Le sage n’est pas celui qui sait beaucoup de choses, mais celui qui voit leur juste mesure » Platon
Intelligence économique et assurance : quel lien ? La Directive Solva II et le dispositif ORSA. Anticiper et circonscrire les aléas, assurer leur acceptabilité, saisi les opportunités et gérer les crises : l’Intelligence économique présente des atouts pour les nouvelles exigences en matières de gestion des risques qui seront prochainement imposées aux assureurs.
La veille stratégique : un outil de maîtrise et d’organisation de l’information
Les assureurs n’ont plus que quelques mois pour mettre (en place et) en œuvre leur dispositif ORSA. S’inscrivant dans une démarche ERM (Enterprise Risks Management), il est important pour les acteurs d’identifier et évaluer dans un premier temps les risques qui leur sont propres. C’est dès cette étape que commence à intervenir l’intelligence économique. Elle comprend la recherche, le traitement et la diffusion d’informations pertinentes, notamment par le biais d’une « veille stratégique ».
Intégrée au dispositif ORSA, cette veille stratégique peut être un outil efficace dans la démarche ERM afin de maîtriser les risques de manière efficace et prospective. Les systèmes de gestion des risques traditionnels restent limités à la détection de risques déjà cartographiés ce qui ne permet pas à l’entreprise d’anticiper des évènements imprévisibles tels que les risques concurrentiels. Cette limite est d’autant plus contraignante que le champ des risques s’est considérablement élargi et complexifié. Contrairement à ces systèmes, le périmètre de veille en Intelligence économique est beaucoup plus large. La veille stratégique est plutôt fondée sur une logique d’intégration et de coordination de réseaux divers d’information et d’acteurs. L’activation de ces réseaux crée une capacité de travailler ensemble, de coordonner et de partager l’information et la connaissance. Si la veille dans l’Assurance se limite bien souvent aux produits ou à l’environnement juridique, elle pourrait également prendre en compte dans l’optique ERM les éléments suivants :
- les secteurs stratégiques
- le domaine commercial
- le domaine gestion
Les informations collectées sont traitées via la réalisation d’études, de benchmarks afin d’en dégager des menaces, des opportunités ou des tendances. L’Intelligence économique peut ainsi aider à détecter les signaux faibles annonciateurs des surprises de l’environnement global de l’établissement et ainsi d’avoir une vision plus claire des risques potentiels.
L’Intelligence économique : pilotage et maîtrise efficiente des risques
L’intérêt du dispositif ORSA est de prouver la capacité de l’assureur à mettre en œuvre sa stratégie commerciale en cohérence avec sa maîtrise des risques. Il doit représenter un outil d’aide et d’amélioration à la prise de décision. Ainsi, après leur identification et leur mesure, les risques doivent être pilotés de manière à participer à la prise de décision stratégique. Là encore, l’intelligence économique intervient.
L’intelligence économique ne se pas comme la livraison d’une information brute aux services internes de l’assureur. La veille stratégique est exploitée en définissant des scénarii selon les menaces ou opportunités identifiées. Correctement pilotée et intégrée à la démarche ERM, l’intelligence économique met en avant des solutions adaptées à l’environnement externe de l’assureur. Les indicateurs de risque deviennent de véritables éléments de prise de décision en matière de stratégie et de politique commerciale. L’intelligence économique contribue ainsi à la performance de l’établissement.
Des assureurs comme Scor, CNP ou Gras Savoye ont très tôt intégré un service d’intelligence économique dans leur organisation, et considèrent à ce titre, que cette activité est complémentaire de celle du risk management.
A la veille de Solva II, l’intelligence économique continuera-t-elle à susciter méfiance des assureurs Français ?