Les assureurs doivent-ils craindre le Brexit ?
Les britanniques ont provoqué la surprise générale en votant en faveur de la sortie de l’Union Européenne le 23 Juin dernier. Ce choc politique promet des répercussions financières et économiques auprès de nombreux acteurs. Les assureurs sont parmi les plus exposés aux risques en raison des lois Européennes les autorisant à exercer leur profession depuis n’importe quel État membre de l’Union Européenne sans y installer de filiale. Leur avenir est aujourd’hui incertain car les modalités de sortie de l’Union Européenne ne sont pas encore connues. Quelle est la nature des risques auxquels devront faire face les assureurs ? Doivent-ils réellement craindre le Brexit ? Retour sur les conséquences économiques de ce séisme politique…
À court terme : l’agitation des marchés financiers
La première conséquence de l’annonce de l’issue du vote a provoqué la forte baisse du cours de nombreuses valeurs boursières, et notamment celles des assureurs. Le 24 Juin, restera une date gravée dans l’esprit des assureurs : à titre d’exemple Aviva a enregistré une chute de plus de 18% de la valeur de son action, pour atteindre son niveau le plus bas depuis 2013. Generali a vu le cours de son action chuter de 14,94%, Allianz de 11,59% … Mais les assureurs se veulent rassurant, indiquant avoir étudié au préalable les conséquences de ce vote. Un grand assureur français estime qu’il n’y a « pas d’impact opérationnel important sur la société ». Allianz juge la situation gérable, même si l’assureur s’attend à des turbulences financières. Cette volonté de rassurer est également visible du côté des agences de notations qui affirment qu’il ne devrait pas y avoir de changement pour les assureurs, comme l’affirme Standard & Poor’s.
De l’importance des négociations commerciales entre le Royaume Unis et l’Union Européenne
La récente nomination de Théresa May va sans doute accélérer le processus de sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne qui suppose l’application de l’article 50 de la constitution Européenne, et prévoit une durée maximum de deux ans de négociation avant l’officialisation de la sortie des Britanniques.
Actuellement, les porteurs de risques sont libres d’exercer leur activité au sein de l’Union Européenne par le biais d’agences ou de passeports (le passeport est « la faculté pour une entreprise agréée d’un État membre de l’Espace Économique Européen d’offrir ses services sur le territoire d’un autre État membre à partir d’un établissement permanent (par exemple, une succursale ou une agence)». La plupart assureurs dommages et vie utilisent ce passeport au Royaume Uni.
Sans cette facilité, il semble que les acteurs de l’assurance seront demain dans l’obligation de mettre en place des filiales, qui engendreront des coûts supplémentaires en termes de mise en place et de capital ; un risque a priori anticipé par les assureurs, puisque le second assureur mondial, pour lequel le Royaume-Uni constitue son septième marché européen (5% du chiffre d’affaires) affirme sa solidité financière, en partie due à la diversification de son portefeuille.
Les institutions françaises et européennes garantissent l’avenir des assureurs
La Banque de France suit de près le Brexit et qualifie les assureurs Français de « très solides » au regard de leurs performances et de leurs structures financières. Cette déclaration est encourageante pour les marchés financiers. D’autre part, la Banque de France s’est engagée à répondre « à tous besoins éventuels de liquidités en euros et en devises ».
La Banque centrale Européenne réaffirme elle aussi son rôle de protecteur des marchés et sa volonté de maintien de l’euro comme monnaie forte de référence : « Nous sommes pleinement mobilisés et déterminés : l’euro est la monnaie stable ».
Toutes les conditions sont donc a priori réunies pour que les compagnies d’assurance puissent continuer leurs activités sur l’ensemble du territoire Européen. Officiel d’ici deux ans, le Brexit devrait engendrer un nouveau mode de fonctionnement inter-états et inter-entreprises, que nous pouvons supposer efficace et en accord avec les problématiques commerciales et humaines mondiales. Si les risques d’une telle réorganisation sont pris en compte par les assureurs, l’incertitude reste palpable. Laissons l’avenir venir pour identifier les impacts réels d’une telle refonte politique et économique.