Gender Directive : un an après, la tarification unisexe fait son chemin
Fin décembre 2012, la Cour de Justice Européenne mettait fin à toute discrimination basée sur le genre des assurés : plus question pour les assureurs de différencier les tarifs des produits d’assurance selon si l’adhérent est un homme ou une femme. Un nouveau défi à relever par les assureurs pour stimuler l’innovation de produits et repenser leurs méthodes de tarification.
Plus d’an après la mise en application de la « Gender Directive » au sein de l’UE, quels en sont les premiers bilans ?
La Gender directive, c’est quoi ?
En 2004, le Conseil de l’Union Européenne instaurait le principe de l’égalité de traitement entre homme et femme dans l’accès à des biens ou services. Une dérogation permettait toutefois aux assurances d’y échapper, dès lors que le critère de genre était considéré comme déterminant dans l’analyse de risque.
Fin 2012, la dérogation prend fin et impose aux assureurs la suppression de la segmentation selon le sexe des assurés. La tarification des primes et des prestations entre les hommes et les femmes doivent désormais être uniformisée.
Les jeunes conductrices dans la ligne de mire de l’assurance auto
Bien que la distinction homme/femme soit pratiquée par près de 98% des assureurs automobile, la majorité des assurés observent peu de différences de tarifs. Ce sont les jeunes conductrices de 17-20 ans qui constituent principalement la cible de ce changement, avec une estimation de hausse des primes de l’ordre de 11% ou plus en moyenne, tandis que les jeunes hommes observent à l’inverse une diminution, selon une étude menée par Oxera. En Grande-Bretagne, on estime d’ailleurs que la plupart des tranches d’âge, hommes ou femmes, bénéficient d’une baisse générale du montant des primes.
Les hommes impactés par les produits d’assurance vie et d’épargne
A contrario, ce sont les hommes qui constituent les principaux perdants sur le marché de l’assurance vie. Le calcul est simple : les assureurs étant amenés à payer plus longtemps, la rente viagère perçue par les femmes était donc moins élevée. Avec l’unification des tarifs hommes/femmes, des ajustements ont été apportés sur les prestations versées, avec une diminution des prestations versées pour les hommes.
Vers de nouveaux produits d’assurance innovants ?
La forte concurrence du marché pousse certains opérateurs du marché de l’assurance auto à s’orienter vers la prise en compte de nouveaux critères de segmentation.
- En assurance auto, les contrats de type “pay as you drive » permettent aux assureurs de mettre l’accent non plus sur le sexe des adhérents, mais bien sur le comportement de conduite des assurés, dont les primes pourront être fixées en fonction de l’utilisation du véhicule. Cette solution, qui nécessite l’installation de boîtiers télématiques pour la collecte des données dans les véhicules, fait néanmoins l’objet de nombreuses réticences de la part des assurés.
- Le développement d’offres packagées, plus attractives selon le profil des assurés, permettrait de cibler un segment donné (par exemple : les infirmières, plutôt que les plombiers) tout en respectant le critère de non-discrimination par le genre.