Il est primordial pour les assureurs de réduire les pertes liées à une mauvaise gestion des sinistres. Cette bonne gestion est d’autant plus importante qu’une succession d’événements exceptionnels vient mettre à mal le bilan financier des compagnies d’assurance depuis le début des années 2 000 : catastrophes technologiques (explosion AZF à Toulouse en 2001), attentats (World Trade Center en 2001), événements climatiques (tempête Xynthia notamment en France en 2010), tremblements de terre / tsunami (au Japon en 2011).

Les investissements informatiques demeurent un des leviers les plus intéressants pour améliorer la gestion des événements exceptionnels, en dépit du contexte actuel de restrictions budgétaires.

Zoom sur les enjeux financiers drainés par les événements exceptionnels, et sur la valeur ajoutée du système d’information en termes de maîtrise de leurs coûts de gestion.

LES IMPACTS DES ÉVÉNEMENTS EXCEPTIONNELS SUR LES COÛTS DE GESTION DES SINISTRES

L’enjeu financier rréassuranceelatif aux événements exceptionnels est majeur : à titre d’exemple les événements climatiques ont coûté à Allianz France près de 170 millions d’euros en 2013. Ces pics de sinistralité exceptionnels peuvent parfois menacer la santé financière des assureurs. C’est pourquoi ces risques font en général l’objet de traités (ou contrat) de réassurance.

Outre le coût intrinsèque lié à ces événements, les assureurs doivent également absorber des pertes liées à une mauvaise gestion. En effet au regard notamment de la masse des sinistres concernés, les services de gestion éprouvent les pires difficultés à identifier avec exactitude le périmètre de l’événement (i.e. l’ensemble des sinistres liés à l’événement). Si bien que certains sinistres sont « oubliés » (i.e. pas cédés au réassureur) et restent donc à la charge de l’assureur ! Sur le marché français, des compagnies d’assurance constatent chaque année une perte liée aux sinistres non cédés à tort de l’ordre de 5 à 10 millions d’euros.

 

LE SYSTÈME D’INFORMATION, UN MOYEN DE FIABILISER LE PÉRIMÈTRE CEDE AU RÉASSUREUR

réassurance_Image 3Afin de limiter ces pertes, les assureurs mettent notamment en œuvre (1) une meilleure formation des gestionnaires sinistres (pour mieux qualifier le sinistre et fiabiliser son rattachement à l’événement), (2) des cellules de crise dédiées à ces événements (pour absorber les pics de charge), (3) une meilleure surveillance des alertes météorologiques (pour anticiper la survenance des événements climatiques). Mais face au volume de sinistres concerné, ces actions sont souvent vaines. Pour plus d’efficacité il faut les combiner à des contrôles dans le système d’information, qui permettent de fiabiliser le périmètre des sinistres cédés au réassureur.

Il est possible en effet de construire des solutions informatiques qui permettent de paramétrer un événement exceptionnel dès sa survenance, et de le caractériser principalement par une nature (tempête, tremblement de terre, attentat…), une date et un lieu de survenance. Dans le même temps, les gestionnaires ouvrent les premiers sinistres consécutifs à l’événement (également caractérisés par une nature, une date et un lieu de survenance). Pour chaque sinistre ouvert, le système compare ensuite ses caractéristiques à celles des événements présents en base afin de rattacher automatiquement le sinistre à l’événement. En cas de doute quant au lien entre le sinistre et l’événement (ex : un bris de glace survenu dans la même période spatio-temporelle qu’un épisode de grêle), le système ne peut se prononcer seul : il « suggère » alors au gestionnaire le rattachement (à charge du gestionnaire de lever le doute).

En général le rattachement a lieu à l’ouverture du sinistre. Mais il peut également avoir lieu a posteriori (via un traitement automatisé) en cas de sinistre ouvert avant la création de l’événement dans le système, ou encore pour « rattraper » une erreur d’appréciation du gestionnaire lors de l’ouverture du sinistre.

Outre la fiabilisation du périmètre cédé au réassureur, le système d’information permet également de réduire l’effort de gestion des événements exceptionnels.

 

LE SYSTÈME D’INFORMATION, UN MOYEN D’AMÉLIORER LA PRODUCTIVITÉ DE GESTION DES ÉVÉNEMENTS EXCEPTIONNELS

réassuranceLa décision de rattachement du sinistre à l’événement n’est pas toujours triviale et nécessite une analyse Métier parfois complexe et consommatrice en temps. Pour gagner en productivité, il est possible d’implémenter dans les applications de gestion de sinistres les règles de gestion Métier qui régissent le lien entre sinistre et événement. Cela permet d’accélérer la prise de décision du gestionnaire sinistre.

A titre d’exemple, les pillages de maisons ou les accidents corporels consécutifs à une tempête ne sont pas pour autant cessibles au traité tempête. En revanche, bien que les incendies ne soient en général pas cessibles au traité tempête, l’incendie d’une maison faisant suite à la chute d’une ligne électrique provoquée par une tempête est quant à lui bel et bien cessible !

Le gain en productivité ne concerne pas seulement les équipes de gestion qui « créent » les données liées au sinistre dans le système (en particulier l’information de rattachement du sinistre à l’événement), mais également les équipes en aval, qui « consomment » ces données. En effet les équipes de Pilotage et de Réassurance n’ont dans ce cas plus besoin de retraiter les données, car elles ont été fiabilisées en amont par le système d’information.

Par exemple, faute de données fiables, les équipes de Pilotage / Réassurance d’un des acteurs du marché français ont passé près d’une centaine de « jours homme » à reconstituer le périmètre de l’événement correspondant aux inondations de 2011 dans le sud de la France (vérifications manuelles, requêtes, études statistiques).

 

CONCLUSION

L’amélioration de la gestion des événements exceptionnels demeure un formidable levier de diminution des coûts de gestion des sinistre, au même titre par exemple que la détection de la fraude. Les Directions Métiers doivent passer outre la frilosité budgétaire ambiante pour oser investir dans l’évolution de leur système d’information. Ces investissements informatiques offrent non seulement des gains financiers, mais également des gains d’un point de vue réglementaire / conformité. En effet la mise en œuvre de contrôle et règles Métier dans les systèmes de gestion des sinistres permet également de s’aligner sur les exigences de qualité des données requises par Solvency II.