L’assurance-vie demeure l’un des placements préférés des Français, mais l’on ne cesse d’annoncer sa mort depuis quelques années. Rendements, règlementation, concurrence d’autres produits… L’assurance-vie doit faire face à de nombreux enjeux afin de conserver son attractivité auprès des épargnants. Quelles sont les perspectives pour ce produit d’assurance en 2017?

Assurance-vie : 2016, une année en demi-teinte

En 2016, l’assurance-vie a conservé son attractivité auprès des épargnants. Le total des cotisations collectées s’est élevé à 134,7 milliards d’euros (contre 135,5 milliards en 2015). Toutefois, l’année s’est traduite par une dégradation de la performance de ce produit. La collecte nette (différence entre les versements et les prestations) a fortement diminué. Elle s’élève ainsi à 16,8 milliards d’euros, contre 23,6 milliards en 2015. Si l’année s’est achevée par une collecte nette positive en décembre (800 millions d’euros), le rattrapage a été difficile après un automne décevant, incluant notamment une collecte nette négative en septembre (source : FFA).

Cette faible performance se traduit par une baisse des taux de rendements des contrats d’assurance-vie. En 2016, ceux-ci atteignent difficilement les 2% en moyenne pour les fonds en euros. On peut cependant noter de fortes disparités selon les contrats. Les taux recensés par l’Argus de l’Assurance s’échelonnent ainsi de 0,25% (contrat Terre de vie Eurocit’ d’AG2R-La Mondiale) à 3,60% (contrat Sérénipierre de Suravenir, distribué par Primonial). Pour tous les acteurs, les taux sont inférieurs à ceux de 2015 de 0,2 à 2,75 points.

Ces faibles rendements des fonds en euros s’expliquent notamment par la volonté des assureurs de limiter la prise de risques afin d’être en mesure de restituer le capital garanti aux épargnants.  Face à un niveau très faible des taux d’intérêt et des marchés actions volatils, la prudence est  de mise. Elle se traduit notamment par une hausse des provisions sur bénéfices encouragée par les régulateurs.

En 2017, le contexte peu favorable à l’assurance-vie pourrait continuer à détourner les clients de ce produit

La règlementation nuit à la liquidité de l’épargne investie en assurance-vie

Le contexte règlementaire pourrait nuire à l’assurance-vie. En effet, la Loi Sapin 2 prévoit la possibilité de limiter ou bloquer temporairement les rachats de placements dans des fonds d’assurance-vie en euros ou multisupports. Cette mesure vise à protéger les assureurs d’une faillite et d’une fuite des investissements vers des produits plus rémunérateurs en cas de remontée des taux d’intérêts. Néanmoins, elle suscite des inquiétudes chez les épargnants, qui pourraient privilégier la liquidité de leur épargne sur les produits bancaires. Au 3ème trimestre 2016 déjà, les dépôts à vue et comptes sur livrets comptabilisaient le plus de versements, avec des dépôts de 13,4 milliards d’euros, 3 milliards de plus que l’assurance vie et l’épargne retraite. Si les taux des livrets règlementés comme le Livret A venaient à augmenter, ceux-ci pourraient d’autant plus drainer des investissements au détriment de l’assurance-vie.

Les rendements devraient demeurer peu performants

En outre, la dégradation durable des rendements risque de nuire aux investissements. En 2016, 80% des cotisations ont été investis dans des fonds en euros,  20% seulement en UC (source : FFA). Bien que les épargnants privilégient la minimisation du risque à la performance de leur épargne, la baisse des rendements des fonds en euros pourrait, si elle perdure, les détourner de ce produit. Pour 2017, les perspectives ne semblent guère plus favorables qu’en 2016. 70% à 80% des fonds euros sont composés d’obligations privées et publiques. Or, les taux des OAT (Obligations Assimilables au Trésor) ne devraient pas considérablement augmenter en 2017. Sans regain de rentabilité des fonds en euros, les assureurs ne pourront pas proposer des rendements plus élevés. Nombre d’entre eux encouragent même d’ores et déjà leurs clients à diversifier leurs portefeuilles en investissant également dans des fonds en UC, qui, bien que risqués, pourraient être plus performants.

L’innovation peut-elle dynamiser le marché de l’assurance-vie ?

L’innovation produit en assurance-vie peut être difficile à mettre en œuvre

Afin d’offrir des rendements plus élevés aux épargnants, l’innovation produit paraît nécessaire mais doit s’adapter au support. Par exemple, l’innovation sur les fonds en euro seuls est difficilement possible, puisque ceux-ci doivent demeurer sans risque. Pour les assureurs, la stratégie la plus fréquente consiste à innover en proposant aux clients des offres combinant fonds en euros et autres compartiments d’investissements. Produit financier en deux compartiments, l’euro-croissance se veut comme une alternative aux fonds en euros. Créé en 2014, il propose un capital garanti après une échéance de 8 ans minimum, avec de meilleurs rendements. Néanmoins, depuis son lancement en 2015, le produit peine à décoller. L’Afer a ainsi déclaré 147 millions d’euro d’encours en 2016 sur son produit euro-croissance, contre 42 milliards d’euro pour son fonds en euros. Même avec des rendements supérieurs à ceux des fonds en euros (6,87% contre 2,65% pour l’Afer), le produit doit encore convaincre.

Un marché redynamisé par les offres d’assurance-vie en ligne?

De nouvelles offres innovantes d’assurance-vie font leur apparition, tant chez les acteurs  disruptifs que traditionnels. Plus accessible, avec des frais de gestion réduits, l’assurance-vie en ligne permet d’offrir de nouveaux services à valeur ajoutée. Voici quelques exemples de ces nouvelles offres innovantes pour 2017.

– Une assurance-vie pour enfants

La Fintech Yomoni a choisi de proposer un nouveau produit d’assurance-vie pour enfants digitale. Fruit d’une réflexion sur son ciblage, cette offre vise à mieux répondre aux attentes des clients effectifs de la Fintech (la tranche des 35-45 ans) en leur proposant d’ouvrir un produit d’assurance-vie pour leurs enfants.

– Une gestion par un robo-advisor

Autre exemple d’offre innovante, celle de la société de gestion en patrimoine Link Vie, avec pour cible privilégiée les jeunes et primo-investisseurs. Après avoir sélectionné sur une plateforme leur parrain parmi les conseillers en gestion de patrimoine associés à Primonial, les épargnants définissent leur profil de risque et simulent leur investissement. La gestion est réalisée par le robo-advisor de la société de gestion Lyxor. Au moyen d’un algorithme tenant compte du profil de risque du client et de l’évolution des marchés, le robo-advisor alloue les actifs du client dans des fonds en UC. Les fonds en euros sont quant à eux uniquement accessibles de manière temporaire en cas d’évolution défavorable des marchés. Le modèle du robot est actualisé tous les mois afin d’adapter au mieux les investissements.

– Une offre centrée sur les projets des clients

Enfin, InCube a lancé son offre PolySeme, lauréate de l’Argus d’Or 2016 pour la catégorie « ­Produits ou services à destination du grand public en épargne, patrimoine et retraite ». Une plateforme en ligne permet aux clients de déclarer leurs projets de vie (par exemple, l’achat d’une résidence secondaire). Un conseiller propose ensuite des solutions pour aider les clients à concrétiser leurs projets. En plus d’un espace selfcare pour gérer leurs contrats, les clients peuvent discuter avec leurs proches et ajouter des éléments personnels tels que des photos ou des vidéos. En plus de vulgariser l’assurance-vie, cette offre facilite également l’allocation des actifs. Elle permet en effet de transférer des fonds en euros vers des fonds en UC sur le même contrat.

Outre la valeur ajoutée pour les clients, les bénéfices sont importants pour l’assureur. Sur la durée, cette offre permet de collecter des données sur les clients et leurs proches pour répondre au mieux à leurs attentes.

Bien que ses perspectives 2017 ne semblent guère plus favorables, l’assurance-vie devrait encore rester l’un des principaux produits d’épargne. Plus qu’une mort annoncée, c’est donc une réflexion sur les offres qui semble s’amorcer. Dans un contexte de faibles rendements, repenser le produit et la distribution pourrait permettre à l’assurance-vie de trouver un nouveau souffle.

 

Autres articles en lien avec l’assurance-vie

Assurance Vie : le Client à l’origine des transformations des réseaux de distribution