L’open innovation, porteuse d’un nouveau regard sur l’assurance ?
Un nombre grandissant de compagnies d’assurance mettent en place des compétitions d’open innovation dans le but de trouver le produit ou l’application phare de demain. Aujourd’hui, chacune d’entre elles cherche à se propulser au sommet de l’ère du digital en offrant à ses clients des services sur mesure, accessibles au plus grand nombre.
Le concept d’open innovation date de plus de 10 ans. Il a été vulgarisé par Henry Chesbrough dans son ouvrage fondateur paru en 2003 “Open Innovation”. Ce concept de création est fondé sur le partage et la coopération (via des plateformes, réunions …) entre les entreprises dans une économie de marché où règne un climat de confiance et d’ouverture. Cette approche permet la mise en place de démarche solidaire et/ou éthique, ainsi que le partage des informations et des savoirs de manière libre, comme l’utilisation de licences libres, dites Open Data.
Une relation gagnant – gagnant entre deux acteurs complémentaires
Les enjeux d’un challenge d’Open Innovation sont doubles : l’entreprise commanditaire cherche à faire naître des projets innovants et à les accompagner tout au long du concours, tandis que les start-ups visent, grâce à cette opération, à toucher des marchés importants. La réunion de ces deux visions complémentaires permet l’apparition rapide, sur le marché de masse, de nouveaux procédés, produits ou services en accord avec les besoins des consommateurs. L’entreprise organisatrice rayonne lors de ce challenge en rassemblant autour d’elle une multitude de compétiteurs et d’intervenants. Par ailleurs, elle joue un rôle de guide en apportant des réponses aux participants tout au long du challenge et en orientant les projets vers une finalité économique rentable.
Le déroulement d’un challenge d’Open Innovation comprend de nombreuses étapes sélectives, qui poussent les concurrents à mûrir leurs projets au maximum. Généralement jeunes diplômés, les innovateurs doivent, le plus souvent, présenter leur projet sous forme de vidéo de deux minutes, exposant l’équipe et le projet. Un challenge s’étale habituellement sur six mois, du dépôt de candidature à l’annonce du gagnant.
Le challenge d’open innovation de Aviva : « Innov’ »
À titre d’exemple, à la fin de l’année 2015, Aviva a lancé un challenge d’open innovation : « Innov’ » destiné au Fintech et Insurtech. Pour pouvoir concourir, ces jeunes start-ups devaient remplir des critères précis : être innovante, exister depuis moins de cinq ans, être en lien avec les problématiques soulevées et disposer d’un produit en cours de développement ou finalisé, à destination du grand public ou des entreprises.
Objets connectés, communautés, agences 2.0 et prévention des risques étaient les principaux thèmes abordés lors de ce concours. Aviva, grâce à ce challenge, cherche à se positionner sur les marchés naissants et à mieux comprendre les consommateurs afin de leur proposer des produits plus en adéquation avec leurs besoins.
Selon Hugues Sévérac, directeur de l’innovation chez Aviva France, « l’innovation doit être une démarche organisée, partant d’une bonne compréhension des besoins non adressés du marché, et recherchant de façon collaborative les solutions pour y répondre. Elle doit associer largement les experts de l’entreprise qui connaissent leur marché, tout en s’ouvrant sur de nouvelles façons de l’aborder. Le succès vient de la motivation et de la capacité à exécuter, des qualités qu’on retrouve chez les créateurs de start-up. C’est pourquoi nous avons construit cette approche qui s’inscrit naturellement dans le plan stratégique Aviva 2020 et soutient l’ambition d’Aviva France de préparer les produits d’assurance de demain. »
Dans la même optique qu’Aviva, Natixis organise un challenge d’open innovation « Meet-up » afin de trouver des outils de mesure pertinents, destinés à évaluer les besoins en protection de ses clients. Les jeunes start-ups sont conviées à présenter leurs projets et notamment leurs solutions d’aide au diagnostic et de simulation d’aide à la décision. Ces outils pouvaient être à destination à la fois du chargé de clientèle et du client lui-même. De même, Allianz a mis en place à Nice, son accélérateur destiné à accompagner les start-ups dans leurs projets innovants. Celui-ci cherche plus particulièrement à faire apparaître de nouvelles technologies dédiées au Big Data, aux objets connectés, au fintech et aux stades de football connectés, un challenge est actuellement en cours.
L’open innovation se démocratise en s’ouvrant à tous les secteurs d’activité
Les challenges d’open innovation permettent aux entreprises, de manière générale, d’appréhender leur marché avec une perception nouvelle, puisque les start-ups apportent une vision différente, souvent plus proche de certains segments de la population et avec des propositions avant-gardistes.
Faire appel au challenge d’open innovation devient peu à peu une pratique commune, puisqu’il est aujourd’hui possible de trouver au moins un exemple d’open-innovation dans la majorité des grands secteurs de l’économie.
Dans l’univers de la construction, de nombreuses innovations issues de challenge ont été commercialisées comme par exemple Eco-nergy, récompensée par Bouygues Construction à la suite d’un challenge (système qui permet de réduire la consommation d’énergie des tractopelles et de la réutiliser pour gagner en productivité).
La SNCF est également porteuse de nombreux projets issus de l’open innovation avec, par exemple, le projet API qui permet la mise à disposition de certaines données de voyage. Les développeurs peuvent ainsi s’appuyer sur ces éléments pour développer de nouveaux produits ou services.
Un autre projet porté par la société de chemin de fer française concerne la société Fidzup, pionnière dans les technologies innovantes de géolocalisation. Son procédé permet aux commerçants de diffuser de la publicité aux consommateurs suite à une visite dans un point de vente. Ainsi, si je me rends dans une boutique de vêtement, qui utilise Fidzup, il y a de très grandes chances que je reçoive peu après, un message commercial de l’enseigne relatif à ma venue. Cette localisation s’effectue par le réseau Wifi, Bluetooth et ultrason, dès lors que votre smartphone est connecté à l’un des réseaux.
L’open innovation fait apparaître de nouveau acteurs
Cette politique d’innovations qui repose sur les start-ups a créé de nouveaux acteurs devenus incontournables, comme Agorize, qui édite des e-plateformes de challenges d’innovation. Apparue en 2011, Agorize compte 38 collaborateurs qui s’affairent à mettre en relation les entreprises en quête d’idées novatrices et des meilleurs talents. Agorize permet aux jeunes innovateurs du monde entier de se faire repérer, par son apport de valeur aux entreprises. Agorize a, par exemple, créé la plateforme d’open innovation de Aviva, mais aussi celle de la Banque Populaire pour l’opération : « Digital challenge by Banque Populaire Rives de Paris ».
L’objectif du challenge Banque populaire était de révolutionner la communication entre les agences et ses clients, ce qu’a réussi l’équipe lauréate « Think Bigger », composée de 5 étudiantes de l’IPAG Business School : Justine Pierre, Agnès Mantel, Alexia Renaudin, Valentine Priou et Kelly Mendes. Ce collectif a conçu une stratégie globale digitale autour du concept « My Pop’ Bank » qui repose sur une communication interne et externe efficace. L’objectif ? Conquérir et fidéliser les 15-25 ans, en se positionnant comme une banque proche des jeunes qui les connait, les écoute, sait s’adapter à leurs attentes et anticiper leurs futurs besoins.
Ces challenges d’open innovation sont de véritables accélérateurs pour les jeunes start-ups, à la fois pour se faire connaitre, mais aussi pour monter en compétence rapidement. Si vous avez des idées novatrices et que vous souhaitez les mettre en application, n’hésitez pas, tentez votre chance !