L’internationalisation a toujours eu pour corollaire une plus grande exposition des entreprises  au risque politique. Une série d’événements, à l’image du Printemps Arabe, de  la crise grecque et plus récemment des événements en Ukraine ont permis à la fois de mettre le risque politique sur le devant de la scène et de modifier la vision qu’on en avait jusqu’à présent : le risque politique est désormais aux portes de l’Europe !

Le risque politique, le vilain petit canard ….

On entend par risque politique « toute décision ou événement national d’ordre politique pouvant générer des pertes économiques, financières ou commerciales, pour une entreprise titulaire de contrats d’exportations, d’importations, ou  pour une entreprise possédant des actifs à l’étranger ». Vaste sujet donc ! Mais concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?

Confiscation, expropriation, nationalisation, inconvertibilité, pillage, destruction des installations industrielles, … La liste est aussi longue qu’effrayante. Or, du fait de son positionnement traditionnel sur la matrice des risques (occurrence faible / conséquences graves), le risque politique a souvent été mis à l’écart de la stratégie assurantielle des entreprises. Eu égard à l’actualité, la tendance semble s’inverser.

Le saviez-vous ?
L’assurance du risque politique est née des ruines de la Première Guerre Mondiale et ce à l’initiative des États eux-mêmes !Alors soucieux de redynamiser leurs économies et conscients qu’une reprise ne pourrait se passer d’un regain des échanges internationaux, ces derniers ont mis en place des systèmes de protection contre les risques de nature politiques. Si l’Angleterre a été la première à se lancer dans l’aventure en 1919, la France n’a pas échappé à la règle. C’est d’ailleurs dans cette perspective que les chambres du commerce françaises à l’étranger ont été créées !

… en passe de se transformer en cygne ?

Premier indice de retournement de situation ? Le réveil de l’offre. Le marché du risque politique a longtemps été la chasse gardée de l’Etat. Désormais, la COFACE (COmpagnie Française d’Assurances pour le Commerce Extérieur) doit cohabiter avec des acteurs privés. D’après Xavier Mallez, responsable des activités politique des Marsch France, il y a de ça dix ans, seules deux compagnies privées proposaient ce type de produit sur la place parisienne. On en compte désormais dix ! Si le nombre d’acteurs impliqués sur le marché paraît restreinte (et elle l’est !), il ne faut pourtant pas oublier que la commercialisation de ce type de produit nécessite une excellente connaissance des contextes juridiques et économiques locaux ; ce qui représente une barrière à l’entrée non négligeable.

Second indice ? Une volonté affichée des risk managers à vouloir assurer, non plus seulement quelques actifs, mais l’ensemble de leur portefeuille. Cette tendance a pour avantage de solidifier le marché et sa rentabilité : elle permet aux assureurs de faire jouer pleinement le mécanisme de mutualisation du risque.

Il faut dire que s’assurer contre le risque politique n’est pas dénué d’avantages. Si de façon très classique, la souscription à ce type de produit permet de limiter les pertes d’exploitation, elle permet également de faciliter la levée de fonds par des banques, rassurées par la confiance des assureurs. Last but not least, elle améliore les notations des entreprises lorsque celles-ci sont côtées.

Bon gré mal gré, le marché de l’assurance du risque politique se (re)dynamise peu à peu : le risque politique gagne du gallon ! Reste à savoir si on peut s’en réjouir, mais c’est un autre débat !