Depuis la crise financière et la multiplication de scandales, les compagnies d’assurance sont confrontées à une profonde crise de réputation. Pourtant, le métier accompagne les évolutions de la société en prenant en compte de nouveaux risques. L’assurance joue ainsi, un rôle aussi économique que social en alertant l’opinion, en sanctionnant économiquement des pratiques inconséquentes et en promouvant des actions responsables. La mise en place d’une démarche RSE représente pour les compagnies d’assurance, l’occasion d’améliorer leur image et de redonner confiance aux consommateurs.
Les 3 piliers de la RSE et l’assurance durable
Apparu dès les années 50, le concept de RSE représente la déclinaison du développement durable pour les entreprises. La notion s’articule autour de 3 piliers : social, environnemental et économique.
• Pilier social : mise en œuvre d’une politique sociale responsable et respectueuse des droits de l’Homme à destination des salariés et de la société civile de manière globale
• Pilier environnemental : respect de l’environnement naturel
• Pilier économique : gouvernance et investissement responsable
Les assureurs sont directement concernés par la problématique du développement durable. En effet, la maîtrise de nouveaux risques impose aux acteurs de comprendre les futurs enjeux sociaux, environnementaux et économiques. L’assurance est ainsi un véritable vecteur de la diffusion du développement durable. La prise en considération des enjeux RSE s’est traduite dans le secteur par la rédaction en 2009 d’une Charte à l’initiative de la FFSA et la GEMA (AFA ).
Les enjeux RSE pour les acteurs du secteur de l’assurance consistent à :
• Développer des produits et services transparents et socialement responsables
• Assurer l’accès à la protection pour toutes les catégories d’assurés
• Relayer l’action de l’Etat pour compenser les insuffisances grandissantes des régimes de protection obligatoires
• Accompagner les actions environnementales et sociales
Où en sont les assureurs ?
Les entreprises d’assurance doivent prendre des mesures concrètes pour retrouver du crédit auprès des consommateurs. Aujourd’hui, les assureurs avancent de façon disparate sur les 3 piliers de la RSE en fonction de leur stratégie, de leurs convictions, de leur positionnement sur le marché et surtout de leur capacité financière et organisationnelle à lancer et mener à bien un projet RSE. La rentabilité de la démarche n’est perceptible que sur le long terme. Sa mise en œuvre est par conséquent souvent conditionnée à la capacité qu’ont les entreprises à investir dans ce type de projet. Les grands acteurs peuvent se démarquer et poser ainsi les jalons et fondements de la démarche RSE. Pour les acteurs de taille moins importante, il est plus difficile de construire un tel projet.
La démarche employée par les acteurs du secteur est double. Elle s’exprime autant par des engagements éthiques que par une transformation de leur modèle économique. En effet, ce qui distingue davantage les assureurs des autres industries, c’est que leur engagement se traduit immédiatement dans leur offre produits. Les assureurs ne cherchent plus uniquement à proposer un meilleur prix pour une garantie donnée, mais davantage à proposer des services et des engagements associés, particulièrement sur les propositions santé et prévoyance comme la création de réseaux d’entraide, les suppressions de limites d’âge, l’assistance à l’autonomie, le dépistage etc….
Sur le volet social, on note une volonté d’engagement forte et la multiplication des actions des Ressources Humaines à destination des salariés sur les thèmes du handicap au travail, de la mixité, des seniors et de la formation des jeunes. Des initiatives ont également été prises sur des sujets qui dépassent le cadre restreint de l’entreprise au bénéfice de leurs propres consommateurs. Le secteur a ainsi développé de nombreux produits multiformes visant à améliorer la qualité de vie des consommateurs, tel est le cas des rentes éducations, des produits de prévoyance ou d’assurance-vie solidaire. Nombreuses sont les compagnies qui font de la prévention (routière en autre) afin de promouvoir les bons réflexes chez leurs clients!
Le pilier environnemental est, de plus en plus, pris en considération par les entreprises du secteur des assurances. Cet intérêt se justifie du fait de la multiplication des catastrophes naturelles qui aggravent leurs charges de sinistres. La mise en œuvre du pilier environnemental a pour objectif premier de maîtriser les risques environnementaux en préservant l’espace naturel. Dans cette optique, les entreprises du secteur mettent en place des campagnes de sensibilisation des pratiques éco-responsables et développent des « éco-produits ». De nombreuses entreprises proposent, par exemple, des offres « véhicules propres » consistant à baisser les polices d’assurance pour les véhicules faiblement pollueurs. L’assurance est également impliquée dans l’expansion de l’investissement dit vert, c’est-à-dire dans les technologies respectueuses de l’environnement.
Parmi les 3 piliers de la RSE, les assureurs sont davantage concernés, par le pilier économique. En effet, la responsabilité financière est le fondement cœur de leur métier. Ils se doivent de sécuriser les engagements pris envers les assurés. Cela passe par l’adoption d’une gestion saine de leurs actifs et donc par l’Investissement Socialement Responsable (ISR). La démarche consiste à intégrer au sein de la gestion financière des critères « extra-financiers », c’est-à-dire environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Cela, dans le but de renforcer la performance durable de ces investissements. Toutefois, l’offre de fonds et de supports répondant aux critères ESG (environnemental, social et de gouvernance) est encore en construction et mal délimitée.
Mener à bien son projet RSE
La RSE représente un levier efficace de performance. Elle lui permet de préserver ses actifs, de maîtriser ses risques et de s’adapter aux attentes de la société. Sans oublier qu’elle est facteur de reconquête de la confiance des consommateurs. Un projet RSE est un projet d’entreprise. Sa mise en œuvre nécessite un véritable changement dans l’organisation de l’entreprise et mobilise l’ensemble de ses ressources internes. Il impacte l’ensemble de la chaîne de valeur, de la création de produits d’assurance à la gestion des risques, en passant par les relations avec les fournisseurs ou les clients.
La réussite d’une stratégie RSE requiert :
• L’implication des responsables aux plus hauts niveaux et des managers
• la sensibilisation continue en direction de l’ensemble du personnel
• la mise en place d’un dispositif d’éthique des affaires et d’une politique d’achats responsables
• le dialogue avec les partenaires sociaux, les collectivités locales, des ONG, les consommateurs et les actionnaires
• la mise en œuvre d’un outil de reporting avec des indicateurs de performances dédiés
Concrètement, la mise en œuvre de la RSE passe par :
1. la désignation d’une personne en charge du sujet et y démontrant une appétence certaine
2. l’évaluation et le diagnostic de l’existant RSE
3. la définition de plans d’action et d’une structure organisationnelle au sein de la société
La mise en œuvre d’actions RSE nécessite de respecter les normes imposées par le législateur et peut être confortée par des démarches de certification ou de labellisation.
La communication en la matière est également fondamentale mais doit être correctement maîtrisée. Fondamentale, car elle permet de valoriser à l’extérieur ce qui est entrepris par l’entreprise. La RSE représente ainsi, un excellent moyen de marketing pour s’assurer une image positive aux yeux de consommateurs de plus en plus exigeants. Maîtrisée, car elle peut facilement faire l’objet de critiques notamment de « greenwashing » ou « éco-blanchiment » s’agissant du pilier environnemental. L’entreprise peut être accusée d’utiliser l’étiquette « écologique» uniquement dans un but marketing. Quel que soit les destinataires, une communication responsable doit être adoptée. Toutes les informations doivent être vérifiées et vérifiables.
Les compagnies d’assurance envisagent de moins en moins la RSE comme une contrainte supplémentaire mais davantage comme l’occasion de créer de la valeur par une meilleure maîtrise des risques.