À en croire les tendances, le mini-drone a été l’un des cadeaux-stars de Noël 2014 qui a ravi enfants comme adultes. Longtemps utilisé à des fins militaires, en l’espace de quelques années, le drone a investi le champ civil. Nous sommes aujourd’hui aux premières heures d’une diffusion de grande ampleur, qui bien avant de concerner l’industrie du jouet, a été poussée par l’intérêt marqué de nombreux secteurs économiques. Les assureurs ne l’ont pas ignoré. Plusieurs expérimentations menées aux États-Unis ont montré que les drones avaient un potentiel de taille pour améliorer l’évaluation, la prévention et la surveillance des risques, notamment lors de catastrophes naturelles.
Un atout pour développer la qualité de service des assurances
Condensé de technologies, le drone est aujourd’hui un aéronef télécommandé agile et bon marché (les modèles professionnels atteignent 30 000 euros). Sa mobilité et sa réactivité ont déjà fait leurs preuves en France dans des missions telles que le contrôle d’ouvrages d’art ou la surveillance de cultures agricoles. La SNCF, notamment, a déjà tenté l’expérience dans le cadre de la lutte contre le vol de métaux sur son réseau ferroviaire.
Dans le monde de l’assurance, quelques essais de drones ont été menés en France mais ils sont déjà très convoités par les assureurs aux États-Unis. Outre-Atlantique, 40% des indemnités versées par les assurances sont dues aux catastrophes naturelles. Ces événements sont caractéristiques : de grandes zones touchées, de nombreuses familles et professionnels sinistrés, un manque d’accessibilité important. Dans ces conditions, il apparait que les drones soient d’une aide précieuse pour la reconnaissance et l’expertise des dommages. Leur rapidité d’intervention facilite les constats des experts et donc le versement des indemnités. Avec le drone, les assureurs tiennent ainsi un nouveau levier pour améliorer la qualité de service offert aux assurés mais aussi pour repenser les modes d’expertise des dommages.
Des changements à prévoir dans le métier d’expert d’assurance
La première opportunité pour l’expert d’assurance est la réduction des risques liés à ses déplacements pour évaluer les dégâts lors de sinistres. En effet, même si leur utilisation reste très encadrée et suppose un pilotage « à proximité », demain on peut envisager que les experts puissent recourir plus systématiquement aux drones pour intervenir sur des zones plus distantes. Pour l’heure, ce sont les prestations d’expertises périlleuses telles que les interventions de cordistes qui peuvent déjà être réduites et ainsi le coût financier engendré par le risque pris par les techniciens.
Au-delà de la capacité de projection, le potentiel d’informations pouvant être recueillies par les drones a aussi de quoi intéresser les experts et les assurances. La charge utile des drones civils (masse pouvant être embarquée par l’aéronef) augmente et avec elle la possibilité d’y ajouter des capteurs complémentaires et performants. Au début de l’année 2015, Grdf a mené une campagne de sensibilisation originale : 300 habitations ont été survolées par un drone équipé d’un capteur infrarouge, mettant en évidence les pertes de chaleur des logements mal isolés. Même si les besoins dans l’assurance dans ce sens sont à étudier, la capacité d’observation – photos et vidéos – associée à la possibilité de zoomer en temps réel, constitue déjà un avantage par rapport aux moyens d’observation aériens existants. Avec ces atouts, on envisage aussi que le drone soit aussi un moyen redoutable pour surveiller les risques et lutter contre la fraude.
Un nouveau moyen efficace de surveillance des risques
Les assureurs sont confrontés à un enjeu du contrôle de l’exactitude des déclarations des assurés. Que ce soit à la souscription ou au cours du contrat, le drone pourra aussi être un outil supplémentaire permettant aux assurances d’en vérifier la conformité. Dans un domaine administratif, une démarche similaire a été menée en Argentine. Dans le ciel de Buenos Aires, le drone du fisc survole la ville à la recherche des terrains construits dans l’illégalité avec une efficacité redoutable.
Comment s’y préparer ?
Pour s’organiser face à cette innovation venant faire évoluer leur métier, les assureurs doivent garder à l’esprit quatre nécessités :
- Veiller sur l’évolution de la réglementation : qui à l’international, comme en France est en mouvement, source de frein ou de moteur à la généralisation de l’utilisation du drone ;
- Encadrer les relations avec les prestataires : le marché des drones est en plein essor et avec lui de nombreux prestataires qui proposent des services diversifiés : formations au pilotage, prises de vues … dont il faut être en mesure d’évaluer le niveau et la qualité ;
- Mener des tests et développer le champ d’utilisations : comme dans d’autres secteurs, de nombreux cas d’usage des drones restent à prototyper. Aujourd’hui, on manque encore de retour d’expérience. A l’image de La Poste qui a effectué des essais pour un projet de livraison d’urgence, les assureurs doivent s’approprier le drone pour comprendre comme il pourra répondre aux besoins de leur métier.
- Prendre en compte la sécurité du système et des informations collectées : cette innovation vient avec son lot de risques sur lesquels une vigilance est indispensable. Pour accompagner ce bond en avant technologique, les fabricants de drones n’ont pas nécessairement pris en compte de fortes exigences de sécurité, laissant des failles faciles à exploiter : prise de contrôle du drone, interception des données collectées, … Ces scénarios sont probables et pourront, à mesure de l’essor du drone, attirer l’attention des pirates.
Il n’est pas impossible que les drones jouent un rôle prépondérant pour les assurances dans le futur. Autant comme un outil d’expertise permettant une meilleure gestion des sinistres à moindre coût qu’un nouveau marché à assurer. En effet, le marché décolle et les risques associés à leur utilisation aussi. Les heureux prioritaires de drones attendent aussi les assureurs sur ce créneau-là.