Stéthoscope intelligent : la technologie au cœur de la santé
À l’occasion du Festival SXSW qui se tient chaque année au Texas, la société Eko Devices a présenté en mars dernier la sortie de son stéthoscope intelligent, un petit bijou de technologie qui vient se joindre à la – désormais – grande famille des objets médicaux connectés.
Le stéthoscope intelligent, Kesako ?
Ne vous fiez pas à son apparence classique ; le stéthoscope intelligent Eko Devices n’a pas grand-chose à voir avec son homologue vieux de plus de deux siècles. Et pour cause, ce petit appareil respire la modernité : le PDG de la société, Connor Landgraf, fraîchement diplômé de l’université de Berkeley aux États-Unis, indique s’être inspiré de Shazam pour sa création, l’application de reconnaissance musicale au succès phénoménal.
C’est ici le corps humain qui est analysé via l’Eko Core, un petit adaptateur qui enregistre les battements du cœur et les transfère via bluetooth à une application mobile capable de les interpréter. Les informations enregistrées sont comparées via un algorithme à une base de données conséquente, fruit d’un partenariat de plusieurs mois avec différents hôpitaux du pays. L’analyse ainsi réalisée doit permettre au médecin de détecter les anomalies cardiaques et de faire passer davantage de tests à son patient si nécessaire.
C’est une innovation prometteuse que nous propose la start-up américaine : peu couteux (environ 150$), le stéthoscope intelligent pourrait s’avérer un outil précieux pour les praticiens qui rencontrent bien souvent des difficultés à le maîtriser et à en retirer des diagnostics précis. Son succès est donc attendu par Eko Devices, qui a déjà comme objectif de développer toute une gamme de produits de ce type et de l’élargir sa distribution au grand public.
Petit gadget pour grands enjeux
Cette innovation a de quoi appâter les compagnies d’assurance, qui voient dans les objets connectés une réelle aubaine. En effet, l’information considérable apportée par ces petits objets du quotidien offre la possibilité d’une connaissance très fine des assurés et de leur comportement. Outre l’adaptation des primes et garanties, les objets connectés deviennent un levier de prévention pour les assureurs, qui en conseillant et en coachant leurs assurés ont la capacité de réduire les risques à couvrir, et donc les indemnisations versées.
Cette vision d’une relation gagnant-gagnant entre assureur et assuré se heurte néanmoins aux polémiques générées par ces nouveaux usages. Nous avions mis en lumière les risques sur la protection des données des utilisateurs d‘objets connectés. Cet argument est à nouveau mis sur la table par une poignée de médecins qui craignent les retombées de telles pratiques sur le secret médical. D’autant plus que la communication de données santé aux assureurs ne relève pas de la science-fiction. Axa a déjà franchi ce cap avec le dispositif Pulse, qui propose des récompenses aux participants respectant leur objectif de marche à pieds quotidienne.
Si la révolution des objets connectés revêt des enjeux de taille, elle présente en même temps de belles promesses : elle permet tout d’abord d’imaginer une prévention accrue de la maladie, notamment via une meilleure autogestion de sa santé. Mais elle fait également espérer, grâce à des examens et soins médicaux plus ciblés, une possible réduction des dépenses de santé en France, qui représentent aujourd’hui 11,7% du PIB.