Comment pourraient survivre Société Générale sans Frédéric Oudéa, Apple sans Tim Cook ou Chanel sans Karl Lagerfeld ? Peu importe leur taille, les entreprises sont toutes plus ou moins exposées à un risque important : le décès ou l’invalidité de « l’homme clé ». Des études ont d’ailleurs montré que ce dernier était à l’origine de la disparition de pas moins de 15% des entreprises. De ce fait, comment faire face à ce risque ?
L’homme clé, pilier de l’entreprise
Dans une entreprise, l’homme clé peut être défini comme « celle ou celui qui possède un savoir-faire, une technique, une expertise et/ou des responsabilités uniques qui en font un élément indispensable ». Deux notions au moins sont donc au cœur de ce concept : la rareté (voire le caractère unique du personnage en question) et l’apport en termes de ressources (financières ou d’expertise(s)) pour l’entreprise).
Souvent, l’homme clé n’est autre que le créateur et dirigeant de l’entreprise : sa vision et ses compétences sont essentiels à la survie de l’entreprise. Cependant, il peut aussi parfois s’agir d’un ou de plusieurs collaborateurs indispensables. Quoiqu’il en soit et dans tous les cas, ses fonctions managériales, commerciales et/ou techniques s’avèrent très précieuses dans la prise de décisions stratégiques de l’entreprise. Notion assez large d’acceptations, l’homme clé peut donc être tout aussi bien le commercial dont l’activité génère une part importante du chiffre d’affaires, le chef de cuisine d’un restaurant étoilé, le styliste-designer d’une grande maison de couture, ou encore le pilote d’une grande écurie de Formule1.
Dès lors, l’entreprise se doit de prendre conscience des possibles risques liés à la perte de l’homme clé et des conséquences qui en découlent : baisse du chiffre d’affaires, chute du titre boursier, difficulté à rembourser les prêts bancaires, perte de confiance des clients, désengagement des partenaires financiers, voire cessation d’activité.
Un premier effort est donc à fournir par l’entreprise qui doit déterminer s’il existe en son sein un tel collaborateur.
Mais, une fois ce travail d’identification effectué (identification d’ailleurs difficile et qui peut se baser sur de nombreux critères), comment se protéger contre les risques et les pertes encourues ?
Souscrire un contrat d’assurance pour couvrir le risque
Si elles le souhaitent, les entreprises peuvent tout d’abord souscrire à un contrat d’assurance homme-clé. Encore méconnu, ce contrat consiste en effet à prendre en charge les conséquences financières du décès ou de l’incapacité de l’homme clé à exercer ses fonctions. L’incapacité de l’homme clé peut être temporaire ou permanente : il s’agit d’un personne ayant subi un dommage corporel et ne pouvant plus exercer (de façon temporaire ou permanente) une activité professionnelle rémunérée. L’incapacité doit être constatée et justifiée médicalement.
Ainsi, la perte d’exploitation, le remboursement des prêts bancaires, et les frais de réorganisation (recrutement, formation, remplaçant au chef d’entreprise) seront couverts par un capital rapidement versé par l’assurance à l’entreprise et permettront à l’entreprise de préparer sereinement leur survie.
Plus précisément, deux principaux mécanismes existent quant au calcul de la prime d’assurance :
• Il peut d’abord s’agir d’un système indemnitaire prenant en compte le préjudice financier subi (perte de marge brute de l’entreprise consécutive au décès de l’homme clé) ;
• Un capital forfaitaire versé à l’entreprise, calculé en fonction des besoins de cette dernière, peut également être envisagé. Dispositif se rapprochant du système de l’assurance vie, il est aujourd’hui celui privilégié par les assurés. Ce niveau de garantie doit représenter la contribution de l’homme clé à l’entreprise. Il peut donc se définir par un calcul de la perte de marge brute ou par un capital forfaitaire. La profession, l’âge et le niveau médical de l’homme clé peuvent aussi entrer en considération (ex : plus ou moins de 50 ans, manipulation d’outils/produits dangereux, fumeur ou non-fumeur, etc.). Enfin, le capital est aussi défini en fonction du montant des capitaux assurés et du type de garanties souscrites.
Le capital versé à l’entreprise, même s’il ne pourra pas résoudre tous les problèmes liés au décès ou à l’invalidité de l’homme-clé, représente donc une réelle sécurité pour l’entreprise (ses salariés, actionnaires, fournisseurs, clients, partenaires financiers) et permettra d’assurer la continuité des activités de l’entreprise et le paiement de ses charges fixes.
D’autres alternatives pour diminuer le risque
Pourtant, pour certaines entreprises, il n’est pas toujours aisé de débloquer des ressources financières suffisantes afin de souscrire à un contrat d’assurance homme-clé. Elles doivent donc se tourner vers d’autres solutions moins onéreuses.
Pour faire face à ce danger, les entreprises ont la possibilité de mettre en place un outil de management – la délégation – qui consiste à limiter la formation d’hommes-clé au sein d’une entreprise. Pour la mettre en place, le chef d’entreprise doit tout d’abord identifier les activités sur lesquels des hommes-clé ont une forte influence par leurs compétences (et de définir un niveau de risque associé). Il faut ensuite identifier les personnes ayant des compétences similaires, et qui sont susceptibles de pouvoir les remplacer en cas d’indisponibilité. Enfin, il faut « se préparer au pire », c’est-à-dire disposer des accès aux outils de travail, obtenir les processus et procédures nécessaires et avoir à portée de main des indicateurs de performance.
Une autre alternative possible pour les entreprises est de réaliser régulièrement des simulations de crise. Pour cela, de plus en plus d’entreprises ont recours à des cabinets de conseil qui préparent et réalisent de tels exercices, sur la base de scénarios adaptés à l’environnement spécifique du client. L’un de ces scénarios pourrait donc être la disparition d’un ou plusieurs hommes-clé d’une entreprise. Face à la simulation de ce problème, l’entreprise pourrait alors apprendre à développer des actions et des réactions à même d’assurer la continuité de ses activités.
Ainsi, la formation d’un ou plusieurs hommes-clé au sein d’une entreprise représente une force qui permet à celle-ci de progresser et faire fructifier son profit. Mais il représente également un risque en cas de disparition ou d’invalidité. Le contrat d’assurance homme-clé représente une solution possible, tout comme la délégation ou encore la mise en place d’exercice de gestion de crise. Tout chef d’entreprise a pour mission de maîtriser et assurer la pérennité de son entreprise : couvrir ce risque de disparition ou invalidité en fait partie.