Véhicules connectés : les assureurs passent à la vitesse supérieure !
En 2020, on dénombrera plus de 20 milliards d’objets connectés dans le monde selon une étude du cabinet Gartner. Cet engouement pour les objets connectés qui a commencé depuis plusieurs années, touche particulièrement le domaine de l’automobile sous l’impulsion de nombreuses start-up créatives et des géants du web qui investissent massivement sur ce domaine, afin d’offrir de nouveaux services. Et les assureurs ne sont pas en reste !
Vers la généralisation des voitures connectées
Une voiture connectée est un véhicule équipé d’un système de connectivité permettant d’émettre ou de collecter des données en utilisant le réseau mobile 3G ou 4G, pour proposer toutes sortes de services au conducteur.
Aujourd’hui, moins de 20% des voitures vendues sont connectées, mais ce chiffre devrait passer à plus de 90% à l’horizon 2025.
Ces chiffres seront confortés par les législations de divers pays comme le Brésil, la Russie et l’Union Européenne, obligeant les constructeurs automobiles à équiper les véhicules neufs d’un système connecté, notamment pour les appels d’urgence. Dans le cas de l’Union Européenne, le parlement a adopté une loi rendant obligatoire le système d’appel d’urgence eCall à partir de 2015. Ce système fera appel à une carte SIM et à un GPS et sera déclenché en cas d’accident ou de vol. Cette législation fera de l’Union Européenne, le plus grand marché au monde de voitures connectées. Cette connectivité rendue obligatoire sera aussi une grande opportunité pour tous les acteurs du monde de l’automobile fournissant des services.
C’est le cas des assureurs qui ont déjà commencé à tirer parti de ce concept, leur permettant de diminuer les risques auxquels ils sont exposés en collectant des données.
Les modèles d’assurance en gestation
Déjà bien présente sur les marchés américain et britannique depuis plusieurs années, l’assurance au kilomètre ou « Pay As You Drive » a fait timidement son apparition en France. Un retard qui peut s’expliquer par les nombreux vetos de la CNIL s’opposant à la collecte par les assureurs de trop nombreuses données sur les assurés.
La plupart de ces offres nécessitent l’installation d’un boîtier permettant de déterminer le nombre de kilomètres roulés. Par exemple, dans le cas de l’offre « Pay as you drive » d’Amaguiz : le boîtier est envoyé à l’assuré qui doit ensuite lui-même l’installer sur la prise OBD ou bien sur la batterie du véhicule. Cependant, ce type d’offre présente des contraintes importantes, notamment la nécessité de fournir le coûteux boîtier (environ 300€ à la charge de l’assureur).
D’autres solutions ont fait leur apparition. Cette fois-ci, elles visent à rendre le conducteur plus vertueux. Certaines se basent sur une application de smartphone comme « YouDrive » de Direct Assurance, ou la combinaison d’un GPS et d’une application comme dans le cas d’Allianz. Ces dispositifs évaluent la conduite du conducteur et lui prodiguent des conseils lui permettant de diminuer les risques d’accidents.
A ce stade, ces informations n’ont pas d’incidence sur le contrat d’assurance, mais les choses pourraient évoluer très vite.
En effet, Direct Assurance a annoncé qu’elle devrait lancer une véritable offre « pay how you drive » basée sur la façon de conduire avant la fin de l’année. De son côté Allianz a indiqué qu’elle proposerait aussi une offre similaire : « à partir de l’année prochaine, nous pourrons envisager des évolutions de tarif à la baisse pour les assurés dont la conduite s’avère vertueuse», indique Delphine Asseraf, directrice digital d’Allianz France. «En revanche, si ce n’est pas le cas, les tarifs n’évolueront pas à la hausse», précise-t-elle. Pas de punition pour l’automobiliste donc, comme cela peut exister dans le domaine de l’assurance santé.
La généralisation de ces offres viendra peut-être des constructeurs automobiles. En effet, ces derniers réfléchissent à la mise en place d’un dispositif permettant d’envoyer automatiquement un relevé kilométrique mensuel à l’assureur via une connexion 3G.
C’est ce que propose déjà BMW en partenariat avec Allianz, sur ses tout derniers modèles électriques et hybrides i3 et i8. Une première pour des véhicules de séries !
Cette offre d’assurance appelée FlexiMile n’est pour l’instant proposée qu’au Royaume-Uni. Elle fonctionne sur le principe du « Pay As You Drive ». En choisissant cette offre, le conducteur pourra bénéficier d’une remise de 25% sur sa prime annuelle s’il roule moins de 8.000 km par an.
Cette solution a l’avantage de ne pas nécessiter l’ajout de boîtier coûteux sur la voiture.
Un système antivol et antifraude
L’autre avantage de ces boîtiers connectés pour les assurances est de limiter leurs frais en prévenant les vols mais aussi les fraudes à l’assurance.
En effet, la télématique appliquée aux voitures permettra aux assureurs d’en apprendre plus sur les circonstances d’un accident éventuel. Les informations recueillies tels que la géo-localisation, les vitesses, les impacts sont autant de données qui permettront aux assureurs de déterminer les responsabilités en toute connaissance de cause. En d’autres mots, il sera plus difficile à un client d’invoquer un problème mécanique pour dissimuler un comportement dangereux lors d’un accident, et ainsi les assureurs pourront lutter plus efficacement contre la fraude.
Ces boîtiers permettent aussi de fournir des services utiles à l’automobiliste en cas d’accident ou de panne, telle que la mise en contact rapide et automatique avec le service d’assistance et de dépannage. Par exemple, Allianz propose qu’un conseiller contacte le conducteur en cas de choc violent. Si celui-ci est inconscient ou dans l’impossibilité de lui répondre, l’envoi des secours est déclenché immédiatement et les informations nécessaires (description du véhicule, localisation du sinistre, etc.) sont aussi échangées.
Véhicules automatisés : vers une conduite sans accident
Les automobilistes doivent s’y préparer. La conduite automatisée ou sous contrôle électronique va se généraliser.
Eno Center for Transportation, un think tank d’industriel, pense que les voitures autonomes seront présentes dans notre vie quotidienne dans les 15 ans à venir : avec le début d’une commercialisation dans les 7 ans et de 5 à 8 ans supplémentaires pour l’apparition d’offres à prix abordables permettant une commercialisation de masse.
C’est aussi ce que nous promettent les principaux constructeurs automobiles mondiaux tels que Renault, Mercedes ou Volvo, mais aussi les grandes entreprises technologiques comme Google qui ont déjà développé des prototypes de voitures autonomes.
Les automobilistes vont même devoir dès maintenant s’habituer à croiser ces véhicules autonomes. En effet, ils sont déjà autorisés à rouler dans quatre états aux Etats-Unis et dans certaines zones au Japon et en Suède afin de mener les premières expérimentations.
Avec ces nouvelles fonctionnalités : détection des obstacles, contrôle de trajectoire, communication entre les véhicules (vehicle-to-vehicle), freinage automatique, etc.; la voiture autonome pourrait être garantie « sans accident ». Les communications « vehicle-to-vehicle» rendra possible l’échange entre les voitures de données telles que la vitesse, la direction et la position. Cette technologie permettrait de réduire le nombre d’accidents de 70 à 80% selon l’administration américaine en charge de la sécurité des autoroutes (National Highway Traffic Safety Administration).
Par ailleurs, Volvo propose déjà des technologies très avancées en ce qui concerne la réduction des accidents avec son tout dernier SUV, le XC90. Ce modèle peut analyser la trajectoire d’un autre véhicule en approche, mais aussi détecter la présence de piétons et de cyclistes. En cas d’accident imminent, il freine automatiquement si le conducteur ne réagit pas à temps. Au-delà des enjeux de sécurité corporelle évidents, se pose également la question de la sécurité des données de ces voitures connectées.
Ces technologies vont non seulement faire baisser le nombre d’accidents mais aussi remodeler le monde de l’assurance.
Avec des véhicules programmés pour éviter toutes collisions, les accidents dus à des erreurs de conduite disparaitront. Les assurances pour collision n’auraient donc plus de sens. « Les assureurs s’orienteront vers les constructeurs automobiles qui deviendront responsables de la fiabilité des systèmes de conduite automatisée qu’ils produisent en cas d’accidents » selon Valérie Raburn, vice-présidente et directrice du bureau innovation pour l’assurance chez Xerox. « Un coût qui sera répercuté dans le prix du véhicule » rajoute-t-elle.
Dans cette configuration, le nombre de souscripteurs passerait de plusieurs millions de conducteurs à une poignée de constructeurs automobiles avec lesquels les assureurs signeraient des contrats conséquents. Cela impactera sévèrement le marché avec d’un côté de grands gagnants et de l’autre, de grands perdants puisque le nombre de constructeurs automobiles est bien inférieur au nombre de compagnies d’assurance.