Le 9 mai dernier s’est tenue à Paris la deuxième édition de l’Innovation Week de Samsung. Durant une semaine, une immersion au cœur de « l’entreprise augmentée » était proposée. Une galerie éphémère de 850 m2 exposait les nouvelles solutions digitales du constructeur, solutions ayant pour enjeu de transformer les business modèles de l’entreprise, de l’industrie, du retail et de la santé.

Les objets connectés étaient donc à l’honneur. Naturellement, des questions autour de leurs impacts sur la relation client et les business modèles existants ont émergé. Des représentants des Echos Etudes, de Gan Assurance, de Wordline, de Julhiet Sterwen et d’Umanlife ont tenté d’y répondre en se focalisant sur le secteur de l’assurance, lors de la conférence du 11 mai. Que faut-il en retenir ?

Les objets connectés s’immiscent dans l’assurance

Mesurer le nombre de pas effectués dans la journée ou évaluer la qualité de son sommeil font maintenant partie de notre quotidien. Ces gestes sont devenus réalité grâce à l’émergence des objets connectés, de plus en plus nombreux et toujours plus innovants. À en croire les prévisions, le nombre d’objets connectés passerait à 80 milliards d’ici 2020. Ces chiffres révèlent qu’ils sont bien plus qu’un effet de mode. Les objets connectés sont de véritables opportunités de croissance pour les assurances, qui voient se multiplier les applications dans les domaines de la santé, de l’habitation et des transports.

Au-delà des nouveaux services que les objets connectés font émerger, une nouvelle source de valeur voit le jour : le volume exponentiel de données qu’ils génèrent. Une étude publiée par IDC estime à 44 000 milliards de Giga Octets le volume de données générées par les objets connectés, d’ici 2020. Comment les assureurs peuvent-ils valoriser cette masse de données collectées et l’intégrer à leurs business modèles ?

L’internet des objets au service de la relation client

Google et Novartis lancent leurs lentilles de contact connectées mesurant en temps réel le taux de glycémie des diabètes tandis que Withings fait la promotion de sa balance connectée permettant de suivre son IMC et de choisir son programme de coaching sportif. Autant d’innovations digitales qui sont, pour les assureurs, de véritables leviers pour accélérer la mise en marché de nouveaux services. À la clef, une modernisation de leur image de marque ainsi qu’une évolution de leur positionnement. Les assureurs, plus modernes et plus innovants, se positionnent progressivement sur des services de prévention et d’accompagnement de leurs clients au quotidien, plutôt que sur de l’indemnisation classique des sinistres, dans le but de devenir de véritables acteurs de confiance.

On ne peut pas parler d’objets connectés, sans faire référence à la masse de données qu’ils génèrent. Les possibilités offertes par le Big Data sont une opportunité pour transformer la relation entre l’assureur et son client. En effet, les assurances, en possession en temps réel de ces données qualifiées, associées aux technologies de data mining ou d’analyse prédictive, peuvent comprendre, voire anticiper, les comportements et les habitudes de leurs clients. L’enrichissement de leur connaissance client leur permet de mieux évaluer les profils de leurs clients et de leur proposer des offres de services personnalisées, adaptées à leurs besoins du moment.

Une transformation des business modèles en cours

Payer son assurance en fonction de son hygiène de vie, une fiction ou une réalité ? Depuis, quelques années, de nouveaux business modèles assurantiels émergent. En Allemagne, Generali a lancé début 2016 son nouveau contrat d’assurance santé « Vitality ». Grâce au bracelet connecté « FitBit », l’hygiène de vie des clients est suivie et les prix des primes peuvent donc être modulés en fonction des données collectées. Ce modèle de type « Pay as you live » est encore frileux en France du fait de la réglementation et des lobbyings existants. En revanche, le « Pay as you drive » a déjà conquis le marché. Allianz France a lancé en octobre 2015, une offre automobile dont la cotisation varie en fonction de la conduite du client.

Une véritable révolution des modèles assurantiels existants est à prévoir. Plus question pour l’assurance de demain de calculer les risques sur des populations larges. Les opportunités offertes par les objets connectés amènent progressivement les assureurs vers une individualisation des risques. Reste à relever les nombreux défis, aussi bien juridiques que sécuritaires, qui permettront de déployer ce modèle en rupture.