A l’instar d’autres secteurs, comme le transport, l’hôtellerie et, plus dernièrement, la finance, celui de l’assurance subit à son tour, l’assaut  inéluctable de start-ups innovantes, profitant du virage proposé par la digitalisation et la démocratisation de nouvelles technologies. Cela se mesure notamment par l’attractivité que ces dernières exercent auprès des investisseurs. En effet, selon une analyse publiée par CB Insights, ces start-ups ont réussi à lever près d’un milliard de dollars rien qu’au cours des premiers mois de l’année 2015, qui se présente déjà comme une année record.

Un nouvel écosystème émerge aux Etats-Unis

Les géants de l’assurance traditionnelle, enlisés dans des structures rigides, subissant de plein fouet la pression croissante des régulateurs et peu enclins à l’innovation, risquent de perdre pied face à ces nouveaux arrivants. Beaucoup plus agiles, les startups prennent davantage en compte les attentes des consommateurs et proposent non seulement des produits et des services innovants, mais également  plus personnalisés et à moindre prix.

Parmi ces acteurs, plusieurs sortent du lot, notamment grâce à leur capacité à revisiter le métier d’assureur.

  • OSCAR (États-Unis) : Spécialisée dans l’assurance santé, la société, créée il y a moins de 2 ans à New York, propose à ses clients, entre autres, des consultations et des checkups gratuits via des applications web et mobiles.
  • CAKE HEALTH (États Unis) : La société met en avant la transparence qu’elle apporte à ses clients tout au long de leurs parcours santé, en leur rappelant les dates clés pour profiter de services ou checkups gratuits et en les aidant à mieux comprendre leurs factures ou à négocier les devis qui leur sont proposés.
  • COVERHOUND (États Unis) : La start-up se présente comme le « kayak.com » du secteur de l’assurance, en proposant à ses clients un comparatif clair et transparent des différents produits et services d’assurance présents sur le marché.
  • CRIMSON INFORMATICS (États Unis) : Spécialisée dans l’assurance auto, la société récupère des données sur le comportement des conducteurs, permettant de passer d’un pricing obsolète basé sur l’âge ou le sexe, à un pricing individualisé, prenant en compte les vrais risques liés aux différents comportements des assurés.
  • FRIENDSURANCE(Allemagne) : La société propose à ses clients une assurance « entre amis » au sein d’un réseau, chaque ami du réseau s’engageant à participer, à hauteur d’une somme déterminée à l’avance, au remboursement d’un sinistre concernant une autre personne de son réseau. Cette somme représente un « filet de sécurité », très avantageux dans le cadre de petits sinistres et qui est complété, pour les sinistres plus importants, par une assurance souscrite auprès d’un assureur plus traditionnel.
  • GUEVARA (Royaume Uni) : Start-up spécialisée dans l’assurance automobile et fonctionnant sur le même principe que Friendsurance. Les assurés sont regroupés en communautés et les primes sont jusqu’à 80% moins importantes que celles demandées par les assureurs traditionnels. En effet, ces primes, versées par la communauté, constituent des réserves qui ne sont à reconstituer qu’en cas de sinistre. Ainsi, si aucun sinistre ne survient sur la période, les assurés n’ont rien à verser.

Le phénomène émerge en France

Le phénomène, très répandu aux États-Unis et largement favorisé depuis l’Affordable Care Act de 2010 de l’administration OBAMA, ne fait qu’émerger en France. Toutefois, les acteurs à mettre en évidence ne manquent pas :

  • INSPEER: La société permet aux assurés de mutualiser les franchises d’assurance dommage avec leurs proches, sans changer de contrat d’assurance, via un système de couverture « collaborative ». En effet, chaque assuré peut demander à des connaissances, plus ou moins proches, de contribuer à sa franchise en s’engageant, à son tour, de contribuer à la franchise de ces dernières, en cas de sinistre.
  • WIDMEE: La start-up utilise les tendances liées au big data et aux réseaux sociaux pour collecter un maximum de données dans l’objectif d’aider les assureurs à cibler de nouveaux clients et à les contacter via le canal le plus approprié.
  • SHIFT TECHNOLOGY: Société spécialisée dans le ciblage très précis des déclarations de sinistre les plus susceptibles de représenter une fraude.
  • KELIP’S : Comparateur d’assurances permettant à ses clients d’accéder à un comparatif personnalisé d’agents d’assurance se situant à proximité, grâce à un module de géolocalisation.
  • ADVIZE : La jeune société propose à ses clients de souscrire une assurance vie en ligne et de la gérer grâce à des conseils personnalisés, en fonction de leurs profils, en partenariat avec Morningstar et Generali.

Toutefois, la multiplication de ces start-ups ne doit pas obligatoirement représenter une menace pour les acteurs plus traditionnels, à condition que ces derniers sachent tirer profit des opportunités qui se proposeraient à eux dans ce contexte. En effet, ces start-ups représenteraient une valeur ajoutée indéniable pour les géants du secteur en quête d’innovation, en leur permettant d’allier l’agilité d’une jeune société à l’assise d’un grand groupe.

Par exemple, en début d’année, Axa a lancé, en plus d’un plan de transformation numérique ambitieux, un fonds de capital-risque, Axa Strategic Ventures, avoisinant 200 millions d’euros, destiné aux investissements dans les start-ups, principalement dans le secteur de l’assurance, de la finance et de la santé. L’initiative relative au lancement d’un accélérateur StartupBootCamp, dédié au secteur de l’assurance, souligne, elle aussi, les retombées positives que le développement de ces start-ups, en partenariat avec des acteurs traditionnels, comme Allianz, UnipolSai ou ERGO, pourrait engendrer dans un contexte de mutation numérique.