Les pays émergents jouent un rôle de plus en plus marqué dans l’économie mondiale. Caractérisés par un fort potentiel de croissance, un marché intérieur en expansion et une croissance rapide de la classe moyenne, ils deviennent un véritable terrain de jeu pour les principaux acteurs de l’industrie assurantielle. 

Une nécessaire adaptation des offres d’assurance pour conquérir les émergents

new-piktochart_17992691_720d05299cd8da134cc0b8c16ff37f3b4c9d6226Face à des marchés traditionnels saturés, les assureurs doivent trouver de nouveaux axes de développement. Les marchés émergents représentent aujourd’hui environ 86% de la population mondiale et 40% du produit intérieur brut (PIB) mondial. Ils sont pourtant mal représentés dans le secteur assurantiel, tant en assurance de biens que de personnes, où leur part de primes combinées ne s’élève qu’à 18% du total mondial. Il s’agit d’une formidable opportunité pour les acteurs du marché de l’assurance. En effet, à mesure que les pays émergents se développent, le niveau de vie de la population et le revenu disponible augmentent, offrant des perspectives d’avenir pour le développement d’offres assurantielles.

Néanmoins, avant de pouvoir saisir les opportunités offertes par les pays émergents, les assureurs devront tenir compte des spécificités de ces régions pour élaborer l’offre la plus adaptée. En effet, si ces nouveaux acteurs de l’économie mondiale démontrent tous un fort potentiel de croissance, ils n’en restent pas moins affectés par de grandes disparités entre les populations. Les économies émergentes ont en effet des niveaux d’inégalité de revenus très supérieurs à la moyenne des pays de l’OCDE. Ainsi, le contraste est marqué entre les habitants et ménages à faibles et très faibles revenus, et les plus aisés. Les populations les plus pauvres sont généralement sous-équipées en termes de technologies et insuffisamment protégées. Tout l’enjeu pour les assureurs est ainsi de proposer le type d’assurance le plus cohérent avec les besoins de cette tranche de la population, en tenant compte de facteurs sociaux mais aussi climatiques et religieux. À titre d’exemple, des produits d’épargne de long terme tels que l’assurance-vie semblent dans un premier temps moins adaptés aux pays émergents.

Si le digital est à l’origine de la métamorphose subie de la relation client en assurance dans la plupart des grandes puissances dans le monde, les pays émergents ne sont pas en reste. Alors que les accès à la 3G/4G en zone rurale sont de plus en plus marqués, un récent rapport du Gartner montre que 78% des ventes de smartphone proviendront des pays émergents d’ici à 2018. L’écart entre les populations rurales et urbaines ne cesse de se réduire. L’évolution des comportements des consommateurs, de plus en plus mobiles et connectés, est un levier pour les assureurs qui peuvent capitaliser sur ce mode de distribution de produits d’assurance.

En profitant des comportements nouvellement façonnés par le digital, ou en ciblant les populations à faibles revenus, les assureurs contribuent au développement exponentiel du marché assurantiel dans ces pays émergents, déjà tangible lorsque l’on observe la croissance des primes totales émises (+9,8% en 2015).

 

Quelques exemples d’offres d’assurance dédiées aux pays émergents

La flexibilité de l’offre par les assureurs dans les pays émergents est illustrée ici par trois types d’assurance, spécifiquement développés pour répondre aux problématiques de ces régions :

  • L’assurance agricole

L’agriculture reste le moteur essentiel du développement économique et humain de la grande majorité des pays émergents. Dans un contexte de variation de la demande, de volatilité des prix des matières premières ou encore de changement climatique, l’assurance agricole prend tout son sens. Elle garantit une stabilité à l’agriculteur qui souhaite investir sur son exploitation, accéder au crédit ou stabiliser ses revenus. L’assurance agricole peut ainsi induire une protection des cultures contre les aléas climatiques, une protection des outils de travail ou une couverture contre la baisse des rendements. L’assurance agricole a, de fait, un impact positif sur la sécurité alimentaire et sur la productivité, dopée par des investissements rendus possibles.

Selon Swiss Re, l’assurance agricole pourrait tripler d’ici 2025 et les opportunités de développement sont nombreuses. À titre d’exemple, les leaders de l’industrie assurantielle disposant d’offres adaptées à l’agriculture dans les pays émergents, n’hésitent pas à récupérer, entre autres, les données climatiques des régions ciblées afin d’élaborer des produits efficaces !

  • La micro-assurance

Comme évoqué ci-dessus, les populations à faibles revenus font partie intégrante du paysage démographique des pays émergents. Pour accentuer leur présence dans ces régions et satisfaire au mieux les besoins de la population locale, les leaders mondiaux de l’assurance axent une partie de leur stratégie sur le développement de nouvelles offres et de nouvelles approches au travers de la micro-assurance. La micro-assurance cible principalement les travailleurs à faibles revenus, particulièrement ceux travaillant dans le secteur informel (ex : vente de pneus sur le bord de la route, ou pêche) qui sont souvent mal servis par les assureurs commerciaux et les systèmes d’assurance sociale plus traditionnels. Les produits de micro-assurance sont généralement distribués via des réseaux d’ONG, des communautés locales ou des revendeurs de téléphonie mobile.

  • Le Takaful

Le Takaful est une forme d’assurance mutuelle conforme à la Sharia (droit islamique), et donc utilisée en tant qu’alternative à l’assurance traditionnelle dans les pays islamiques. Ce concept d’assurance est basé sur la responsabilité, la coopération, la protection et sur l’aide réciproque entre les groupes participants. Elle repose sur plusieurs grands principes : le refus de l’incertitude, le refus de l’intérêt et l’absence d’investissements nocifs pour l’homme et la société. Le fonctionnement est similaire à celui d’une mutuelle. Les souscripteurs des contrats Takaful apportent des fonds nécessaires à la couverture des risques futurs. Si les résultats sont négatifs, les souscripteurs sont tenus de recapitaliser le fond. Ils sont donc les propriétaires des fonds collectés. Si des excédents financiers sont réalisés lors des opérations d’assurance, ils doivent être réinvestis dans des projets servant l’intérêt général. Les acteurs du marché assurantiel tiennent ainsi compte de ce concept dans la distribution de leur offre dans les pays islamiques, comme c’est notamment le cas en Malaisie.

Si la plupart de ces initiatives et de ces nouvelles offres ne sont pas encore industrialisées dans l’ensemble des pays émergents, elles témoignent de la volonté des assureurs de prendre leurs positions dans les marchés qui font l’économie d’aujourd’hui et de demain. Tout autant que dans les pays développés, c’est en adaptant au mieux leur offre et leurs modalités de distribution aux besoins spécifiques que les assureurs pourront s’affirmer comme des leaders sur les pays émergents.