La principale préoccupation des Français est leur santé et celle de leurs proches. Le dernier sondage BVA-Domplus révèle que 81% des personnes interrogées placent la santé en tête de leurs préoccupations devant la situation financière de leur foyer (67%) et leur emploi (66%).

La prévention autour de la santé représente donc pour les assureurs une réelle opportunité pour redorer leur image auprès de leurs clients. En effet, un autre sondage, celui-ci réalisé par YouGov en amont du salon de l’assurance qui s’est tenu à paris le 5 novembre, indique que 24% des personnes interrogées estiment le monde de l’assurance « indifférent » voire « antipathique » et 66% ne perçoivent aucune évolution du secteur, notamment pour ce qui est des services en ligne.

Les français, grands utilisateurs des applications mobheart and stethoscopeiles santé

Dans une étude Ipsos pour AG2R La Mondiale et MedAppCare, 43% des Français déclarent utiliser une application pour
smartphone de santé et/ou de bien-être, avec en moyenne 2 applications santé bien-être utilisées. Pourtant, la confiance qu’ils portent à ce type de service n’est que de 4,7 sur 10.

Les français considèrent également que les assureurs maladie, santé et mutuelle sont les plus légitimes, après les médecins, de proposer des applications mobiles autour de la santé.

Positionnement des assureurs sur les applications de prévention

Fortes de cet avantage et alors qu’il y a trois ans encore, elles lançaient çà et là de nombreuses interfaces globales ou très « nichées », sans vision à long terme (un assureur propose en moyenne 2 applications à ses clients, jusqu’à un maximum de 7), les compagnies ciblent désormais leurs outils mobiles avec une tendance de fond : la santé.

Depuis le début de l’année, les initiatives en la matière, à forte valeur marketing pour les assureurs, ne manquent pas. Entre autres, Harmonie mutuelle, avec son appli santé  Betterise, propose un service de prévention personnalisé et gratuit. Une orientation claire sur la santé et sa prévention que confirme le cabinet Colombus Consulting qui explique, au travers de son étude sur « la digitalisation au service de l’expérience client », que sur 64 applications mobiles recensées dans le secteur en 2016, 23 sont dédiées à la prévention.

Face à cette multitude d’applications mobiles dédiées à la santé, le groupe de protection sociale AG2R La Mondiale lance une plateforme en ligne regroupant les applications e-santé labellisées, en partenariat avec le label MedAppCare. En se basant sur une base méthodologique de plus de 70 critères (parmi lesquels l’ergonomie de l’application, mais également les aspects juridique, médical, scientifique ou encore technique), plusieurs évaluations de l’application e-santé sont réalisées par la société.

Des polémiques persistantes autour de la stigmatisation et des données personnelles

L’assureur américain John Hancock propose depuis avril 2015 son offre « Vitality », qui est étroitement liée à l’obtention d’un bracelet connecté FitBit. Grâce à cette technologie embarquée, l’assureur peut ainsi surveiller l’hygiène de vie de ses clients, offrant des réductions pouvant aller jusqu’à 15%.

Bonne nouvelle pour les assurés ? Pas nécessairement. La mutuelle suisse CSS Assurance contrôle également les données personnelles de ses clients, mais a décidé de majorer les primes d’assurance santé de ceux dont l’hygiène de vie ne serait pas assez bonne.

Les acteurs français du secteur de l’assurance sont cependant bien plus prudents que leurs voisins et n’impactent pas les performances des assurés sur leurs primes, mais encouragent et récompensent tout de même les performances grâce à des bons cadeaux et des réductions.

L’exploitation des données de santé personnelles collectées grâces à ces applications fait generali-vitality-logo_0aussi polémique. Un autre programme
« Vitality », cette fois-ci proposé par Generali, commence déjà à en pâtir avant même le lancement en France prévu le 1er janvier 2017. A travers ce programme qui suscite déjà de nombreuses réactions, Generali propose à ses clients entreprises de mettre en place un programme visant à améliorer le bien-être de leurs salariés. Même la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine s’était emparée du sujet, eu égard à la problématique des données de santé.

Yanick Philippon, membre du comité exécutif de Generali France, se veut pourtant rassurant à ce sujet : « Il y a donc une impérative nécessité pour nous de rassurer en affirmant qu’il n’y aura aucune donnée fournie à l’assureur. Les seules données accessibles à l’employeur ne sont pas des données personnelles mais des informations lui permettant de suivre le taux d’entrée, le taux d’engagement et le taux de maintien de ses salariés dans le programme Generali Vitality. Ce sont des informations anonymes qui ne sont que des indicateurs de participation. […] Il y a un vrai dispositif juridique de séparation entre le programme et l’assureur. ».

 

L’opportunité autour de la santé existe donc bel et bien pour les assureurs qui n’ont pas hésité à se positionner grâce à des produits et des services e-santé, sans manquer de créer des polémiques autour de l’éthique et de la protection des données, en particulier en France  où il s’agit de sujets très sensibles.