Healthbook : le carnet de santé numérique d’Apple
Surfant sur les tendances du « quantified self » et des objets connectés, Apple a bien compris les velléités des consommateurs et patients qui veulent pouvoir suivre précisément leur état de santé et devenir acteurs de son évolution. C’est en effet ce que propose Healthbook, l’application intégrée de suivi de santé qui sera proposée avec le nouveau système d’exploitation mobile iOs v8.
Depuis le second semestre 2013, les preuves s’accumulent : embauches d’ingénieurs spécialistes des capteurs médicaux, rencontre des dirigeants de la puissante FDA (Food and Drugs Administration), tout indique qu’Apple travaille activement au lancement de nouveaux produits et solutions en lien avec la santé. Fidèle à sa culture du secret, aucune information officielle n’a cependant été communiquée par la firme à la pomme sur sa future application Healthbook. Le site spécialiste des produits Apple 9to5Mac tente néanmoins d’esquisser les grandes fonctionnalités de ce carnet de santé numérique.
Centraliser et faciliter l’accès aux données de santé collectées depuis différentes sources
Véritable centralisateur des données de santé, Healthbook présenterait plusieurs onglets permettant de suivre des variables classiques tel que le poids, la taille, mais aussi la qualité et les heures de sommeil, l’activité physique. De manière plus surprenante, on pourrait également visualiser l’évolution du taux d’hydratation du corps ou encore le taux de glucose et d’oxygénation du sang. L’onglet « Emergency Card », permettrait de stocker des informations sur le propriétaire du smartphone : nom, date de naissance, adresse, groupe sanguin, s’il est donneur d’organe… Ces informations essentielles permettront ainsi d’identifier rapidement et de traiter au mieux un patient si ce dernier est inconscient ou dans l’impossibilité de s’exprimer.
Pour alimenter ces différents suivis, l’application devra se synchroniser avec divers objets connectés ou capteurs intégrés au téléphone tels que la coque Wello. La future montre connectée d’Apple, l’I-watch pourrait alors figurer au premier rang de ces capteurs, damant le pion aux acteurs des bracelets connectés déjà sur le marché tel que Jawbone ou encore Fitbits.
A la manière de Passbook qui centralise les billets de cinéma, coupons et autres cartes d’embarquement au sein du smartphone, Healthbook pourrait également récupérer les données d’applications m-santé tierces. En effet, l’idée d’un suivi de signaux biologiques n’est pas nouvelle et l’app-store propose plus de 10 000 applications liées à la santé : du suivi de son traitement, jusqu’aux applications accompagnant la grossesse ou encourageant l’activité physique. Cette richesse prouve une nouvelle fois qu’il y a une véritable demande du côté de consommateurs.
La m-santé, un marché en pleine expansion, mais dont le cadre juridique et éthique reste à définir
Selon une étude de Grand View Research, le marché de la m-santé pourrait s’élever jusqu’à 49 milliards de dollars en 2020 contre 1,2 milliard en 2012 : soit une progression de près de 50% par an. Une étude PWC indique que l’utilisation généralisée des smartphones pour le suivi des patients permettrait d’économiser 11,5 millards d’euros de dépenses de santé en France d’ici 2017 grâce à l’amélioration de l’état de santé de la population. Cette économie s’explique par trois facteurs :
- La sensibilisation au bien-être et la prévention : Certaines applications mobiles encouragent par exemple l’activité physique et incitent leurs utilisateurs à adopter un mode de vie plus sain. Des maladies liés à la sédentarité ou au tabagisme pourraient alors être évitées, ce faisant économisant des journées d’arrêt maladie ou des retraites anticipées.
- Les diagnostics précoces : L’identification précoce de certaines maladies diminue le coût des traitements médicaux associés.
- L’optimisation du suivi médical des maladies chroniques ou des personnes âgées. Certains soins ou points de suivi pourraient être effectués à distance, permettant ainsi d’économiser des coûts d’hospitalisation ainsi que le temps du personnel médical. On peut penser d’ailleurs penser que l’ergonomie des tablettes et smartphone adaptée aux personnes âgés soit un facilitateur pour la mise en place de ces nouveaux processus.
Cependant de nombreux freins juridiques et éthiques restent encore à lever afin de profiter pleinement des possibilités offertes par la m-santé. Comment sécuriser la gestion de ces données personnelles ? Par qui seront-elles exploitées ? Quel sera demain le rôle du médecin et des professionnels de santé vis-à-vis de ces nouveaux dispositifs ?
L’arrivée d’Apple sur ce secteur en plein essor va très certainement remettre sur le devant de la scène les questionnements sur l’usage des nouvelles technologies et l’utilisation des données de santé.