Le 11 février 2016, le Laser Interferometer Gravitational-Wave Observatory (LIGO) détecte pour la première fois les ondes gravitationnelles dues à la fusion de deux trous noirs il y a 320 000 ans…Le 19 février 2016, Virgin présente son nouveau modèle de navette spatiale à destination des touristes fortunés (250 000$US le billet), deux ans après le crash du premier modèle. Que de nouveautés sous les étoiles ! Que de nouveaux risques…à assurer. Le tourisme spatial est-il assurable ? Comment s’organise le système d’assurance des navettes spatiales ?
Le marché des navettes spatiales : un marché coûteux, à grands risques
D’après le CNES (Centre national d’études spatiales), le coût d’une mission est de 220Md$. Une grande partie est dédiée à la R&D, ce qui capitalise une majorité des travaux, le reste ne concernant que la construction de la navette elle-même. Les risques sont alors concentrés sur les étapes post R&D. En effet, les étapes sur lesquelles nous pouvons constater le plus d’échecs sont les suivantes : lancement, post-séparation et en orbite. Les navettes sont aussi confrontées à des phénomènes naturels contraignants ou dangereux : effets électrostatiques, éruptions solaires, pluies de météorites ou encore interférences électromagnétiques…
Les conséquences financières étant trop importantes pour une seule compagnie, les risques liés à la production de la navette sont souvent assurés par un pool d’assureurs. Si les enjeux semblent très importants, nous constatons toutefois une nette amélioration du profit sur cette activité d’assurance ces quinze dernières années, comme le démontre le graphique ci-dessous :
De plus, les primes d’assurance représentent une part non négligeable du budget des programmes spatiaux : entre 15% et 25% selon la FFSA.
Quelles solutions pour assurer ces activités ?
Si la Lloyd’s est le premier assureur de satellite en 1965 pour le satellite de télécommunication Early Bird, d’autres sociétés ont créé des départements spécifiques à cette activité. Nous pouvons notamment citer l’assureur Marsh qui a développé une offre d’assurance et management des risques pour l’industrie aérospatiale. Elle propose ses services en conseil et placements sur les aspects du projet allant du lancement à l’équipe d’astronautes. De son côté, un autre grand leader de l’assurance a lancé en 2007 une branche dédiée aux activités spatiales qui représente, en 2014, 8% de son chiffre d’affaire.
Quid des voyages touristiques et des missions sur Mars ?
L’activité des voyages touristiques dans l’espace est encore trop jeune et le risque trop grand pour que les assureurs s’y aventurent. D’ailleurs, la présence humaine dans les navettes est globalement un facteur de risque trop important. Même les missions « ordinaires » habitées ne sont pas assurées. Il n’existe qu’une garantie du gouvernement américain pour les vols de la NASA par exemple. Les missions pour Mars sont trop spécifiques et coûteuses pour être assurées par des compagnies d’assurance, au-delà de la responsabilité civile au moment du lancement. Ce sont les agences spatiales (ESA en Europe ou NASA aux États-Unis) qui financent les frais. D’autant plus que ces missions ne sont pas génératrices de revenus.
À l’image des missions spatiales, l’activité d’assurance dans ce domaine est spéciale, sur mesure et extraordinaire. Le collectif est de rigueur mais toutes les compagnies d’assurance ne sont pas armées pour intervenir. Il semble que seules les compagnies déjà matures sur les sujets de l’industrie et en capacité de dédier une entité de leur organisation à ce secteur sont suffisament légitimes pour s’engager. C’est une grande opportunité pour elles que de trouver le moyen de proposer des solutions d’assurance qui couvriraient non seulement les travaux mais aussi la protection des personnes à bord des navettes.