Les négociations paritaires des mesures à prendre pour redresser les comptes des régimes de retraite complémentaire AGIRC ARRCO, dont les déficits comptables pourraient menacer la pérennité même, n’ont pas abouti avant l’été comme le prévoyait leur calendrier et devront se poursuivre à partir de cet automne. En effet, les  5 réunions qui se sont tenues entre janvier et juin derniers n’auront pas suffi à mettre d’accord le MEDEF, d’un côté, et les Syndicats de Salariés, de l’autre, sur les leviers à actionner pour rééquilibrer les comptes de l’AGIRC et l’ARRCO.

Des divergences prévisibles entre les Partenaires sociaux

Qui doit porter l’effort financier qui sauvera les comptes des régimes de retraite complémentaire ? D’une part les retraités, dont le principe du gel de leurs pensions est inévitable pour l’ensemble des partenaires sociaux. Mais également les salariés, selon le MEDEF qui argue inévitablement que, par ailleurs, la conjoncture économique ne permet pas aux entreprises de dégager les bénéfices nécessaires au financement d’une hausse des cotisations patronales de retraite complémentaire. Le Représentant du Patronat a donc proposé, lors de la dernière réunion de négociation le 22 juin dernier, que les pensions de retraite complémentaire ne soient réglées à taux plein qu’à partir des 65 ans du salarié qui, s’il  part en retraite avant, se verrait appliquer un abattement de 30 % à 62 ans, 20 % à 63 ans et 10 % à 64 ans.

Les Syndicats de Salariés ne sont pas opposés à l’utilisation de ce levier. Le problème est que cette grille de décotes dégressives proposée par le MEDEF est la révision du même dispositif, beaucoup plus dur, qu’il avait proposé  lors de la réunion précédente et qui avait alors bloqué la négociation : des pensions de retraite décotées de 40 % pour les départs en retraite à 62 ans, puis 30 % à 63 ans, 18 % à 64 ans, 2 % à 65 ans… et enfin 1 % à 66 ans.

Bien qu’il s’en soit défendu en mettant en avant notamment que l’âge légal de départ en retraite dans d’autres pays de l’OCDE se situait entre 65 et 70 ans, le MEDEF avait alors été accusé par les Syndicats de chercher à contourner la loi sur l’âge de départ à la retraite (62 ans actuellement).

Cette proposition est-elle si mauvaise en soi ?

L’âge de départ à la retraite est un levier comme un autre à envisager et les projections des comptes des caisses de retraite (complémentaire mais également obligatoire) ne laissent guère d’illusions sur l’inéluctabilité d’allonger la durée de cotisation par l’élévation de l’âge de départ à la retraite. Mais le MEDEF, peut-être par stratégie, a braqué les Syndicats des Salariés qui l’ont soupçonné de vouloir se venger des réformes des retraites de 2010 et 2014, et qui jugent par ailleurs le montant des décôtes proposées en juin encore beaucoup trop élevées.

D’autres crispations ont achevé de ralentir l’avancée des négociations : la date de mise en application de la mesure de décote des pensions si elle est adoptée, et la contribution des entreprises au renflouement des caisses de l’AGIRC et l’ARRCO. Sur ce dernier point, au nom du maintien de la compétitivité des entreprises, le MEDEF refuse le principe de la hausse des cotisations patronales, lorsque les Syndicats de Salariés la revendiquent au nom du partage des fruits de la croissance.

Ce dialogue de (presque) sourds se poursuivra par des rencontres bilatérales pendant l’été et les négociations reprendront le 16 octobre prochain.