L’arrivée des objets connectés, l’un des petits derniers de la grande famille du digital, a représenté un véritable tournant pour les assureurs. Pour partir à la conquête du nouveau marché qu’ils ouvrent, les acteurs du monde de l’assurance ont dû  repenser leurs offres, créer de nouveaux business modèles, ré inventer la relation client.

Les objets connectés ont été source d’innovation sur bien des plans : nouveaux modes de fonctionnement, processus refondus, produits et services originaux aussi bien dans le domaine de l’automobile, que de la domotique ou la santé : montre connectée pour surveiller ses constantes vitales, bague anti-somnolence au volant, réfrigérateur connecté. Nous avons précédemment présenté quelques exemples de ces objets connectés insolites. Dans cet article, nous intéressons à des innovations, d’un autre genre, mais tout aussi prometteuses et qui pourraient bien révolutionner le domaine de la santé et le quotidien de personnes handicapées.

L’innovation produit, au service des individus

L’observatoire Netexploobjets connectés assurance – anciennement Netexplorateur – est un observatoire indépendant étudiant les impacts du digital et usages émergents du numérique dans le monde de l’entreprise et nos sociétés. Lors du forum Nextplo 2016 plusieurs technologies innovantes dans les domaines de l’éducation, la solidarité, le développement ont été présentées : certaines ont déjà été commercialisées, d’autres sont encore à l’état de prototypes et en attente de financement. Tour d’horizon :

  • Be my eyes, l’application pour prêter son regard : cette application développée par un danois permet à des volontaires, membre du réseau, de prêter leur regard à des malvoyants. Ces derniers grâce à la commande vocale de leur mobile peuvent demander leur chemin ou via leur caméra obtenir la vérification de dates de péremption en faisant leurs courses par exemple. Avec plus de plus de 340 000 voyants et 25 000 malvoyants, l’application remporte déjà un beau succès.
  • Connected Wheelchair, fauteuil roulant connecté, co créé par l’équipe IOT de Intel et le célèbre physicien Stéphane Hawking qui en est le béta testeur : ce fauteuil d’un nouveau genre analyse en temps réel les informations biométriques de son utilisateur (rythme cardiaque, température corporelle) et les transmets en cas d’urgence à un médecin. Il fournit aussi via une application une analyse de l’accessibilité des lieux où se trouve son possesseur.
  • Blindspot, la canne pour non-voyants intelligente, crée par une étudiante à l’université Nationale de Singapour : associée à une oreillette et un smartphone, cette canne permet à son propriétaire de se géo localiser, d’être guidé à distance et de détecter des obstacles sur le sol comme en hauteur.
  • Myvoice, traducteur du langage des signes (ensemble composé d’un boitier avec haut-parleur, microphone et caméra et d’un écran). Élaboré par des étudiants de l’Université de Huston, il analyse via caméra les mouvements de mains et les traduit via une voix synthétique, inversement il traduit la voix en langage des signes sur l’écran.

Les promesses de l’impression 3D

3D printProcédé inventé dans les années 1980, l’impression 3D connait une popularité croissante. Essentiellement connue du grand public pour ses prouesses dans la construction (impression d’une maison en quelques heures en Chine par la société WinSun), cette innovation porte ses promesses les plus impressionnantes dans le domaine de la bio-impression. : Impression de prothèses et tissus humains, transplantations réussies, les exemples se multiplient. Certains chercheurs espèrent même pouvoir imprimer des cœurs humains dans quelques années. La bio-impression n’en est qu’à ses prémisses et représente probablement une révolution en devenir, amenée à bouleverser la médecine telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Une frenchtech au cœur de l’innovation en e-santé…

Dans le domaine de l’innovation santé, la Frenchtech n’est pas en reste, en particulier dans le domaine de l’e-santé.

Le marché de l’e-santé en France représentait 2,7 milliards d’euros en 2014 d’après une étude du Pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques ou PIPAME. Ce potentiel est loin de passer inaperçu et attire de nombreux entrepreneurs dans différents domaines : applications mobiles et objets connectés en santé, data en santé, machine to machine, réseaux sociaux et plateformes dédiées à cette thématiques : les idées ne manquent pas. La filière naissante de l’e-santé est aujourd’hui en train de se structurer comme le montre notamment la création de France eHealthTech. Cette plateforme a pour objectif de fédérer et connecter les licornes françaises en e-santé, avec les grands groupes, pôles de recherche et compétitivité.

“Nous, startups en e-santé, partageons des problématiques communes. France eHealthTech est un lieu d’échanges qui manquait pour structurer notre filière et exprimer des positions communes” –  Guillaume Marchand, président de l’association et fondateur de dmd Santé.

Le réseau a aujourd’hui permis à une soixantaine de start-ups de voir le jour : MaMédecine.fr, pour la prise de RDV médicaux en ligne ; Unooc, premier moteur de recherche dédié aux produits en santé ; eDevice, spécialisé dans le développement de produits de machine-to-machine, en sont quelques exemples.

… soutenue par un crowdfunding actif

aidefinanciereNombre de ces start-ups ont pu voir le jour grâce au soutien de plateformes de crowdfunding ou financement participatif, qui permettent à des entrepreneurs avec une idée ou ayant créé un prototype, d’entrer en contact avec des investisseurs, les internautes, pour trouver les financements nécessaires à la concrétisation de leurs projets.

En France, les plateformes de financement participatif connaissent un succès grandissant :   2 millions et demi de Français ont déjà participé à une campagne de financement participatif,  300 millions d’euros ont été recueillis en 2015 et plus de 20 000 projets ont été financés. Au sein de cet écosystème dynamique, la santé, de par son caractère fortement innovant, attire fortement. En France, d’après le Baromètre du Crowdfunding, il existe aujourd’hui plus d’une cinquantaine plateformes de crowdfunding, dont plusieurs sont dédiées à la santé telles que de Booster Health ou encore My Pharma Company. Un chiffre marquant : la santé représente aujourd’hui le deuxième pôle d’investissement participatif après l’immobilier en France,de quoi permettre à de multiples innovations de rejoindre la famille grandissante de la FrenchTech.

Ces plateformes, si elles ont permis de donner naissance à un écosystème dynamique, entrainent la création de produits qui n’ont pas toujours de marché à la taille suffisante. L’avenir et les consommateurs se chargeront de déterminer lesquelles ont suffisamment de potentiel pour perdurer. Au-delà des aspects financiers, le financement participatif est un moyen de répondre à des besoins pas toujours discernés par les acteurs institutionnels et de redonner du sens à l’investissement et à l’épargne des particuliers.