Après une période de ralentissement en 2015 (-10,6% du chiffre d’affaire mondial) due aux soubresauts de l’économie chinoise, le marché de l’art a connu en 2016 un nouveau rebond (+7,2% sur les premières semaines de l’année). Cet impact de la Chine sur le marché de l’art s’explique aisément : celle-ci est devenue en quelques années le leader mondial du secteur et, si elle ne représentait que 4% de la part du marché mondial en 2005, elle représente aujourd’hui 35,5% des enchères publiques dans le monde, contre 26,8% pour les États-Unis ! Pourtant, si le marché de l’art est un marché en forte croissance et  s’affirme comme un véritable placement alternatif face aux turbulences des marchés financiers, le taux de contrats assurances souscris dans ce domaine demeure encore très faible : on évaluait ainsi en 2014 à seulement 15% d’œuvres de particuliers assurées en France, alors que le pays est le quatrième marché, avec un produit de 274 millions d’euros.

L’assurance des œuvres d’art reste donc peu connue des collectionneurs ou institutions d’arts. Ce marché de niche présente pourtant des opportunités de croissance non négligeables pour les assureurs mais n’est pas pour autant dénué de risques.

L’assurance des œuvres d’art : du sur-mesure pour une multiplicité d’acteur

L’offre en assurance d’œuvre d’art prend globalement en compte les mêmes risques que les assurances IARD classiques : le vol, le risque humain (chute, mauvaise manipulation etc.) ou matériel (incendie, inondation etc.) et le risque immatériel (notamment le risque de fraude et en matière d’authenticité d’œuvre).

Cependant, le marché de l’art est un marché ou la multiplicité et l’hétérogénéité des acteurs obligent les assureurs à s’adapter à chacun d’eux en leur proposant une offre en cohérence avec les risques portés. Ainsi, les collectionneurs, au cœur du marché de l’art, présentent des profils très variés (notamment en termes de pouvoir d’achat et de réputation) et rendent le cas par cas indispensable pour une assurance au plus juste de leurs besoins, leurs habitudes et leurs collections. D’autres acteurs, comme les galeries et marchands d’art se concentrent davantage sur la protection contre le risque de dégradation, inhérent à toute manipulation, déplacement et stockage des œuvres. Les musées et fondations, derniers piliers du marché de l’art, doivent se couvrir contre les aléas de l’exposition et veiller à la sécurité des œuvres qu’ils exposent vis-à-vis des visiteurs.

Ainsi, l’assurance d’œuvre d’art recouvre de multiples réalités et doit nécessairement passer par des offres ajustées au plus près des besoins et contraintes des assurés. L’assurance habitation, que beaucoup pense suffisante pour couvrir les risques en matière d’art, se révèle être inefficaces au-delà de 80.000 € de patrimoine.  Se pose alors la question, fondamentale, de la valeur des biens à assurer.

La question cruciale de la valeur de l’œuvre d’art

Quel que soit le type de contrat choisi ou le type d’acteur à assurer, deux modes de souscription sont possibles en matière d’assurance d’œuvre d’art : en valeur agréée ou en valeur déclarée. La première est déterminée au moment de la souscription par une expertise et, en cas de sinistre, l’assuré n’aura pas à en apporter la preuve. Ce choix est souvent pertinent pour les collectionneurs d’œuvres classiques car ces dernières ne déprécieront pas et seront donc, en cas de dommage, couvertes en fonction de leur valeur à la souscription. La seconde, comme son nom l’indique, est déclarée par l’assuré au moment de la souscription et celui-ci devra apporter la preuve de sa valeur au moment du sinistre. S’assurer en valeur déclarée est davantage pertinent pour des collectionneurs d’art contemporain dont la cote est susceptible de varier fortement. L’assuré pourra ainsi faire évoluer la valeur de son assurance à chaque renouvellement ce qui lui permettra, en cas de sinistre, d’avoir une indemnisation la plus proche possible de la valeur de l’œuvre sur le marché.

Dans tous les cas, on comprend bien que la notion de valeur est fondamentale. Or, la question d’une bulle financière en matière d’art, et notamment des problématiques de sur/sous-évaluation[1] des œuvres vendues et achetées (et qui fait directement échos aux « licornes » du milieu des start-up), peut venir perturber ce principe de juste valeur.

[1] La décote de certains artistes peut ainsi atteindre près de 30% en quelques mois