Assurance moto, vraiment différente de l’assurance auto ?
3,6 millions de deux ou trois-roues motorisés composent le parc des véhicules français immatriculés en 2012. Autant de véhicules à assurer dans un contexte concurrentiel, à la fois attractif et en développement pour les acteurs qui se partagent le marché.
Historiquement réservé à une population de passionnés, le deux-roues est aujourd’hui la cible d’une population plurielle, qui assimile davantage le deux-roues à un mode de transport quotidien qu’à un loisir de plein air. Les deux-roues motorisés et assimilés composent ainsi un parc hétérogène de véhicules de 3ème catégorie composé notamment de motos de route (38%), scooters (33%) et tricycles (13%).
Mais alors, comment l’assurance s’adapte-t-elle aux besoins des motocyclistes ? Et en quoi est-elle différente de l’assurance auto ?
L’assurance moto, qu’est-ce que c’est ?
À l’instar de l’automobile, et ses 32,2 millions de voitures particulières composant le parc français en 2014, les véhicules légers répondent à plusieurs obligations légales telles que le respect du code de la route et la souscription à une assurance. Ainsi, au même titre que l’assurance auto, la seule assurance obligatoire est la responsabilité civile suivant l’article L211-1 du code des assurances.
Néanmoins, l’assurance moto est singulière et se démarque de l’assurance auto de plusieurs façons.
Des facteurs différenciants
L’assurance moto : vers du sur-mesure
En effet, un ensemble de paramètres définit une offre d’assurance deux-roues : le type et le modèle du véhicule, l’équipement associé, la couverture, l’usage, etc. Les assureurs l’ont bien compris et s’en servent pour appliquer leur stratégie de différenciation et proposer un socle classique de garanties avec des options à la carte.
De même que l’assurance auto, la couverture varie de l’assurance au tiers jusqu’à l’offre tout risque avec options. L’assurance moto, déjà spécialisée, pousse très loin la personnalisation des offres allant jusqu’à une hyper-segmentation du marché pour répondre aux besoins de niche et attirer une clientèle friande de sur-mesure. Bien que permettant d’établir des offres aux prix les plus justes, ces pratiques ont l’inconvénient de complexifier les contrats d’assurance.
Des risques plus élevés
La seconde particularité est le reflet d’une réalité plus dommageable : la sinistralité élevée des deux-roues. Du côté de l’accidentologie, les statistiques de la sécurité routière le prouvent. Les accidents impliquant les deux-roues ont provoqué 25,1% des tués sur la route en 2013 (819 morts) et 30% des blessés (21 795 blessés). Ces chiffres sont le reflet de la conduite spécifique du deux-roues où le pilote est en première ligne de tout accident. Les assurances proposent des offres adaptées à ces risques incluant des garanties corporelles importantes.
Du côté de la dégradation et du vol, les chiffres ne sont guère mieux. En 2014, 59 835 deux-roues ont été volés, soit 10% des véhicules motorisés subtilisés en France selon l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales. Ces statistiques éloquentes influent sur les prix et contraignent les assureurs à exiger de l’assuré des équipements antivols mécaniques ou électroniques agréés.
Un marché unique
Initialement peu disputé par les assureurs conventionnels pour les spécificités évoquées ci-dessus (marché de niche et sinistralité élevée), le marché de l’assurance deux-roues était monopolisé par des mutuelles d’assurance grand public telle que l’Assurance Mutuelle des Motards (ADMDM), la MMA et la Macif. Ces acteurs répondaient alors au besoin des sociétaires tout en offrant, dans un second temps, une couverture spécifique.
Désormais, l’on croise des acteurs divers, donnant un tournant concurrentiel au secteur. En plus des mutuelles, nous retrouvons les assureurs conventionnels, bancassureurs (tels que Axa et le Crédit Agricole), courtiers et courtiers-grossistes. A l’inverse des deux premiers, qui se contentent d’une présence a minima, les courtiers ont percé récemment en introduisant des offres quasi sur-mesure, en innovant sur les stratégies marketing et en utilisant des canaux de distribution novateurs. Pour cela, ils s’appuient sur des porteurs de risque, tel que Allianz pour APRIL Moto, l’un des leaders français du marché.
Les courtiers-grossistes ciblent tout particulièrement un marché de niche où il est possible de créer des produits innovants adaptés à des besoins spécifiques. Ils suivent une orientation « digital » en proposant des services en ligne dont notamment les simulateurs de tarifications en fonction des besoins, la souscription et l’édition de documents contractuels en ligne. L’Assurance Moto Verte (AMV, filiale de Fihlet Allard) a également mis à disposition de ses clients le réseau social MotoSpot.
Néanmoins, la baisse du pouvoir d’achat entamée en 2008 a eu un effet direct sur le marché des deux-roues. En effet, seuls 20% des achats de deux roues sont réalisés à crédit (contre environ 50% pour les voitures), la crise a donc eu un impact direct sur le nombre de mises en circulation. Ainsi, comme l’indique les chiffres de la Chambre Syndicale Internationale de l’Automobile et du Motocycle, la vente de véhicules de 3ème catégorie baisse d’environ 10% par an depuis 2008. Ajoutée à la sinistralité élevée et au regain de tension concurrentielle, la diminution de la masse assurable provoque une véritable crise du marché de l’assurance deux-roues motorisés. Cette crise a été compensée par un fort attrait pour les moins de 50cm2 et les tricycles, mais même ce marché s’essouffle sur 2014 avec des baisses respectives de 7,3% et 5,7%.
Pour autant, les cotisations sont stables dans le temps. En 2012, les cotisations d’assurance des deux-roues s’élevaient à 909 millions d’euros.
Vers de nouvelles tendances
Malgré la crise du secteur du deux-roues français, la France reste en tête des immatriculations de deux-roues en Europe. Et contrairement à ses voisins étrangers, la France est optimiste sur l’avenir du marché. En 2015, une légère hausse de 0,4% est prévue ce qui inversera la tendance constatée depuis 2008.
Aussi, les assureurs poursuivent leur stratégie de différenciation. Par exemple, des assureurs nouent des partenariats avec des constructeurs et fabricants tel que APRIL Moto qui entretien un partenariat avec Dainese, un équipementier moto.
Autre exemple, en Espagne, l’assureur Verti a lancé en 2012 l’assurance « Seis Ruedas », en français « Six Roues », destinée aux personnes utilisant de façon alternée la voiture et le deux-roues. L’assureur promet une gestion unifiée des deux assurances sous un même contrat et un rabais minimum de 20%.
Enfin, l’assurance moto n’est pas ignorée par l’assurance collaborative, ce nouveau moyen de « consommer » l’assurance permet déjà de souscrire une assurance à moindre coût. Par exemple, la plateforme collaborative française Inspeer vise depuis son lancement le secteur de l’assurance deux-roues.