Le marché mondial de l’art ne cesse de croître, avec notamment des ventes aux enchères publiques atteignant 15,2 milliards de dollars (13,5 milliards d’euros) en 2014, selon le 13ème rapport annuel réalisé par Artprice et AMMA. Le marché français occupe la quatrième place mondiale. Toutefois, si le marché de l’art connaît une croissance forte et continue, l’assurance des œuvres d’art reste une branche de l’assurance IARD très peu connue des possesseurs d’arts. Ce marché de niche, destiné à des professionnels ou à des amateurs éclairés, présente pourtant de belles opportunités de croissance.
Comment évaluer une œuvre d’art ?
Pour assurer une œuvre d’art, il faut d’abord en connaître la valeur. Celle-ci peut être évaluée de deux façons :
– La valeur agrée déterminée au moment de la souscription par une expertise. En cas de sinistre, l’assuré n’aura pas à en apporter la preuve. Cela peut être intéressant pour le collectionneur d’œuvres classiques qui ne se déprécieront pas et qui seront donc, en cas de dommage, couvertes en fonction de leur valeur à la souscription.
– La valeur déclarée par l’assuré au moment de la souscription. Celui-ci devra en apporter la preuve au moment du sinistre. S’assurer en valeur déclarée est pertinent pour des collectionneurs d’art contemporain dont la cote est susceptible d’augmenter fortement. L’assuré pourra ainsi faire évoluer la valeur de son assurance à chaque renouvellement ce qui lui permettra, en cas de sinistre, d’avoir une indemnisation le plus proche possible de la valeur du marché.
À quels risques sont exposées les œuvres d’art ?
Trois types d’acteurs sont à l’origine de la demande en assurance d’œuvres d’art : les collectionneurs, les galeries et marchands d’art, ainsi que les musées et fondations.
Leur besoin en assurance est fondé sur les mêmes types de risques, à savoir :
– le vol ;
– le risque matériel du fait d’accidents naturels (incendie, inondation…) ou humains (chute, choc, mauvaise manipulation) ;
– le risque immatériel, notamment le défaut d’authenticité ou le risque financier.
Toutefois, les comportements de ces acteurs diffèrent. Il est donc pertinent pour les assureurs de s’adapter à chacun d’eux afin de leur proposer une offre cohérente avec les risques encourus.
Il y a d’une part les collectionneurs, sans qui le marché de l’art ne pourrait exister. Il est cependant délicat de définir cette catégorie tant les profils sont variés : leurs pouvoir d’achat, réputation, influence et l’importance de leur collection peuvent être considérables ou minimes. Afin d’être en phase avec leurs besoins, les assureurs doivent connaître précisément leurs habitudes, leur comportement, la nature et l’étendue de leur collection. En outre, étant donnée la diversité de ces acteurs, il est conseillé aux assureurs de développer une expertise, des compétences et offres ciblées pour une certaine partie de ces collectionneurs.
Les galeries et marchands d’art sont des vendeurs d’œuvres d’art. Les œuvres sont donc déplacées vers un lieu d’exposition, sont manipulées, emballées, déballées, stockées. Le risque de détérioration est grand. Afin de leur proposer une solution pertinente, les assureurs analysent leurs modes de fonctionnement : nombre d’expositions réalisées dans l’année, montant des œuvres déplacées, valeur du stock moyen, etc.
Enfin, les musées et fondations ont pour principal risque, les dommages liés à des visiteurs. Afin de proposer une solution adaptée aux besoins de ces acteurs, l’assureur a donc intérêt à prendre en compte des éléments tels que les horaires d’ouverture et les modalités d’exposition au public.
Où en sont les assureurs ?
Les 3 leaders de ce secteur proposent des offres qui se ressemblent dans leur contenu mais qui diffèrent selon l’acteur auquel ils s’adressent.
Chacun propose des produits permettant d’assurer, d’une part, les professionnels de l’art (galeristes, marchands d’art, antiquaires et restaurateurs), les musées et les fondations, d’autre part, les particuliers collectionneurs et amateurs d’art.
Tous proposent les garanties :
– Multirisque (incendie, dégât des eaux, etc)
– Protection juridique, notamment pour les collectionneurs
– « Tous risques sauf » pour les professionnels ;
– « Salons, foires et expositions » et « clous à clous » afin de couvrir les déplacements d’un lieu à un autre professionnels ;
– Casse, vol, restauration après sinistre, risque de dépréciation après sinistre, particulièrement pour les musées ;
– Etc.
Un certain nombre de risques ne sont pas couverts par les assureurs. Il s’agit notamment de ceux liés aux restaurations réalisées par des personnes non qualifiées ou avec des méthodes ou moyens non appropriés, aux mauvaises conditions de conservation, ou encore aux actes de guerre.
Pour bénéficier de ces contrats, la collection doit avoir une valeur minimum estimée de 80 000 euros. Ce minimum s’élève même à un million d’euros pour d’autres leaders du marché. Il n’existe donc pas de solution pour un collectionneur de plus petite envergure souhaitant assurer sa collection inférieure à 80 000 euros. De ce fait, un assureur souhaitant développer une offre produit pour ces acteurs ne se retrouverait pas en concurrence avec les grands leaders du marché. En outre, assurer les collections de moins grande valeur diminue largement le niveau d’engagement maximal par sinistre. Ici, l’enjeu est d’être capable de développer une offre visant un grand nombre de « petits » collectionneurs afin de mutualiser les risques et d’amortir les frais de gestion.
Par ailleurs, même au-delà de 80 000 euros, les collectionneurs français sont très peu à assurer leur collection. Cette réticence est due à une ancienne obligation de déclaration fiscale du patrimoine en œuvres d’art, aujourd’hui abrogée. Mais aussi à l’ignorance, à un manque de confiance à l’égard des assureurs et à un coût prohibitif. Il est donc nécessaire pour les assureurs de communiquer sur l’existence de solutions adaptées à un nombre plus large d’acteurs et surtout sur les différents risques que peuvent encourir les œuvres d’art.