À l’ordre du jour de la grande conférence sociale de Manuel Valls en juin dernier, la prévention et l’action sociale sont au cœur des évolutions de la stratégie nationale de santé. Plus généralement, la crise actuelle a conduit les assureurs santé à miser sur ces sujets, afin d’optimiser leur gestion du risque. L’objectif est double : protéger et alerter la population devant des comportements dangereux (fumer, être sédentaire, manger « trop gras, trop sucré, trop salé », etc.).

Mieux vaut prévenir que guérir

Dans ce contexte, plusieurs dispositifs sont entrés en vigueur ces dernières années – dont la loi sur la prévention de la pénibilité au travail pour les entreprises de plus de 50 salariés, en janvier 2012. Assureurs, instituts de prévoyance, mutuelles, courtiers, employeurs … autant d’acteurs qui multiplient ainsi leurs actions en termes de prévention et d’action sociale.

L’un des enjeux majeurs de ces campagnes réside dans l’amélioration du taux de sinistralité des contrats. Pour rappel ce ratio, calculé en fonction du montant des sinistres à dédommager et des à primes encaisser, doit être inférieur à 1 pour que les produits d’assurance soient rentables. Si la plupart des professionnels de santé offrent des services gratuits de prévention en ligne sur leur site internet, un certain nombre d’actions plus concrètes sont proposées, notamment par les caisses de retraite complémentaires.

Agirc et Arrco ont par exemple mis en place des bilans santé dans leurs centres. L’objectif est d’améliorer la qualité de vie de leurs assurés en influant sur leurs comportements au quotidien. Dans un contexte de risque croissant de rupture sociale et de vieillissement, ces organismes répondent à des besoins nouveaux. Diététiciens, médecins gériatres et psychologues interviennent ainsi pour évaluer le régime nutritionnel, la mémoire ou encore l’équilibre. Des cours de gymnastique, de tai chi chuan ou encore des conférences pédagogiques sont également proposés.

Une prise de conscience par les professionnels du rôle des assureurs

Les professionnels de santé d’AG2R La Mondiale mènent eux aussi des campagnes actives de prévention, notamment auprès de populations à risque comme les salariés de la boulangerie et de la boulangerie-pâtisserie. Très exposés aux allergies respiratoires dues à la farine, 140 000 d’entre eux ont reçu fin 2013 un courrier de sensibilisation de la part d’AG2R La Mondiale. Le message adressé concernait les précautions d’usage et le lavage de nez. 40 000 entretiens ont également été menés par des infirmiers pour détecter d’éventuels signes de compatibilité avec l’asthme.

À mesure que le coût du risque augmente, les problématiques de prévention touchent un public de plus en plus large, dont les entreprises. Elles se tournent aujourd’hui volontiers vers leurs assureurs santé collective pour obtenir des services de dépistage et des outils de diagnostic. Cela leur permet d’optimiser la gestion des arrêts de travail, dont la charge d’indemnisation a augmenté de 10 à 20% suite à la réforme des retraites. Par ailleurs, l’enquête Malakoff Médéric sur la santé et le bien-être des salariés en 2012, révèle de la part des salariés une demande croissante d’accompagnement par l’entreprise en matière de prévention santé. La frontière entre sphères professionnelle et privée étant de plus en plus poreuse, l’action de l’entreprise en matière de prévention s’impose naturellement. Des prestataires de services comme Réhalto (ex-Solareh), référent dans le domaine de la prévention, proposent ainsi un soutien psychologique accessible 24h/24, du coaching pour les managers et une aide à la gestion de crise.

Mieux communiquer

Au-delà de l’optimisation de la gestion du risque, la prévention constitue un formidable outil de communication. Durant l’été 2013, la MACIF s’est ainsi associée à la Société Nationale de Sauvetage en Mer pour distribuer plus de 800 000 bracelets de plage aux enfants. En indiquant leurs noms et leurs coordonnées téléphoniques, ceux-ci ont permis de retrouver 1 239 enfants. Les réseaux sociaux sont également un relai d’information efficace : l’an dernier, Gema Prévention a lancé la page Facebook « Les mamans assurent ». Véritable communauté destinée aux parents de jeunes enfants, elle a pour objectif de proposer des astuces pour prévenir les accidents de la vie courante, et compte aujourd’hui plus de 77 000 « likes ».

La fidélisation est un autre enjeu des campagnes de prévention. Les initiatives, comme celles d’Allianz et de son coffret prévention, se multiplient. La compagnie d’assurance s’est associée au collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO) pour lancer une opération de dépistage des facteurs de risque cardiovasculaire, commercialisée sous forme de box. Vendue au prix conseillé de 18 €, celle-ci continent des informations de prévention, un carnet de dépistage personnalisé et un droit d’accès à des tests pharmaceutiques. Bien que ce coffret ne soit pas réservé aux assurés d’Allianz, ces derniers peuvent se le faire rembourser si leurs garanties le prévoient.

Si les différents acteurs de la santé montrent un intérêt croissant pour les actions de prévention, 55% des Français ignorent encore s’ils en bénéficient dans le cadre de leur couverture d’assurance complémentaire. Des efforts restent donc à faire en termes d’image et de communication, afin d’améliorer la visibilité de ces actions auprès des assurés, d’autant plus que la prévention est désormais plébiscitée par 87% des Français (études Deloitte 2011 et 2014).