La Déclaration Sociale Nominative (DSN) est une nouvelle norme réglementaire, issue du « choc de simplification » initié par l’État français pour faciliter et simplifier la vie quotidienne des entreprises.

La DSN repose sur la transmission automatisée, normée et séquencée des données sociales aux différents organismes, publics ou privés par les entreprises.

Sa mise en place entraînant une amélioration du processus de traitement de l’information, elle sera pour l’assureur, qui est un intégrateur des données de la DSN, génératrice de multiples optimisations, que ce soit par la baisse du niveau d’obsolescence des données ou par l’enrichissement des données récupérées. La mise en place de la DSN, va transformer le système d’information des entreprises et les obliger à repenser leurs métiers, et à anticiper les réorganisations des entités concernées.

 

DSN et l’alimentation du KYC

Le KYC pour Know Your Customer est le nom donné au processus de connaissance et de suivi du client. Le KYC est issu de socle réglementaire destiné à la sécurité financière, regroupant la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme, le respect des embargos etc…. Les assureurs, comme tous les autres opérateurs de marché, doivent s’assurer que leur obligation de conformité (comme l’identification du client ou l’origine des fonds notamment) sont connus et légaux. En cas de doute, une déclaration de soupçon devra être remontée à TRACFIN.

La normalisation et l’automatisation du processus de traitement de l’information vont permettre aux assureurs de collecter des informations qui seront mises à jour régulièrement sur leur client et pourront ainsi améliorer leur processus KYC. Traditionnellement, le processus KYC, ayant pour objectif d’enrichir la base de connaissance client, est alimenté via de multiples points d’entrées (attestation de salaire, attestation employeur, etc …) donc sous de formats divers, ce qui complexifie l’automatisation et la bonne mise à jour des données.  La DSN, avec un flux mensuel normé, permettra à l’assureur d’intégrer un flux actualisé aux données exhaustives de manière régulière.

 

La réinvention des métiers de gestion

La modification du processus de récupération des données sociales transforme les métiers de la gestion. Le plan de charge habituellement observé sur une année se trouve modifié, les périodes de pic ou de baisse d’activité se trouvent lissées sur l’année par l’automatisation et la fréquence des envois de données. A ce titre, la taille des services de gestion de ces informations pourra être amenée à changer de configuration : des compétences complémentaires pour être en capacité de traiter des processus qui évoluent.

Dans ce cas, les actions et fiches de poste se trouvent elles aussi modifiées car certaines activités, comme la numérisation d’information reçue par format papier ou l’envoi des différentes relances, seront amenées à disparaître. A contrario, d’autres activités, comme la vérification des données intégrées ou l’analyse de ces données,  vont apparaître. Les assureurs devront anticiper et accompagner le « change mangement » nécessaire à la mise en place de la DSN en ayant recours le cas échéant à la formation des collaborateurs.

 

Un nouveau chantier de transformation du SI

La mise en place de la DSN se traduira par la capacité des assureurs à procéder aux transformations nécessaires du système d’information. Le facteur déclencheur de cette évolution étant réglementaire, les assureurs devront lui associer des objectifs de réduction des coûts et de valeur ajoutée. Cette rationalisation du système d’information devra être pensée et alignée avec la stratégie business, en intégrant les grands défis digitaux à venir comme le Big data, l’évolution et la personnalisation des  services proposés.

En effet, la mise en place de la DSN impose une évolution des SI pour :

  • réceptionner les informations (flux ou fichier,…)
  • « digérer » (intégrer et exploiter) les données qui arrivent périodiquement

En pratique, cela signifie que de nouveaux interfaçages avec des SI tiers vont devoir être mis sur pied, avec leur cortège de contrôles / contraintes en matière de risque, de qualité de donnée. En parallèle les SI internes devront également évoluer pour exploiter les données clients : définir de nouvelles cibles, affiner la connaissance du client ou détecter d’éventuelles fraudes. Bref, on continue d’aller vers une intégration / interaction grandissante des SI internes et externes.

Alors que l’on parle des changements en matière de CRM qui deviennent « connectés », il ne faut pas non plus sous-estimer la « source » DSN qui permettra d’étoffer la vision client. Charge ensuite au CRM de recouper toutes ces données, de les analyser pour en tirer les tendances et décisions en matière de politique commerciale.

 

Un accélérateur pour inventer l’assurance de demain

Les crises financières récentes et la montée du terrorisme vont mettre les assureurs mondiaux face à un socle réglementaire de plus en plus important. Le ralentissement de la croissance, la course à la compétitivité, la mondialisation de l’économie, l’impact de la démographie (population vieillissante) poussent d’un autre coté les assureurs à entreprendre une mutation de leur structuration, de leur stratégie, de leur offre de services.

Pour relever ces deux défis, d’évolution réglementaire et d’évolution stratégique, les assureurs devront innover pour s’approprier les évolutions technologiques, qui permettront de répondre ou d’anticiper les besoins de leurs clients. Ces piliers technologiques, représentés par le développement de la digitalisation, la mise en place de services innovants et le Big Data, devront être intégrés dans le système d’information des groupes d’assurance.

La digitalisation, l’automatisation et la fréquence de mise à jour des données que va apporter la mise en place de la DSN sera alors un formidable accélérateur de cette mutation.

 

Des données fiabilisées qui ouvrent de nouvelles perspectives d’accompagnement

Comme évoqué précédemment, la donnée client devrait gagner en qualité et en détail, ce qui pourrait améliorer la détection de tendances chez les clients.

À titre d’exemple, lorsque l’assureur percevra une nette hausse d’arrêts maladie, il lui sera éventuellement possible de proposer directement ou indirectement ses services pour essayer de comprendre le phénomène et de tenter par exemple de le limiter ou le diminuer.

Dans un autre registre, cette « intimité » renforcée avec le client pourrait en donner une meilleure connaissance et favoriser l’émergence de nouveaux services toujours plus spécifiques et ciblées.

Par ailleurs, en cas de détection d’une croissance significative des effectifs d’un de ses clients la compagnie d’assurance sera plus à même de lui proposer plus rapidement et plus efficacement de nouveaux contrats ou d’adapter ceux existants eu égard au changement de taille de l’entreprise (ex : services ou contrats pour lesquels l’éligibilité est fonction du nombre de salariés).