Alors que le virus Ebola sévit depuis février dernier en Afrique de l’Ouest (Guinée, Libéria, Sierra Leone et Nigéria), le bilan ne cesse de s’alourdir approchant les 1000 victimes ; et le risque de propagation commence à inquiéter. Reconnue « Urgence de santé publique de portée mondiale » par l’OMS le 8 août dernier, une réponse internationale est souhaitée pour endiguer cette vague d’épidémie, la plus meurtrière depuis la découverte du virus en 1976.

Quelle est la position des assureurs face à ce risque d’épidémie ?

La position du gouvernement sur l’épidémie

Selon le Ministère de la Santé et des affaires sociales, le risque de propagation de l’épidémie en France reste faible. Néanmoins, depuis le premier août dernier, le Ministère déconseille fortement de se rendre en Afrique de l’Ouest sauf pour raisons impératives. Le virus Ebola est effectivement très contagieux, et son taux de mortalité, pouvant atteindre 90%, a de quoi exiger des mesures de prévention fortes.

Cependant, le gouvernement, qui reste confiant, a toutefois réaffirmé avoir les moyens nécessaires de faire face à cette épidémie ; et travailler conjointement avec l’OMS, tant dans le suivi de ses recommandations, que pour apporter son soutien aux associations et Centres de recherche.

Épidémie et assurance : quelle couverture envisager ?

Un risque d’épidémie est très difficile à prendre en charge par les assureurs, car sa portée peut être extrêmement importante et non contrôlable. Deux phénomènes sont à prendre en compte dans le cas de couverture d’assurance :

  • La garantie annulation de voyage : en cas de séjour dans une zone touchée par une épidémie. De manière générale, une fois l’épidémie avérée, il devient très difficile de trouver une couverture, car le risque n’est plus aléatoire mais devient certain. Par ailleurs, les assureurs ne pouvant faire face à des risques ayant une portée mondiale, le risque d’épidémie fait partie quasi-systématiquement des exclusions de garantie pour les annulations de voyage.
  • Les soins liés à la maladie : Prise en charge des vaccins, quand il en existe un (ce qui n’est pas encore le cas pour le virus Ebola) et prise en charge des soins. Le problème pour les assureurs est de faire face à des pics très élevé de sinistralité ; pouvant engendrer de sérieuses difficultés financières.

En réalité, en cas de risque de pandémie massive, c’est principalement l’État qui règle la facture. Par exemple, lors du dernier épisode d’épidémie avec la grippe A, la gestion chaotique de la crise par le gouvernement avait conduit celui-ci à baisser les contributions attendues des Complémentaires Santé. En effet, en 2009, 94 millions de vaccins avaient été initialement commandés pour seulement 6 millions de personnes vaccinées au final, et pour un coût estimé à 650 millions d’euros par la Cour des Comptes. La contribution qui avait été exigée par l’État de la part des mutuelles avait été alors abaissée de 0,77% à 0,34% de leurs cotisations.

Les produits d’assurance prenant en charge le risque d’épidémie sont dans les faits très rares, ou très restrictifs : ainsi, Axa qui a mis en place une assurance épidémie (pour couvrir les risques de fermeture d’entreprises ou d’altération de marchandises) exclut les maladies dues à des virus grippaux de ses garanties.

En cas d’épidémie, c’est donc l’État qui fixe le cadre du dispositif à mettre en œuvre, dans le but de contenir la propagation d’un virus ; les assureurs sont obligés de suivre la marche, mais restent frileux pour couvrir ce genre de risque à très forte portée.