Plus de peur que de mal pour l’acteur récemment rescapé d’un crash aérien, mais une frayeur de taille pour les assureurs de l’industrie du cinéma. Pour se prémunir d’un risque de retard de production particulièrement coûteux à couvrir, ceux-ci pourraient bien interdire au pilote du Faucon Millenium de voler pendant qu’il est en tournage.
Jeudi 5 mars dernier, Harrison Ford a réchappé d’un accident d’avion qui l’a vu s’écraser sur un terrain de golf en Californie. Légèrement blessé ; l’acteur n’est pas en tournage et aura le temps de se rétablir, mais il n’en aurait pas été de même s’il travaillait actuellement sur un film. En effet, un retard de production empêchant une sortie dans les délais prévus peut coûter gros, jusqu’à un demi-million de dollars par jour pour un blockbuster.
Cinéma : un risque financier important et complexe à assurer
Pour couvrir ce risque de perte d’exploitation, les sociétés de production font appels à des assureurs spécialisés. Selon Anne-Séverine Lucas, courtière en assurance cinéma audiovisuel et spectacle chez Gras Savoye, dans cette industrie « la gestion des sinistres doit être extrêmement réactive ». Elle est également complexe, faisant parfois appel à plusieurs assureurs sur un même film, pour des rachats de garantie ou d’exclusion. Le volume des pertes financières à couvrir est également souligné par Anne-Séverine Lucas, pour qui « il arrive que des assureurs cinéma perdent en deux jours bien plus que ce qu’ils ont gagné en 15 ans ». L’impact potentiel de ce risque pour l’assureur justifie l’établissement de cartographies permettant de visualiser sur quoi repose le risque… et sur qui.
Les acteurs passés au peigne fin pour évaluer les risques
En effet, outre l’assurance de leur matériel, des décors et des bandes de film, voire de l’assurance en cas de météo défavorable, les producteurs souscrivent une police dite de couverture du casting (cast coverage). Celle-ci permet d’assurer les pertes résultant d’une blessure, d’une maladie ou du décès d’un acteur. Comme prérequis à la signature de cette police d’assurance, l’acteur doit se présenter à une visite médicale détaillée pour déterminer l’existence d’une maladie connue, d’une dépendance à la drogue ou la pratique d’une activité à risque (« hazardous activities »), à savoir la plongée, le saut en parachute… ou l’aviation. De tels cas de figure constituent des exclusions à la police d’assurance, même si la pratique de l’aviation en tant que hobby est tolérée pour certaines stars comme John Travolta ou Tom Cruise.
Mesure de réduction du risque : interdiction de voler pour Harrison Ford ?
À la suite de cet accident, les loisirs aériens d’Harrison Ford risquent fort de compromettre l’assurance du casting de son prochain film… Sauf à stipuler une clause lui défendant expressément de voler pendant le tournage, comme l’indique Angela Plasschaert, COO du cabinet de conseil en risk management spécialisé Plasschaert & Associates. La frilosité des assureurs s’explique là encore par un impact financier considérable dans l’éventualité d’un sinistre frappant l’acteur. Ainsi, le décès au volant en novembre 2013 de l’acteur Paul Walker, alors en plein tournage de Fast & Furious 7, aurait coûté plus de 70 millions de dollars à l’assureur spécialisé Fireman’s Fund.