Les assurances « chien-chat » en France : un marché de… niche ?
En France, on recense près de 62 millions d’animaux de compagnies. Presque autant que d’habitants. Un véritable engouement pour les chiens et les chats mais plus récemment aussi pour les iguanes ou les furets, qui ne tarit pas : aujourd’hui, près d’un foyer sur deux en possède au moins un, contre un sur trois il y a vingt ans. Mais ces compagnons à (plus ou moins) quatre pattes peuvent parfois se révéler être un poste de coût conséquent pour les ménages. Entre autres, les dépenses liées à la santé de l’animal ont bondi de 72% en dix ans et représentent plus de 470 millions d’euros en 2014.
Une tendance qui n’a pas échappé au monde de l’assurance !
Des offres conçues au poil près
Entre visite de contrôle (30 à 100 euros) et interventions chirurgicales (jusqu’à 1500 euros), le passage chez le vétérinaire est souvent une étape redoutée…pour le portefeuille des maîtres. Et les frais grimpent en flèche dès lors que l’on possède plusieurs animaux ou dans le cas de certaines races de chats ou de chiens, à la santé particulièrement fragile. Un alourdissement du budget qui poussent alors certains propriétaires à souscrire à une assurance permettant de couvrir les frais vétérinaires, auprès de grands acteurs de la banque (Crédit Mutuel, La Banque Postale…), de l’assurance (Amaguiz, April, AssurOne…) ou encore d’organismes spécialisés comme SantéVet ou Assuropoil. L’étendue des soins couverts varie selon l’offre choisie entre 5 et 50 euros par mois – mais également selon l’âge, la race ou le poids de l’animal. En France, le contour de ces prestations est nettement délimité : toutes les interventions ne sont pas prises en compte, le remboursement des vaccinations est souvent forfaitisé et il n’est pas possible de souscrire à la plupart des offres pour des bêtes de moins de 3 mois ou de plus de 7 ans.
Croquette ou assurance ? En France, le choix est fait
En France, seuls 4% des maîtres de chat ou de chien auraient souscrit à une assurance pour leur animal domestique. Un chiffre faible rapporté au potentiel du marché et aux autres pays. Cette proportion avoisine 10% en Suisse, 20% en Angleterre, où ces services existent depuis les années 70 et 80% en Suède. Au-delà de l’Europe, les Etats-Unis compte plus d’un million de souscripteurs et le nombre de contrats signés au Japon ne cesse d’augmenter : 120 000 en 2008, juste après la légalisation des assurances pour animaux et près de 250 000 en 2010. Au Brésil, la croissance du marché lié aux animaux domestiques est même considérée comme l’un des signes de la bonne santé économique du pays.
Alors comment expliquer cette méfiance sur le marché français ? Pourquoi la France accuse-t-elle ce retard alors qu’elle est le pays européen où le nombre d’animaux de compagnie est le plus élevé ?
Plusieurs raisons coexistent. D’une part, ces assurances n’ont rien d’obligatoire, elles relèvent d’une démarche personnelle. D’autre part, nombreux sont ceux qui en ignorent l’existence, exception peut-être faite des propriétaires de chiens de race, souvent plus sensibilisés au sujet. Enfin, si les français sont prêts à consacrer une part important de leur budget à leur animal domestique – 11% des dépenses globales du ménage- ils se concentrent souvent sur la nourriture spécialisée. Difficile pour les assureurs de rivaliser avec les géants de l’alimentaire, le suisse Nestlé et les marques Purina, Gourmet, Félix…et l’américain Mars, avec Royal Canin, Frolic… Dans ce secteur, les marges s’élèvent à plus de 20% et le prix au kilo dépasse celui de la nourriture…pour bébé.
Entre spas pour chiens et psychologues pour chats, quelle place pour l’assurance ?
Toutefois, face au potentiel du marché, les acteurs ne sont pas à cours d’inventivité. Parmi les pistes les plus prometteuses, on retiendra les services « plus » ou « premium » qui permettent aux enseignes d’accompagner leurs assurés au-delà des offres standards…et de pratiquer une facturation en sus tout à leur avantage.
Différentes possibilités sont proposées : le remplacement de l’animal à sa valeur le jour de sa perte mais aussi des services d’assistance comme la prise en charge de l’animal dans un chenil suite à l’hospitalisation de son maître, l’aide à la recherche avec le paiement des frais de petites annonces en cas de perte… Une autre voie consiste à anticiper l’évolution de la cible : les chiens et chats seront-ils bientôt remplacés dans les maisons par des iguanes, des serpents, des rats ? En France, le furet est le 3ème animal domestique. Un changement sur lequel certaines mutuelles spécialistes entendent bien se positionner en proposant des forfaits spéciaux pour les « NAC » (nouveaux animaux de compagnie).
Enfin, la percée de ces offres est fortement corrélée à des marchés périphériques. Au Brésil, si ces assurances bénéficient d’une popularité croissante, c’est grâce aux réductions qu’elles offrent sur une large gamme de services à destination des animaux : hôtel de luxe, spa, pédicure, séances d’acupuncture, salles de sport… Si la « petmania » ne s’introduit pas durablement en France, ces mutuelles ne susciteront surement jamais autant d’enthousiasme que dans d’autres pays.
À l’échelle mondiale, l’engouement pour les animaux domestiques résiste à toutes les crises. Pourtant, selon les pays, les comportements diffèrent. En France, les assurances animales sont encore méconnues et ne concernent que des périmètres très précis. Pour pallier ce manque de notoriété, ces enseignes pourraient utiliser les ressorts de la souplesse et de la flexibilité : lever les barrières liées à la race ou au poids de l’animal, permettre aux propriétaires d’animaux âgés de souscrire… D’ailleurs, l’espérance de vie des chiens et chats s’est allongée de plus de 20% en 10 ans : une aubaine pour les assureurs…