Euro-croissance et vie-génération : un succès incertain ?
L’encours de l’assurance-vie représente 1 400 milliards d’euros en 2012 soit 40% de l’épargne financière des ménages (et 1 454,8 milliards d’euros à fin octobre 2013). Actuellement 80% de ces sommes sont placées sur des supports garantis et disponibles à tout moment (fonds en euros). Or, les fonds en euros deviennent de moins en moins rentables pour les assurés. Le rendement est de 2,80 % en 2013 selon la FFSA contre 4% en 2008. Comment les assureurs vont-ils éviter le désistement des épargnants ?
Les mesures d’incitations du gouvernement : « vie-génération » et « euro-croissance »
La loi de finance 2014 propose 2 nouveaux contrats d’assurance vie : « euro-croissance » et « vie-génération ». L’objectif de l’état est d’inciter les épargnants à participer au financement de l’économie, en particulier sur les PME.
Il propose donc à chaque épargnant de transférer une partie de son encours sur ces nouveaux contrats, en conservant le bénéfice de son antériorité fiscale.
Sachant que 2/3 du patrimoine financier est détenu par 10 % des ménages les plus aisés, l’état a créé le contrat «vie-génération » qui est taillé sur mesure pour ces épargnants. Ce nouveau produit prendra la forme d’un multisupport exclusivement constitué d’unités de comptes (il n’y aura pas de fonds en euros), investies à hauteur d’un tiers au minimum en actions de PME, dans le logement intermédiaire et social et dans les entreprises de l’économie sociale et solidaire. En contrepartie, le bénéficiaire du contrat profitera, en cas de décès de l’assuré, d’un avantage fiscal sous la forme d’un abattement d’assiette supplémentaire de 20% qui s’appliquera sur la valeur transmise, avant l’abattement – cumulatif – de 152.500 euros.
Le produit « euro croissance » est basé sur les mêmes principes que les produits « eurodiversifiés » avec en sus un fonds en euros (l’eurodiversifié propose une garantie au terme, déterminée généralement selon un pourcentage des primes investies. Ce produit n’a pas eu les résultats escomptés lors son lancement).
L’euro-croissance permet à l’assuré de bénéficier d’un capital garanti s’il reste investi au moins 8 ans.
Quel succès à venir pour ces nouvelles gammes de produit ?
Les acteurs de l’assurance-vie sont partagés sur la réussite de ces produits :
Certains assureurs pensent que ces nouveaux produits vont alourdir d’avantage la compréhension du fonctionnement de l’assurance-vie par certains assurés.
D’autres sont favorables à la mise en place de ces 2 produits :
Interrogé sur l’ « Euro-croissance » par l’Argus de l’assurance, le PDG de BNP Paribas Cardif, Pierre de Villeneuve considère qu’il s’agit «d’un bon produit pour tout le monde et pas uniquement pour la clientèle patrimoniale. C’est l’un des rares produits sécurisés long terme permettant d’avoir une rémunération fonction du rendement de l’épargne long terme». Il rappelle que cette «innovation réglementaire permet désormais de proposer au sein d’un même contrat des engagements en euros, en unités de compte et en diversifié (fonds croissance)». Il ajoute également : «C’est un produit sécuritaire pour le souscripteur et qui offre des sorties à prix de marché.»
De plus, les assureurs sont d’autant plus intéressés par ces nouvelles offres que ce sont de véritables leviers pour transférer le risque vers l’assuré et donc réduire leurs besoins en capitaux propres. Il y a un partage du risque avant et après 8 ans.
Le gouvernement vient d’être autorisé à légiférer par ordonnance en vue de modifier le code des assurances, afin de mettre en œuvre les principales dispositions de la réforme de l’assurance vie. Ces textes doivent être pris le 3 juillet 2014, au plus tard, ce qui donnera le top départ du lancement de ces nouveaux produits. Rendez-vous en 2015 pour un premier bilan !