Monétisation des données, un luxe ou un moyen de survie pour les assureurs?
Aujourd’hui, l’importance de l’exploitation des données pour les assurances est indiscutable. Au-delà de permettre l’amélioration des prédictions, les données permettent aux assurances d’avoir un temps d’avance sur les autres acteurs, un vrai plus dans un secteur où la concurrence est de plus en plus rude.
Les Big Data, réelle opportunité pour se tourner vers de nouveaux Business modèles
La numérisation des canaux et des processus, et par conséquence l’explosion des quantités de données générées est exactement ce qu’il fallait pour que les assureurs se tournent vers de nouveaux business modèles où les données sont au cœur de la stratégie. La monétisation des données, dans le cadre de ces nouveaux business modèles, dit Data-driven, est un moyen concret pour offrir aux assureurs un pouvoir tenace. Monétiser les données peut prendre plusieurs formes, soit en mettant en vente les données, échanger leurs données contre d’autres données ou services (Bartering), ou finalement utiliser les données à leur disposition afin d’améliorer les processus et services existants voire même en créer de nouveaux.
En trouvant les business modèles adéquats pour tirer profit des données, les assureurs peuvent faire des avancées majeures, notamment par la création de nouvelles méthodes de segmentation et par conséquence de nouvelles méthodes de tarification, et l’amélioration de la connaissance des clients. En d’autres termes, l’utilisation des données dans les assurances n’est pas limitée aux modélisations prédictives, mais peut être généralisée à la majorité de leurs activités, allant de la détection de fraudes jusqu’à la création de nouveaux produits et services.
La monétisation des données, un chemin parsemé de défis…
S’orienter vers ces business modèles est essentiel pour saisir les opportunités qu’offre la monétisation des données. En revanche, leur mise en place est loin d’être facile, et le chemin pour atteindre les objectifs souhaités est parsemé de défis. D’un côté, parce qu’en parlant de monétisation de données on oublie l’importance d’avoir la capacité et les infrastructures nécessaires pour pouvoir traiter les données concernées (gros volumes, variété et complexité), encore faut-il le faire en temps quasi réel. D’un autre côté, la collaboration avec d’autres acteurs et la création de tout un écosystème n’est pas un choix. En effet, dans ce cadre où les données constituent la « monnaie », et où leur maîtrise permet de mieux comprendre les clients et de se différencier des autres, il est nécessaire d’avoir les bons partenaires. Par exemple, avec des opérateurs pour accéder à des données de localisation.
Google, Apple, Facebook et Amazon, les concurrents de demain ?
Suivre ces nouveaux modèles n’est plus vraiment un pari à faire, se lancer dans la monétisation des données est devenu essentiel pour les assureurs.
Chez Axa par exemple, les rôles de leur Data Innovation Lab ont bien évolué par rapport à l’année dernière, passant du lancement de projets autour des données, à leur suivi jusqu’à leur terme. Ceci étant dit, les assureurs ont encore un long chemin pour mieux se repositionner. En outre, Ils doivent considérer l’entrée imminente d’autres concurrents, notamment les fournisseurs de données qui cherchent déjà à s’approprier une bonne partie de la valeur, voire même à devenir eux même assureurs. C’est le cas des GAFA, en particulier Google, dont la menace est alarmante. Leurs accès à des données diverses et quasiment illimitées d’un côté, et à des moyens infrastructurels et technologiques robustes de l’autre, leur donnent l’avantage de vite (et mieux) pouvoir transformer ces données et les utiliser pour mieux comprendre les clients des assureurs et répondre à leurs besoins. Les conséquences de leur entrée sur le marché peuvent s’avérer désastreuses pour les assureurs. Ceci dit, les opportunités dont ils disposent sont loin d’être le fruit du hasard, les utilisateurs accèdent à leurs services, laissent d’énormes quantités de données, leur permettant de les commercialiser, et les utiliser pour créer de nouveaux services, de quoi inquiéter les assureurs traditionnels…
Après tout, si on se demande est-ce qu’avec ce « retard », les assureurs sont amenés à disparaitre ? la réponse est non, en tout cas pas sur le moyen terme, cependant des stratégies concrètes et rapides autour de la valorisation de leurs données ne sont pas un luxe, mais bien une nécessité.