Avec la pression réglementaire, Solvabilité 2 ou encore la Loi Hamon, et l’arrivée de nouveaux acteurs tels que les Assurtechs, le marché de l’assurance connaît depuis quelques années un véritable bouleversement. Et l’activité des assurances de biens et dommages, IARD (Incendie, Accidents et Risques divers) n’est pas épargnée. La Loi Hamon, qui a pour conséquence une plus grande volatilité des assurés, impacte fortement les marchés de l’assurance automobile et de l’habitation. Ce phénomène est accentué par l’arrivée des Assurtechs, startups de l’assurance, dont les modes de fonctionnement permettent une plus grande souplesse et transparence pour les assurés. Avec une croissance de 2,2% en 2015 (1,6% prévu en 2016) pour un total de 52,3 milliards d’euros de cotisations, l’assurance IARD serait-elle l’une des pistes pour impulser le changement au sein de l’assurance ? Il est certainement trop tôt pour y répondre, néanmoins, ce marché offre des opportunités et les assureurs n’ont pas manqué d’imagination dans ce domaine. Petit tour d’horizon des solutions imaginées par ces derniers à travers trois portraits : le pionnier, l’insolite et le participatif.

 

Le pionnier : l’assurance à l’usage et les objets connectés

IoT, IdO… Ces technologies sont en plein essor et les assureurs y sont sensibles. Les deux marchés les plus représentatifs sont l’assurance automobile et l’assurance habitation. Grâce aux technologies telles que les capteurs, balises GPS ou encore la domotique, de nouveaux usages sont apparus. Et donc de nouveaux Business Models pour les assureurs IARD. De ce mariage sont nés le Pay As You Drive  (PAYD) et le Pay How You Drive (PHYD) pour l’automobile, et l’assurance pour « maison connectée » pour les contrats habitation. Mais quelles sont les caractéristiques de ces offres et à qui profitent-elles réellement ?

En quelques mots, le Pay As You Drive fût le premier service à voir le jour. La solution est simple : un capConnected car concept. Hand holding modern mobile device.teur placé dans la voiture mesure la distance réelle parcourue par l’automobiliste sur une période donnée et permet un calcul de la prime à verser personnalisable – souvent sous forme de régularisation sur le mois suivant – en fonction de l’utilisation du véhicule.

Le Pay How You Drive est une version plus évoluée car, outre la prise en considération du nombre de kilomètres parcourus pour le calcul de la prime à verser à l’assureur, le comportement de conduite de l’automobiliste va lui aussi être analysé. Vitesse, virages, coups de frein, accélérations, et d’autres données sont prises en compte via un boîtier et analysées afin de calculer une prime au plus proche de chaque style de conduite. Ces deux modèles nous viennent d’outre-Atlantique avec le développement d’offres assurance basées sur les usages (Used-based Insurance – UBI).

Pour les offres habitations, les concepts sont sensiblement identiques. Les capteurs d’analyse tels que les détecteurs de fumée, de température ou de mouvement déclenchent diverses actions permettant de limiter les risques au domicile. Des solutions plus complexes commencent cependant à apparaitre, avec l’utilisation d’une Box centralisée permettant de coordonner un ensemble de capteurs et d’appareils. C’est ainsi que l’électroménager se déclenche de manière automatique, des capteurs analysent les mouvements et déclenchent certaines actions comme l’activation du chauffage ou de l’éclairage. Les assureurs ne proposent pour l’instant que des réductions de primes ou de financement des objets pour encourager la prévention et la détection des sinistres. Cependant, au même titre que pour l’automobile ou la santé, il faut s’attendre à l’apparition d’offres tenant compte du comportement des personnes dans leur domicile.

L’insolite : l’assurance IARD et… la Blockchain ?

blockchain computer screen chainLa Blockchain, terme que l’on entend tous azimuts depuis peu, est un système de stockage de données numériques fonctionnant sous la forme d’un registre décentralisé sur des serveurs et sécurisé par un système cryptographique.  Le tout géré par les utilisateurs qui valident l’inscription de chaque transaction sur ce registre. Ce concept a d’abord séduit le monde de la finance grâce à la possibilité de pouvoir réaliser n’importe quel type de transactions de manière sécurisée et traçable. Mais ces aspects ont peu à peu suscité la curiosité d’autres secteurs ayant de forts enjeux de sécurisation des données et de traçabilité des opérations.

Aujourd’hui nous en sommes aux prémices de cette technologie, notamment pour un marché comme celui de l’assurance. Les premières utilisations sont marginales, comme en témoigne une start-up utilisant la Blockchain pour référencer et stocker les certificats d’authenticité des diamants ainsi que les déclarations de vols ou de perte et les rapports de police dans le but de limiter le risque de fraude. Ces opérations sont rendues possibles grâce à une utilisation de la Blockchain en lien avec une autre technologie : les Smart-contracts ou contrats intelligents. La combinaison de ces outils pourra se révéler génératrice d’opportunités notamment grâce à l’automatisation des contrats, à la simplicité de souscription tout en garantissant une sécurité et une confiance élevées. Les possibilités d’utilisation dans le secteur de l’IARD seront vastes et les assureurs montrent un intérêt grandissant, notamment via l’incubation de start-ups.

Le participatif : l’assurance collaborative

La mutualisation est le fondement même de l’assurance. Une communauté de personnes cotcustomer centricityise avec pour finalité de permettre l’indemnisation des dommages subis par ses membres. Dès lors que la technologie s’intègre dans le paysage, de nouvelles possibilités émergent et les assurés deviennent eux-mêmes acteurs de l’offre assurantielle. Les acteurs historiques l’ont bien compris et investissent dans de jeunes pousses dont les Business Models sont à la fois innovants et fédérateurs.

C’est le cas d’Amalfi ou de Lemonade. La première joue le rôle de courtier en assurance. Sa plateforme collaborative en ligne analyse les comportements des assurés afin de les regrouper par profils et attentes similaires. La prime est divisée en trois : une partie alimente un pot commun, une autre un fonds de protection pour les petits et moyens sinistres et une dernière est reversée à un assureur pour prendre en charge les sinistres importants non couverts par le pot commun. Un système plutôt commun en apparence, cependant la réelle différence réside dans le fait que l’argent restant dans le pot commun et le fond de protection est reversé aux membres de la communauté chaque fin d’année. Lemonade repose sur un principe similaire, mais à la différence que les assurés plutôt que d’être rassemblés par comportement choisissent de se rassembler autour d’œuvres caritatives. L’offre est identique jusqu’au reversement des fonds non utilisés. Dans le cas de Lemonade, les fonds sont reversés à une œuvre caritative selon le choix des assurés. Ce principe a d’ailleurs permis à la start-up d’être enregistrée comme entreprise d’utilité publique selon la définition américaine.

Ces nouveaux modèles assurantiels remettent l’assuré au centre de l’offre et responsabilisent son adhérence. Le résultat permet un contact plus fréquent avec l’assuré, au-delà des interactions classiques que sont la souscription et la déclaration d’un sinistre.

 

Ces trois portraits démontrent la volonté des assureurs IARD à innover et à mettre à profit les nouvelles technologies. Mais que ce soit les objets connectés, la Blockchain ou les startups, le point commun reste le Big Data, la gestion de données de masse. Et la donnée est un outil puissant et nécessaire pour les assureurs afin de mieux connaitre les assurés et leurs comportements, anticiper les sinistres et augmenter le nombre d’interactions avec les assurés. Pour cela, il est nécessaire que les assurés souhaitent partager leurs données et en permettre l’exploitation par les compagnies d’assurance. Selon une étude récente, ce serait le cas : la moitié des français serait prête à communiquer des données personnelles à son assureur IARD afin de bénéficier de services et tarifs adaptés. Tous ces changements sont en marche et le secteur de l’assurance est en train de connaître des bouleversements majeurs. L’IARD impulse de par ses innovations dans les offres automobile et habitation une volonté de modernisation qui se traduit par une modification intrinsèque du modèle classique de l’assurance.