Le rapport publié conjointement par les autorités européennes de surveillance (EBA, EIOPA et ESMA – ESA) en avril dernier a souligné les risques et vulnérabilités du système financier au sein de l’Union européenne.

Ce rapport met notamment en lumière les risques pour la stabilité du secteur financier européen dans un environnement soumis à des incertitudes politiques et économiques. La faible rentabilité des banques perdure et les difficultés pour les assureurs de tenir leurs engagements à long terme dans un environnement de faible croissance et rentabilité font partie des challenges principaux du secteur. En outre, l’augmentation des risques opérationnels liés aux technologies de l’information et de la communication exige de plus en plus d’attention et de surveillance.

Le pendant majeur de l’instabilité du secteur : la faible rentabilité des institutions financières

Le secteur bancaire souffre, du fait de la pression réglementaire accrue de ces dernières années. On observe des niveaux élevés de prêts improductifs et des coûts de litige. À cela s’ajoute le manque de stratégies de rentabilité à long terme, qui, malgré un renforcement continu des ratios de capital, vient grever la rentabilité du secteur.

Les assureurs quant à eux, font face à des défis importants découlant des bas taux d’intérêt prolongés, en particulier ceux qui présentent une forte exposition aux contrats d’assurance vie avec des taux d’intérêt garantis.

L’interconnexion du système financier accentue le dilemme des taux d’intérêt

La légère remontée des taux d’intérêt des 6 derniers mois est profitable pour les banques, assurances et fonds de pension mais peut aussi poser des problèmes en termes de valorisation du prix des actifs. En effet, l’augmentation de la volatilité des prix de l’actif, associée à des problèmes persistants de liquidité, a renforcé les risques liés à l’évaluation des prix des actifs. Ainsi, une hausse soudaine et importante des taux d’intérêt pourrait exposer les compagnies d’assurance à une plus forte probabilité de défaillance.

Outre l’interdépendance des processus métier qui augmentent, l’interconnexion s’ajoute aux risques du secteur financier, en particulier par la contagion des prix des actifs et l’exposition financière directe. Des mouvements de prix des actions fortement corrélés pour les assureurs et les banques, et l’exposition élevée des assureurs de l’UE aux banques de l’UE indiquent une concentration des risques dans ces deux secteurs.

De nouveaux risques souvent négligés qui deviennent essentiels : Les risques cybernétiques et risques opérationnels liés à l’informatique

Le rapide changement technologique a un impact significatif sur les modèles commerciaux existants des institutions financières. Aujourd’hui, l’informatique doit aller plus vite et intégrer plus de complexité afin de soutenir la transformation digitale requise pour le développement commercial. Dans ce contexte, les risques liés à l’informatique sont particulièrement significatifs car ils peuvent affecter la disponibilité des services ou des données et entraîner un risque de réputation ou de non-respect de la réglementation.

Nombreux sont les acteurs du secteur possédant des noyaux bancaires vieillissants, d’où la nécessité de vastes investissements informatiques, ce qui pèse encore plus sur la rentabilité. En outre, le cyber-risque menace l’intégrité des données et la continuité des activités dans un système financier interconnecté. Dans ce contexte, la demande de cyber-assurance devrait augmenter, tandis que les produits de couverture cybernétique sont encore relativement nouveaux sur le marché, avec des expériences de souscription limitées.

Ce rapport donne le ton quant à la santé du secteur financier européen dont les sursauts sont encore poussifs et souligne ainsi la grande rapidité à laquelle le secteur se transforme mettant en peine les acteurs à suivre un tel mouvement. Des incertitudes politiques et économiques qui tendent les résultats d’un secteur interconnecté ainsi que de nouveaux risques portés par la technologie qui viennent accroître ces tensions.

Pour relever ces défis, il apparaît de plus en plus évident qu’une réponse européenne coordonnée en renforçant les actions de surveillance et la mise en place de réformes structurelles serait des plus pragmatique et permettrait ainsi de pouvoir contrôler le niveau de rentabilité des acteurs tout en assurant leur transformation.