Le centre hospitalier de Stanford aux États-Unis, connu pour son implication dans l’innovation et la modernisation des services de santé, a annoncé le 10 février dernier le lancement de sa toute nouvelle application à destination de ses patients : MyHealth, une application iOS associant les données fournies par le HealthKit d’Apple et le système d’informations de santé EPIC. Une nouvelle avancée dans le monde de la santé connectée qui réveille encore davantage l’intérêt des assureurs pour les objets connectés.

 

Gérer sa santé de A à Z grâce au smartphone

C’est une petite révolution dans le domaine de la santé connectée. Le centre hospitalier de Stanford annonçait le 10 février dernier le lancement de sa nouvelle progéniture : l’application MyHealth pour iOS. Développée par les ingénieurs du Stanford Health Care, elle permet à ses patients d’accéder à l’ensemble de leurs données médicales en temps réel et facilite les interactions avec l’hôpital et ses praticiens.

Site d'information du Dossier Médical Personnel - DMP - Google ChromeSi le développement d’applications autour du quantified self  n’est pas un sujet totalement nouveau, l’innovation réside ici dans l’interopérabilité des systèmes où sont puisées les informations. MyHealth combine en effet les données fournies par le HealthKit d’Apple, l’application de suivi de la santé des utilisateurs d’iPhones, avec les données du système EPIC electronic health record, qui recense près de la moitié des dossiers médicaux aux États-Unis. C’est précisément sur cette nouveauté que l’application fait la différence, quand les derniers projets ont donné naissance à des applications certes innovantes mais non compatibles entre elles : c’est notamment la raison de l’échec du DMP en France.

L’application se targue également d’une gestion complète de la santé, avec une offre de services multiple proposée au patient : prise de rendez-vous, accès aux ordonnances, aux données médicales et résultats d’examens, paiement des factures, historique et comptes rendus des visites médicales, etc. L’application transforme également la relation patient-médecin, puisqu’elle permet de dialoguer directement avec son praticien à travers une messagerie sécurisée, ou encore de réaliser un rendez-vous par visio-conférence. Sont également disponibles des services de conseil et de coaching en ligne pour aider le patient à atteindre ses objectifs.

La santé connectée entre promesses de progrès et crainte de Big Brother

Il faut dire que les États-Unis offrent un terrain propice à l’innovation, la santé y étant largement perçue sous le prisme du marché et le patient considéré comme un client qui consomme un service. Ces progrès promettent de nombreuses améliorations dans le secteur, et notamment une meilleure connaissance du patient et de son historique ainsi que des soins centrés sur les actions préventives plutôt que curatives. Ils devraient également transformer la relation entre patient et médecin ; c’est en tous cas ce qu’affirme le centre hospitalier de Stanford qui indique que « les praticiens auront accès à des données centrales concernant les patients atteints de maladies chroniques sans que le patient n’ait à se déplacer ».

Apple - iOS 8 - Santé - Google ChromeMais la révolution des objets connectés n’intéresse pas seulement le corps médical. Face à l’intérêt grandissant des assureurs pour le sujet, de nombreuses entreprises comme Apple exploitent ces opportunités en multipliant les partenariats. Pourquoi un tel intérêt pour ces nouveaux gadgets ? D’abord parce qu’ils apportent une quantité d’informations fabuleuse sur lesquelles se basent la conception des offres et le calcul des primes d’assurance. L’accès à de telles données pose ainsi la question des offres et services de demain : l’assureur pourra proposer des offres sur-mesure, renforcer son action dans le domaine de la prévention avec des systèmes de conseil et de coaching, et même récompenser les bons comportements.

Certains s’inquiètent en revanche du revers de la médaille de telles pratiques. La transmission d’informations aussi personnelles pose cyber-assuranceévidemment la question de la protection de la vie privée. L’arrivée de ces objets dans le monde de l’entreprise par exemple, réveille la peur de Big Brother et invite à questionner la gestion de l’information qui sera fournie demain par les nouvelles technologies. De même, il existe un enjeu majeur autour de l’égalité des soins ; en effet, si la connaissance plus fine du profil des assurés autorisera la conception d’offres toujours plus personnalisées, qu’adviendra-t-il des personnes à risque (maladies chroniques, cancers) ou ne respectant pas la charte de l’assuré idéal recommandée par l’assureur ?

La santé connectée a donc un bel avenir devant elle. Bien qu’elle soulève des craintes auprès des sceptiques de la technologie, elle promet néanmoins de fortes avancées dans le secteur : fluidification des échanges, meilleure connaissance des patients et qualité de soins accrue… Au législateur de protéger les droits du patient et de garantir la sécurité des données traitées. Encore faut-il que le phénomène arrive en France….