D’ici 2020, l’industrie automobile européenne pourrait commercialiser des véhicules autonomes, comme l’ont mis en évidence Safran et Valéo en présentant fin Mars 2015 leur prototype de véhicule autonome. D’ici 2030, les véhicules partiellement ou totalement autonomes représenteront près de 30% de la production automobile mondiale : la croissance exponentielle de ce marché transforme le modèle de transport actuel et pose de nombreux problèmes, notamment aux assureurs.

Lorsqu’un véhicule est conçu pour être conduit de manière autonome, vers qui doit-on se tourner pour identifier le responsable en cas d’accident ?
Est-ce la responsabilité du constructeur automobile, du sous-traitant qui a conçu les algorithmes, du gestionnaire des données, de la société qui a fabriqué les capteurs ou des pouvoirs publics qui entretiennent l’infrastructure routière ? Les assureurs s’interrogent.

L’écosystème de l’assurance automobile se retrouve ébranlé

Après de nombreux tests effectués par de grands laboratoires de recherche, de nombreux spécialistes  s’accordent à penser que le nombre de sinistres tend à se réduire avec le développement des véhicules intelligents. Cependant, les véhicules 2.0 et les modèles conduits par des humains sont destinés à cohabiter pendant encore de très nombreuses années, ce qui complique la tâche des assureurs. Il serait possible d’équiper les véhicules dits classiques de systèmes de prévention des collisions pour faciliter la transition,  mais cela relève encore de l’utopie.

CarPlayJuridiquement, aucune loi ni jurisprudence n’existe pour l’heure à propos d’un sinistre impliquant un véhicule autonome. 90% des assureurs plaident cependant en faveur de l’instauration d’un système dit de « responsabilité sans faute », permettant ainsi à la victime d’être indemnisée et permettant également aux assureurs des diverses parties de s’accorder afin de déterminer les responsabilités adéquates.
Pour les assureurs, il faudra ainsi faire évoluer la couverture de la responsabilité civile avec la voiture sans conducteur et profiter de cette « révolution automobile » pour offrir de nouvelles opportunités à leurs clients en termes de produits.

L’automatisation et l’électronique sont déjà bien présentes sur les modèles existants, avec notamment le freinage automatique ou le stabilisateur de trajectoire, et ont permis d’améliorer la sécurité en voiture. Les voitures 2.0 vont encore plus loin, en promettant un niveau de sécurité quasiment sans faille. Ainsi l’assurance du véhicule devrait se réinventer pour s’adapter.

Le nouveau comportement des utilisateurs favorise un effort d’adaptation des assureurs

Assurance

L’automobiliste lui-même sera d’un nouveau genre. En créant des standards de mobilité originaux, la conduite autonome va permettre de rendre mobiles de nouvelles catégories de personnes. Avec ses nouveaux modèles logistiques, la voiture sans chauffeur augmentera le taux d’utilisation des véhicules en auto-partage, et l’utilisateur de la voiture deviendra un réel « enjeu » pour les assureurs, en plus du conducteur lui-même. De fait, il n’appartiendra vraisemblablement plus à l’acheteur d’assurer un véhicule, mais de plus en plus à l’utilisateur. Les assurances devront donc développer de nouvelles offres afin de s’adapter à ces comportements changeants. Afin de s’emparer de ce marché au potentiel considérable, les assureurs devront gagner en maturité technologique et en agilité, notamment afin de tirer un maximum de valeur des données issues des voitures autonomes. En effet, le Big Data sera clé pour ne pas être submergé par la masse de données issues des véhicules, de la chaussée ou des panneaux de signalisation connectés. A titre de référence, le passage à la voiture autonome devrait permettre une économie de 200 milliards de dollars par an, en touchant toute la société, depuis les budget des foyers, les dépenses publiques ou l’urbanisme.

Vers une évolution de la stratégie des assureurs

Les assureurs vont devoir identifier et occuper le potentiel de ce nouveau marché en nouant notamment des partenariats stratégiques avec les constructeurs ou les sous-traitants en charge de la conception des algorithmes embarqués dans les voitures autonomes. Ils devront également revoir leurs offres tarifaires, en diminuant leurs prix grâce aux divers contrats signés avec leurs partenaires (du milieu de l’automobile principalement).
Selon les projections de certains spécialistes, le coût total des sinistres causés pourrait diminuer de 40% grâce au développement de ces voitures intelligentes, ce qui devrait permettre une baisse des primes d’assurance. Cette révolution dans le marché automobile sera donc l’occasion de rebattre les cartes du marché de l’assurance. Les organisations capables d’anticiper les besoins des usagers et l’évolution de la réglementation pour proposer des solutions adaptées devraient en sortir grandies.

Cependant, ces dernières pourraient ne pas être des assureurs classiques : 34% des organisations assurantielles craignent l’arrivée sur le marché de nouveaux fournisseurs de solutions. Google, Apple et Tesla ont déjà démontré leur faculté à révolutionner un secteur d’activité. L’assurance a donc de quoi s’interroger pour les années à venir.