18 Août 2026 – Fait divers. Mercredi matin, un accident de la route induit par un piratage informatique a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi. Un robotaxis a fait l’objet d’une intrusion malveillante dans son système. Endommagé par un virus, le système du véhicule s’est vu dans l’incapacité de dialoguer avec les infrastructures qui l’entouraient. Après avoir dépassé 2 feux rouges, l’automobile a embouti un véhicule non connecté, sans faire de blessés. Les utilisateurs du robotaxis et le conducteur du véhicule individuel, sous le choc, se verront dédommagés dans les prochaines semaines ; la justice devra d’ici là, statuer sur la responsabilité incombant à chacun des tiers : constructeur automobile, éditeur de logiciels et infrastructure connectée.

Bien que cet accident soit le 273ème à Paris en 2026, la ville de Paris enregistre néanmoins une baisse drastique de ses sinistres, depuis la démocratisation des voitures autonomes et robotaxis, de plus de 80% en l’espace d’une décennie.

Vous avez dit, « futuriste » ?

CONSOMMATEUR-CONSTRUCTEUR-ASSUREUR : LE MARCHÉ DE L’AUTOMOBILE À L’AUBE DE SA RÉVOLUTION

adi25 AutonomousDrivingIllustration - automatic park assist - driverless cars - self-driving vehicles - 2to1 g4342Au Printemps 2014, le marché de l’assurance automobile a fait ses premiers pas dans l’IOT : Allianz, Maaf et Direct Assurance s’élancent avec des applications mobiles qui permettent aux automobilistes de qualifier leur conduite via leur smartphone. Ces applications ont vocation à aider les conducteurs à mieux conduire ; les plus sophistiquées combinent les données issues de quatre facteurs : la vitesse (qui doit être conforme aux limitations), l’accélération (éviter les changements brusques de vélocité), la brutalité des freinages et la gestion des virages (vitesse et tenue de route). Ces applications offrent également un service d’assistance avec des délais réduits grâce aux boîtiers embarqués dans les véhicules.

Au-delà de la bienveillance des assureurs, ces applications connectant les véhicules aux smartphones permettent aussi et surtout de réduire la sinistralité et directement les indemnités versées par les compagnies d’assurances.

Partiellement ou totalement autonome, la voiture connectée est synonyme de nouvelles technologies et d’une nouvelle façon de concevoir le voyage qui est d’ores et déjà incarnée par 3% des véhicules dans le monde. D’ici 2035, on estime que cette proportion sera multipliée par 10 et rassemblera 30% du marché de l’automobile mondiale.

Un marché qui est minutieusement observé par ses futurs consommateurs : jusqu’où les voitures connectées impacteront le marché de l’automobile ? Dans quelle direction le marché des transports évoluera-t-il ? Quelles seront les politiques appliquées par les métropoles en matière de transports ? Choisiront-elles de favoriser la voiture autonome, les transports en commun ou les vélos, etc. ?

En attendant, deux récents accidents offrent de nouveaux arguments à ceux qui ne sont pas encore convaincus des opportunités qu’offriraient les voitures connectées en matière de réduction de la sinistralité :

Néanmoins, de nombreuses études estiment que les voitures connectées permettront de baisser drastiquement la sinistralité du marché de l’automobile. Selon différentes sources (étude KPMG, analyse réalisée par Josselin Chabert,…), cette baisse du nombre de sinistres est estimée entre 80% et 90% et sera directement liée à la sophistication des logiciels embarqués à bord des voitures autonomes, à une meilleure connaissance, apportée par le Big Data, des conducteurs qui disposeront d’une voiture individuelle et à la forte baisse du nombre de véhicules sur les routes, liée à l’augmentation du nombre de kilomètres parcourus par voiture partagée (robotaxis, etc.) et également à la hausse de la fréquentation des transports en commun.

Au-delà d’une modification des comportements d’achats et d’utilisation des automobiles, l’ensemble des acteurs du marché doivent également s’adapter à ces nouvelles opportunités technologiques. Demain, nos véhicules, tels qu’ils sont commercialisées aujourd’hui, devront cohabiter avec des automobiles connectés, les assurances devront non seulement proposer des offres aux conducteurs, mais également adresser une gamme de produits assurantiels aux utilisateurs des véhicules bénéficiant de l’IOT ; quant aux sinistres, ils impliqueront de nouvelles parties prenantes du marché qui seront directement concernées par les incidents, tels que les constructeurs automobiles, les éditeurs de logiciels des voitures, les entités responsables des infrastructures connectés, etc.

Assurance auto : une évolution du cœur de cible qui passera par l’individualisation des formules avant de s’adapter au marché de « l’après voiture individuelle »

Autonomous self-driving driverless vehicle on the roadUne évolution en deux temps est pressentie sur le marché de l’assurance automobile : tout d’abord, le marché va voir évoluer ses offres assurantielles vers la personnalisation des prestations en fonction du profil des assurés et de la conduite adoptée par les conducteurs. Par la suite, le marché devrait voir évoluer son cœur de cible du conducteur aux autres parties prenantes du marché précédemment citées (éditeurs de logiciels, constructeurs, etc.).

En effet, à l’heure actuelle, les compagnies d’assurance font émerger des nouvelles offres, plus individuelles, grâce à la collecte des données liées à la conduite des assurés. Leur exploitation permet d’ores et déjà de réduire les coûts d’assurance pour certains profils d’automobilistes. Par exemple, Allianz a récemment lancé une offre « Conduite connectée » qui permet aux utilisateurs disposant d’un véhicule connecté de réduire leur facture d’assurance auto. Les consommateurs souhaitant bénéficier de cette offre doivent installer un boitier « TomTom LINK100 » sur la prise ODB de leur véhicule afin de permettre à la compagnie d’assurance de collecter leurs données de conduite. Allianz s’engage néanmoins à ne pas tracer les déplacements des utilisateurs en avançant notamment l’absence d’émission de données GPS par le boitier.

Entamer par l’individualisation des formules assurantielles, la révolution du marché de l’automobile, d’ici quelques années, observera par ailleurs un repositionnement du cœur de cible des assureurs. Les prestations d’assurance se décentreront du conducteur, qui ne sera plus impliqué dans l’accident, au profit d’un transfert de la chaine de valeur de l’assurance en amont avec des gammes d’assurances tournées vers les constructeurs automobiles, les éditeurs de logiciels et les infrastructures connectées. D’ici là, les législateurs devront construire le cadre juridique qui permettra d’une part, aux sinistrés d’être indemnisés en cas d’accident et d’autre part, aux assureurs d’adapter au mieux leurs nouvelles offres aux droits et responsabilités qui incombent à chacun.

Généralisation des véhicules autonomes : une perte de valeur du marché de l’assurance auto à anticiper

Enfin, au-delà de l’évolution de leurs garanties et cœur de cible, les assureurs vont devoir faire face à l’évolution du modèle économique de leur formule. En effet, la baisse des ventes de véhicules liée à la généralisation des véhicules autonomes ainsi qu’à l’économie collaborative et la baisse drastique du nombre d’accidents vont entrainer une diminution progressive de la valeur du marché de l’assurance auto.

Selon certains experts, ce marché de 20 milliards d’euros pourrait ainsi perdre jusqu’à 60% de sa valeur. Les assureurs actuels doivent donc non seulement repenser leurs offres actuelles, mais anticiper un repositionnement plus global de leur offre pour s’adapter à l’évolution du marché.