Assurance et marchés émergents : opportunités et risques
Les récents chiffres publiés par le réassureur Swiss Re font état d’une croissance continue du marché de l’assurance dans les pays émergents. A titre d’exemple, rien qu’en 2015, les primes d’assurance vie ont crû de 12% alors qu’en non vie la hausse se situe aux alentours de 8%.
Cependant, les perspectives demeurent variées. Il semblerait que ce soit surtout l’Asie – et principalement la Chine – qui sera le moteur de la croissance.
Les marchés émergents : une croissance qui aiguise les appétits?
La croissance du marché dépend notamment de celle de la classe moyenne dont l’équipement en matière d’assurance peut être enrichi. Par exemple, des pays comme le Brésil ou le Nigéria ont une classe moyenne qui, selon les prévisions, est sur le point de se développer de manière significative : rien que dans ce dernier pays, elle pourrait représenter près de 50% de la population. De même, les besoins évoluent pour se rapprocher de ceux des pays dits « développés » : voiture, immobilier, prévoyance, dépenses de santé…
En ce sens, les acteurs majeurs de l’assurance ont entrepris des manœuvres pour s’implanter dans les pays dotés d’une croissance forte notamment sur des marchés asiatiques tels que l’Inde.
Néanmoins, il convient de relever que les classes moyennes sont également vulnérables, surtout lorsqu’elles sont majoritairement constituées de travailleurs évoluant dans l’économie « informelle » où la protection sociale est inexistante.
L’essor de la micro assurance, première étape vers l’assurance traditionnelle ?
Ce modèle innovant d’assurance a pris de l’ampleur en Afrique. Lancé en Inde par M. Yunus en complément du microcrédit, il permet à des personnes, essentiellement à faibles revenus et n’ayant pas accès à des services d’assurance classiques, de souscrire une assurance. A ce titre, de nombreux pays sont très en pointe dans ce domaine qui a permis à près de 62 millions de personnes d’être assurées en 2015.
Ce dispositif économique s’avère très utile pour le développement de micros entreprises. De même, il instille de façon discrète la notion d’assurance auprès de leurs gérants qui n’y sont pas forcément habitués. En pariant sur la croissance du pays, ils constitueront une cible de choix pour les produits d’assurance « classiques », une fois qu’ils auront atteint le niveau de vie proche de celui de la classe moyenne.
Actuellement, il semblerait que peu d’acteurs mondiaux soient présents sur ce secteur à faible marge. En revanche, des partenariats avec des institutions internationales comme l’IFC (Société financière Internationale) sont lancés dans une démarche aux allures de communication marketing.
Quels accès aux produits?
Il convient de renforcer la présence des assureurs dans les grandes agglomérations où se situent souvent les nouvelles classes moyennes puisque le réseau de distribution en zone peu urbanisée est compliqué à mettre en place. En outre, il ne faut pas oublier que les aspirations en matière de mode de vie sont souvent les mêmes qu’aux Etats-Unis ou en Europe; les stratégies relatives à la distribution multicanal trouvent également écho dans les pays émergents.
Ainsi, en prenant l’exemple du continent africain où le taux d’équipement en téléphones portables est très élevé, il existe peut-être des pistes de développement en pariant sur des modes de distribution essentiellement digitaux, sur une base mobile pour des zones rurales qui peuvent avoir besoin de produits d’assurance spécifiques.
Quelles modalités d’implantation pour des groupes étrangers?
De manière générale, les implantations des grands assureurs mondiaux se font généralement par le biais de joint venture, le rachat d’un acteur local voire le partenariat, plus que par l’installation de structure en propre. Il s’agit dans un premier temps de « tâter le terrain » et bénéficier d’une notoriété locale (les noms des grands groupes mondiaux ne sont pas toujours reconnus) pour ensuite accélérer le développement et accentuer l’exposition marketing.
Comme mentionné dans un précédent article, nous recensons trois principaux modes d’implantation :
- Le joint venture
- Le partenariat
- L’acquisition d’un acteur local
Même si ces stratégies de développement ont fait leur preuve, il n’en demeure pas moins que les contraintes règlementaires sont non négligeables et incitent parfois à réévaluer les opportunités d’implantation dans tel ou tel pays.
Et la règlementation?
Les diverses règlementations financières et de solvabilité obligent les assureurs à porter un œil très attentif sur la gestion du risque et sur leur solidité financière. Les « pays émergents » ne garantissent pas tous encore une visibilité aussi précise que d’autres pays. Les contraintes organisationnelles ou financières sont parfois plus élevées que les marges ou chiffre d’affaires envisagés et peuvent constituer de réelles barrières.
Par ailleurs, il faut tenir compte des autorités de régulation locales dont les pouvoirs se renforcent à mesure que les pays se développent. En effet, leur impact sur la règlementation est tel qu’il implique une adaptation constante des assureurs ce qui surenchérit l’investissement sur place.