Les compagnies aériennes n’ont décidément pas bonne presse en cette année 2014. La série de catastrophes intervenues ces derniers mois a réveillé chez les passagers une certaine défiance vis-à-vis du transport aérien. En plus de cette mauvaise image dont elles devraient souffrir, les compagnies aériennes vont également voir le coût de leur prime d’assurance grimper en flèche.

 

Une tarification liée à la sinistralité

Les spécialistes misent sur une hausse des primes de 15 à 30% pour les compagnies asiatiques et européennes. Même les compagnies nord-américaines, pourtant non concernées, pourraient voir le montant de leur prime évoluer. Cette augmentation fait suite à dix années de baisse, peu marquées par les épisodes de sinistre aérien.

Si cette extrême volatilité du marché peut surprendre, il convient de rappeler la complexité de la cotation des grands risques. Dans le cas de risques récurrents, quand une baisse du nombre de cas de sinistres est constatée (par exemple la quantité d’accidents automobiles sur une année), la prime suit la même tendance. L’estimation de la probabilité d’occurrence d’un scénario grand risque est en revanche bien moins robuste du fait du faible nombre d’observations disponibles. La succession d’événements aussi rares sur une courte période paraît alors difficile à anticiper.

Ainsi, le coût occasionné par l’indemnisation des compagnies aériennes et des proches des victimes de l’ensemble de ces sinistres représente un volume financier conséquent et exceptionnel. Selon Henri de Castries, PDG d’Axa, « ces catastrophes, dont le coût cumulé représente plus que les primes touchées en 2014, devraient avoir un impact sur la tarification l’année prochaine ».

Il paraît évidemment difficile d’imaginer que le versement de telles indemnités puisse mettre à défaut les assureurs impliqués. Le coût représenté par cette série d’événements exceptionnelle devrait être compensé par le provisionnement effectué ces dernières années. Il semble cependant légitime de s’interroger sur la politique tarifaire des compagnies d’assurances des dernières années.

Des assureurs avant tout soumis au marché

La baisse de la sinistralité dans le secteur aérien, conjuguée au progrès dans la sécurisation des appareils, a mécaniquement conduit à une baisse des primes d’assurance. Mais cette pratique peut-elle être justifiée dans le cas de grands risques si peu fréquents ?

Dans les faits, les compagnies d’assurance ont suivi la tendance du marché. Pour rester compétitives, leur effort a pu porter sur trois éléments : les frais de gestion, la marge consentie, mais également la partie risque de la prime. En l’absence de cas de sinistre, difficile de ne pas consentir à une baisse de cette dernière composante, face à des assurés prêts à faire jouer la concurrence.

La succession de catastrophes apparaît donc comme une bonne occasion de réviser le montant des primes. Après avoir subi un effet de marché pendant des années, les compagnies d’assurance disposent enfin d’arguments pour justifier une hausse de leurs tarifs. Reste à déterminer si, finalement, cette série noire ne profite pas plus aux assureurs qu’elle ne les dessert.