelles clauses d’exclusion et de sauvegarde qui laisseraient à l’assureur la latitude de modifier des clauses du contrat, mais l’excellente rentabilité actuelle de ces contrats laisse une marge significative de baisse des tarifs au bénéfice des emprunteurs.